Un cours d'économie industrielle
sur Ballon-Taxi au format (3.5 Mo)
Avant que d'étudier les modèles propres à la belle cité d'Exil, il n'est pas inintéressant de se replonger dans les principes fondamentaux de l'économie industrielle et d'en ressaisir ainsi toutes les subtilités. Le professeur Orthonase Blanqui Aîné, maître de conférence à l'école des arts et métiers d'Oorens, a accepté de nous communiquer la transcription des cours qu'il donna, l'an passé, à ses classes supérieures. Bien que fortement marqué par le caractère d'un homme qui se veut pragmatique ...Contient : capitaux (26)(...) » Du capital. « Nous avons vu déjà que les principaux éléments de la production industrielle étaient lesCAPITAUXet le TRAVAIL. Le capital est cette portion de richesse publique qui sert à l'entretien des travailleurs et au développement de la production : il dérive des profits accumulés par l'épargne, c'est l'excédant de la production sur la consommation. (...)
Le rôle que le capital ou le crédit qui le représente joue dans la production est si important que rien ne pourrait se faire sans lui ; c'est ainsi par exemple, que l'on remarque souvent, dans nos pays, un grand nombre de bras inoccupés, en même temps que des travaux considérables et fort utiles restent inexécutés. Dès que lescapitauxexistent et sont disposés à entreprendre un travail quelconque, on voit aussitôt les ouvriers s'offrir de tous côtés. Lorsque la proportion descapitauxinactifs est plus grande que celle des ouvriers oisifs, les salaires augmentent, parce qu'il y a demande de travail ; si, au contraire, ce sont les travailleurs qui s'offrent plus qu'ils ne sont demandés, ce sont les salaires qui sont réduits. Plus lescapitauxsont abondants et plus l'industrie se perfectionne, plus les travaux se divisent en un plus grand nombre de mains. [...] Si lescapitaux, ou plutôt ceux qui les possèdent, avaient toujours assez d'esprit pour aller féconder les industries qui végètent faute de cet aliment indispensable à toutes les entreprises, le pays n'aurait plus bientôt de malheureux en son sein et chacun jouirait du bien-être et de l'aisance que lui aurait procurés son travail. Malheureusement, il n'en est pas ainsi et souvent lescapitauxnécessaires sur un point ont été compromis sur un autre dans des affaires mal conçues ; ils sont devenus la proie que se sont partagés quelques intrigants. (...)
Et, au lieu de servir à une reproduction avantageuse pour tous, ils ont été détruits par une consommation improductive. L'emploi que l'on peut faire descapitauxvarie tellement, qu'il importe de savoir quel est celui que l'on doit préférer. Dans une société bien organisée, au moins sous le rapport économique, lescapitauxtrouvent presque toujours un placement sûr et productif. Dans le cas contraire, ils se consomment inutilement et sans donner lieu à la création d'une autre valeur. [...] J'ai dit en commençant cette leçon que lescapitauxdérivaient des profits de l'épargne ; après vous avoir tracé le tableau de tout ce que lescapitauxbien employés permettaient d'entreprendre, je dois rechercher s'il est toujours possible d'accroître lescapitaux, c'est-à-dire de faire des profits et des épargnes. Pour moi, je considère que dans la plupart des cas, lorsque le gouvernement et les moeurs n'y sont pas opposés, ce qui est fort rare, il est possible de travailler et de faire des économies ; car la force productive de l'homme est très grande quand elle n'est pas contrariée et presque toujours, on produit plus que l'on ne consomme. Voyez le royaume d'Autrelles d'autrefois avec ses dix millions d'habitants et celui d'aujourd'hui avec ses dix-sept millions. (...)
Car tant de maux ont pu être effacés, tant de jouissances n'ont pu être mises à la portée d'un plus grand nombre d'hommes, que par une direction plus intelligente du travail qui a procuré des profits sur lesquels on a fait des économies qui, accumulées et associées, ont formé descapitauxconsidérables. Les pays où lescapitauxse multiplient et se développent avec le plus de facilité, c'est-à-dire ceux où ils sont employés de la manière la plus intelligente, sont en même temps ceux où les distances qui séparent les différentes classes de la société se comblent avec le plus de rapidité, où l'ouvrier passe plus vite de la condition de simple journalier à celle d'entrepreneur. Là encore, les inégalités sociales disparaissent tous les jours : les domestiques n'y sont pas tenus par les maîtres dans une espèce de vassalité car il leur est facile de changer de condition. (...)
Le domestique talbéen se conduit bien et cherche à mériter l'estime du monde, car il sait qu'il pourra plus tard y prendre sa place ; il respecte en lui-même le futur citoyen qui sera appelé à remplir des fonctions dans la cité et à parler un jour dans la salle du parlement. Ainsi, non seulement lescapitauxbien dirigés multiplient la richesse, mails ils ajoutent encore à la considération de l'homme ; ils sont aussi un puissant moyen de moralité. (...)
