De la monnaie et du numéraire
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Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : crédit (27), credit(...) Le commerce, une fois organisé, a recherché tous les moyens de faciliter ses opérations, et il en est arrivé à ce point, aujourd'hui, de trouver les routes ordinaires trop lentes, même lorsqu'il les parcourt au galop des chevaux, et la monnaie, embarrassante pour solder ses achats ou recevoir le montant de ses ventes et c'est pour gagner du temps, ce précieux capital comme disent les sostriens, qu'ont été inventés les billets de banque d'une part et les chemins de fer de l'autre. Nous nous occuperons plus tard de ces perfectionnements de la monnaie, des banques et ducrédit; continuons, ce soir, nos recherches sur le numéraire métallique, et terminons d'abord par quelques chiffres, ce qui a rapport aux métaux proprement dits. (...)
Cette seule considération devrait suffire pour faire rejeter cette malencontreuse proposition. » De la monnaie, des maisons decréditet des maisons de change « La monnaie est comme toutes les autres marchandises, avons-nous dit, chère, quand elle est rare ; à bon marché, quand elle abondante ; elle n'en diffère que parce qu'elle ne s'use pas. (...)
de Silismondi, se sont écriés : Hors des métaux précieux point de salut ; les autres ont dit, avec l'économiste exiléen Graciado : Sanscréditet sans monnaie de papier, pas de commerce, pas d'industrie et partant, pas de richesse et aussi pas de salut. M. de Silismondi [...] a déclaré une guerre à mort aucrédit, s'efforçant à montrer les partisans de ce système entraînés sur un plan incliné, au bout duquel se trouve un précipice sans fond. (...)
Entre ces deux systèmes si opposés et tous deux si absolus, il y a sans doute place pour une opinion raisonnable. Des deux côtés, il y a beaucoup de vrai ; des deux côtés, il y a beaucoup de faux. Un pays sanscrédit, sans banque, sans papier, c'est l'Ile de Stance, dont la pauvreté est devenue proverbiale ; un autre pays, où lecréditest assis sur les plus larges bases, où les banqueroutes sont en très-grand nombre, où les plus petits achats se soldent avec la monnaie de papier, c'est la République d'Autrans qui s'est trouvé à deux doigts de sa perte, car ses richesses nouvellement affirmées, n'ont pu prévenir la crise, parce qu'elles étaient presque entièrement fictives. [...] Jusqu'à présent, l'expérience a montré que la prospérité, pour être moins progressive, était plus durable et plus stable dans les pays où l'on avait adopté deux espèces de monnaies dans de justes proportions, variables selon les circonstance. (...)
[...] Le numéraire doit sa qualité de marchandise que nous lui avons reconnue, de se déprécier par l'abondance et de s'élever par la rareté. Aussi, remarque-t-on que dans tous les pays qui ont multiplié leurs capitaux par lecréditet les banques, le prix des choses a haussé, c'est-à-dire qu'il a fallu une plus grande quantité de numéraire que par le passé, pour obtenir les mêmes denrées, les mêmes marchandises ; il en est résulté que ceux, par exemple, qui étaient à leur aise, il y a trente ans, le sont moins aujourd'hui. [...] Ce changement n'est dû qu'à l'augmentation du papier monétaire par le développement ducréditpublic. En Sostrie, en ce moment, par exemple, il y a 120 millions en monnaies métallique et peut-être 5 ou 6 milliards en papiers de toutes espèces, qui font concurrence à l'argent comptant. (...)
[...] Nous venons de voir quelques-uns de effets de la révolution causée par la multiplication des capitaux au moyen ducrédit, des maisons de change et de la circulation du papier monnaie. Voici quelques autres résultats de cette institution, qui, quoique fort ancienne sur Exil, n'a été généralement adopté que depuis le commencement de ce siècle sur Forge. (...)
Autrefois, les opérations de commerce, c'est-à-dire les échanges ne pouvaient se consommer qu'avec de l'argent ; les fortes maisons seules pouvaient faire usage ducrédit, c'est-à-dire payer avec des lettres de change ; tout le petit commerce et les particuliers traitaient au comptant, et les affaires se trouvaient ainsi limitées par le capital de chaque individu. Lecréditmieux compris a fait cesser cet état de choses. Aujourd'hui, lorsqu'on achète, on n'a pas besoin d'argent : on prend livraison et s'acquitte avec un billet à échéance plus ou moins éloignée, et avant que celle-ci n'arrive, le négociant a souvent contracté des obligations semblables qui dépassent souvent plusieurs fois son avoir ; mais les ventes s'opérant dans l'intervalle de l'achat à l'échéance, il se trouve en mesure de faire face à ses affaires. (...)
