Indépendant exiléen #1
sur Ballon-Taxi au format (2.7 Mo)
Contient : art (12)(...) Et bien sachez, amis lecteurs, que tout ceci ne touche pas ces héritiers aux poches pleines et à l'arrogance démesurée. Ce jeu d'enfant, pratiqué avecartpar les adultes devient un jeu sadique et sordide entre leurs mains. Ce ne sont plus des fi gures qu'ils s'imposent mais un combat. (...)
Clamant des vers obscurs du haut d'un haut d'un lieu public, l'androïde s'est lancé dans la foule pour y exploser dans un bouquet de cyanure vaporeux. Son modus operandi provoque à la fois les bravos enthousiastes des partisans de l'artextrême et les larmes dénonciatrices des endeuillés. Chaque fois renouvelée, l'explosion sublime qui emporte l'automate dans la mort est un plaisir fatal pour les sens: nuage parfumé de choléra, fragments d'obus caramélisés, napalm aux accents multicolores, le meurtrier adulé des artistes fascine par son mystère comme par ses motifs. (...)
Ses derniers alexandrins, hélas, ne font qu'approfondir sa charade: Sous les portes d'Airain j'ai caché mon regard Terni d'une trahison pour la nuit dérobée J'ai trouvé le clystère où s'est ternie la Clef Jusqu'à son paroxysme, je poursuivrai monArt. Pour la vingt-troisième fois en un an, les réactions du public sont radicales: le quotidien néo-nihiliste Nocturne « salue le progressisme révolutionnaire de cetart-terroriste nouveau genre », alors que son concurrent L'Engrenage appelle à la « mobilisation citoyenne contre la décadente boucherie de ce versifi cateur en tôle ». Administration refusant de se prononcer, les spéculations vont bon train: S'agit-il chaque fois du même automate ou le Poète de Fer disposetil d'une armée de copies ? (...)
Un publi-reportage de Alfred Girould (compilé par Anael Verdier). Exiléens, réjouissez-vous! Les Ingénieurs mettent leurartau service de votre conscience. Dans les laboratoires d'Isidore Baltek vient d'être découverte une substance qui révolutionnera votre vie. (...)
» Pour en savoir plus sur la Baltekienne, lisez le livre d'Isidore Baltek ou, mieux, faites comme les reporters de l'Indépendant Exiléen, essayez la drogue vous-mêmes. Nous n'en sommes pas revenus. Gageons que vous non plus! La gazette des arts. « L'artde Lumière » : la sensation artistique 206 ! Une contribution de Gaylord Dusermont. Ah, quelle félicité ! (...)
On aurait pu croire que ce mois serait bien terne d'un point de vue artistique : peu d'expositions au programme, peu de nouveaux artistes, des pièces de théâtre indigentes reposant sur des ressorts rouillés dont les crissements insupportables heurtent les tympans des spectateurs, des opéras et spectacles bien pauvres en sensations fortes, des musiciens en manque flagrant d'inspiration (on pense ici au « concerto pour demoiselles » de Loni, honteux amalgame d'accords incertains et de sonorités médiocres)... Heureusement, un homme a rayonné, dans tous les sens du termes, au coeur de ce morne paysage : Zikos Manil, qui nous a présenté une exposition d'un genre totalement nouveau, au titre sobrement évocateur de « l'artde lumière ». Un véritable enchantement. Imaginez-vous entrer dans une salle vaste et obscure. On devine un peu partout des formes métalliques curieusement suspendues dans les airs, diffusant en ce lieu une atmosphère de fantasmagorie. (...)
On reste subjugué par la prouesse visuelle et la qualité des oeuvres présentes. Zikos Manil est un sculpteur de lumière, et sonartqui allie en un esthétisme révolutionnaire un support matériel classique (le métal) et une flux indicible (la lumière) dans une union transcendantale, confine au génie. (...)
L'exposition de Zikos Manil aurait pu être un succès complet si de regrettables incidents n'avaient émaillé les derniers jours d'exposition. En effet, l'artde lumière constitue en soi une prouesse tellement exceptionnelle que nombre de badauds lui prêtent une origine surnaturelle. (...)
Le passé plutôt mystérieux de l'artiste luimême (on lui prête un vécu de scientiste, bien qu'il ait démenti maintes fois ce propos) n'a pas aidé à faire taire les rumeurs qui affirment que l'artde lumière serait en fait dérivé d'objets ou de technologies des Anciens. C'est la raison pour laquelle on vit ces derniers jours des béotiens superstitieux et passablement excités tenter de forcer les portes de l'exposition et de détruire les oeuvres exposées; le pire a été évité de justesse, mais l'enthousiasme provoqué par l'exposition s'en est ressenti. Puissent les philistins s'évertuer à prêter des origines suspectes à l'artmoderne, le spectateur éclairé saura faire taire l'impudique besoin de tout expliquer pour ne juger que le résultat. Et dans le cas de l'artde lumière, il est magnifique. Disparition du poète Milo Rilkem. Une contribution de Rémi Fregnac. (...)Un mot de notre directeur : C'est avec un plaisir non dissimulé que je vous livre ici notre cinquième compilation annuelle. Bien entendu, le choix fut diffi cile, parfois déchirant : notre Indépendant vit au rythme du souffl e d'Exil, et c'est avec la même fi erté quotidienne que je me saisis du premier exemplaire sorti des rotatives. Il n'y a pas, à mon sens, de « petites histoires » ou de « nouvelles insignifi antes ». Notre cité vit, respire et frisonne et notre journal s'en veut ...