« [...] D'autres causes se sont du reste opposées aux développements de la richesse et à la formation descapitaux: je placerai en première ligne l'impôt. L'impôt est, vous le savez, la portion des produits d'une nation qui passe des mains des particuliers aux mains du gouvernement pour subvenir aux consommations publiques. (...)
« La plus importante question qui se rattache au capital, ce qui en forme l'élément le plus précieux, celui sans lequel les autres n'auraient aucune valeur puisqu'ils ne seraient pas mis en oeuvre : c'est l'homme et son intelligence qui forment ce que j'ai déjà appelé le capital moral d'une nation. L'intelligence de l'homme est le plus important de tous lescapitauxet il importe de ne pas le laisser inactif. L'or n'est rien sans la pensée, c'est elle qui est tout. (...)
Si, au bout de dix ans, par exemple, vous retrouvez les deux frères : l'un végétera misérablement avec ses mille valeurs de rente, s'il ne les a pas même entamés et perdus ; tandis que l'autre aura fait son chemin dans l'industrie ou le commerce, et qu'il y aura amassé descapitauxdoubles, triples, décuples même de ceux qu'il aurait eu de sa légitime. Maintenant, appliquez ce raisonnement à une nation et voyez combien sa puissance devra être considérable ou réduite, suivant qu'elle aura donné à chacun de ses enfants de l'or, comme dans l'empire de Kargarl, ou de l'instruction comme au royaume d'Autrelles. (...)
Et les travaux des inventeurs sont plus utiles à leurs pays que ceux de généraux illustres dont l'intelligence illustre est réduite à l'oisiveté par la paix, cet état normal des sociétés modernes - ce qui n'empêche pas d'en avoir toujours un très grand nombre très chèrement payés. » Des rentes et des intérêts. « Le premier résultat de l'accroissement descapitauxest d'en diminuer la valeur, c'est-à-dire la rente que l'on paie pour leur usage et à laquelle on a donné le nom d'intérêt. (...)
Ceux-ci sont toujours honorables, parce qu'ils sont la rémunération d'un travail présent qui se renouvelle chaque jour ; l'intérêt est honorable aussi, mais il l'est moins cependant, parce qu'il n'est que le prix accordé pour obtenir la faculté de se servir decapitaux, qui sont le produit d'un travail antérieur et déjà récompensé. De là la différence qui existe entre les travailleurs et les capitalistes, entre le taux d'intérêt et le chiffre des profits. Quand lescapitauxsont abondants et nombreux, ils sont naturellement moins demandés et le taux de l'intérêt baisse ; c'est ce qui a lieu en ce moment au royaume d'Autrelles, et nous conduit tout naturellement à vous dire quelques mots de la question de la réduction de la rente. (...)
Le rentier, c'est le propriétaire d'un capital accumulé autrefois et qui a besoin pour produire de l'industrie et du savoir faire d'un homme d'intelligence en disponibilité. Après avoir reçu 10 et 15 p.% de sescapitauxlorsqu'il les faisait valoir lui-même, le rentier trouve dur de n'en plus recevoir que 5 et plus dur encore d'être exposé à n'en recevoir plus que 4 et même moins. (...)
Hors ces cas spéciaux, dont on peu trouver quelques exemples là où la mauvaise organisation du travail augmente les chances de perte, le taux d'intérêt est modéré et il tend continuellement à diminuer par suite de l'abondance descapitaux. » De la division du travail. « [...] La question de la division du travail, bien que fort simple en apparence, n'en est pas moins une des plus difficiles que l'économie politique de nos jours ait à résoudre. (...)
Ordinairement, il ne travaille point avec une machine ; ses outils lui appartiennent, et il est plus facilement condamné, c'est-à-dire congédié par celui qui l'occupe. C'est ce qui n'arrive pas dans les grandes industries que j'appellerai savantes ou à grandscapitaux, parce qu'on y regarde à deux fois avant de laisser chômer les valeurs imposantes engagées dans des bâtiments considérables et des machines fort chères et fort nombreuses. (...)
Telle est la solution de la question des encombrements et des crises périodiques. » Des machines. Vous avez vu comment l'accroissement descapitauxet la division du travail avaient conduit à l'invention des machines. Nous devons examiner maintenant quelles ont été les conséquences de l'emploi de ces nouveaux instruments de production sur l'industrie et le bien-être des travailleurs. (...)
Si nous considérons les machines sous un autre point de vue, nous verrons qu'il ne nous est pas possible de renoncer, je ne dis pas à leur emploi, mais encore à leur perfectionnement. Les machines sont le double produit descapitauxet de l'intelligence et renoncer à leur usage, à leur invention, c'est abandonner nos richesses, c'est nous suicider moralement. (...)
Elles ont, dit-il, pour résultat éloigné de concentrer l'industrie entre les mains des plus riches. On fait avec de grandscapitauxet peu de bras ce qui exigeait autrefois le concours d'un plus grand nombre d'ouvriers. Il y a économie pour l'entrepreneur à travailler en grand mais il y a perte pour la société, parce que les petites manufactures disparaissent et qu'au lieu d'avoir beaucoup de petits fabricants aisés, vous n'avez que quelques grandes fortunes et beaucoup de malheureux. (...)