[...] Je bornerai là les considérations sommaires que je voulais vous soumettre sur les effets que les crédits et les banques ont eus sur notre société moderne ; elles suffiront pour vous expliquer certains phénomènes dont vous ne vous étiez peut-être pas rendu un compte exact. Vous avez vu en effet, qu'en multipliant les capitaux, lecréditavait fait augmenter le prix des choses et diminué les revenus, ainsi que l'intérêt de l'argent, et vous avez pu comprendre comment certaines fonctions autrefois recherchées étaient devenues une charge plutôt qu'un avantage, ce qui avait rejeté un plus grand nombre de bras dans le travail. (...)
D'après ce que je vous ai dit sur les deux systèmes, dont l'un est exclusif pour les métaux précieux et l'autre pour les billets et lecrédit, vous avez pu voir, en rapprochant ces doctrines des règles que nous avons déjà posé, qu'il ne s'agissait pas de prendre parti pour l'un des deux champions. (...)
Vous devez vous souvenir, en effet, que j'ai dit que la monnaie métallique était la monnaie par excellence, parce qu'elle était à l'abri des fraudes et que sa quantité ne pouvant jamais être augmentée ou réduite subitement dans de fortes proportions, les variations insensibles auxquelles elle était soumise, n'étaient par susceptibles d'apporter des troubles dans les relations commerciales : j'ai ajouté ensuite que l'emploi exclusif des métaux précieux, comme intermédiaires des échanges, présentait l'inconvénient de limiter les affaires au chiffre du capital en numéraire possédé par chaque nation. Quant aux billets decrédit, j'ai reconnu l'avantage qu'ils offraient de donner du stimulant aux affaire, de faciliter les rapports commerciaux ; mais j'au dû appeler toute votre attention sur la facilité avec laquelle on pouvait, en abusant du droit d'émission, bouleverser et détruire en quelques mois lecréditpublic et les fortunes privées. » Monnaie de papier et papier-monnaie : une nouvelle théorie « Les événements survenus au royaume d'Autrelles en l'an 1392 sont assez importants pour notre étude pour je crois mon devoir de revenir dessus. (...)
C'est sans doute à cette finesse d'esprit et à ce sens de l'avenir des maisons de change exiléennes que l'on doit le gouvernement pro-Exil aujourd'hui en place à Nessen. A propos ducrédit. « Chose remarquable, presque tous les écrivains qui ont publié des ouvrages sur lecréditn'ont pu rester dans le vrai et ont exagéré, les uns ses avantages, les autres ses inconvénients. Je vous ai déjà signalé les erreurs de Silismondi et de Graciado, je vous parlerai encore d'un économiste exiléen, M. S. de Weltz, auteur du livre curieux ayant pour titre LA MAGIE DUCREDITDEVOILE, dans lequel il cherche à établir que lecréditmultiplie toujours les capitaux. Je crois qu'il y a là une exagération des effets ducrédit, qui semble bien en effet produire un doublement des valeurs, mais qui en réalité n'a pas ce résultat ; car il n'y a que la valeur empruntée qui soit réelle. Ainsi un homme prête 20,000 VE à un autre ; il n'y a de positif que les 20,000 VE prêtées, quoique le prêteur puisse faire de paiements avec les billets à ordre de l'emprunteur, par voie de cession avec endos. Ce billet circule en vingt mains et peut faire vingt paiements ; mais il faut toujours qu'il y ait une valeur réelle, un enjeu, dans ce mouvement de circulation ; soit les marchandises qui ont été vendues à terme contre les billets en question ; soit l'argent qui a pu être avancé contre ces dits billets. Dans les deux cas, les effets ducréditse comprennent fort bien et n'ont rien de magique. Quelques personnes ont proposé de faire servir lecrédità la construction des canaux, des routes, des chemins de fer, etc. ; je ne crois pas qu'on puisse l'essayer avec succès. (...)
Le même raisonnement est applicable aux travaux d'usine, aux creusements de canaux, constructions de routes ; l'époque de leur mise en activité est fort éloignée, leurs revenus sont incertains ; ils engagent d'ailleurs des capitaux considérables et le propre ducréditest, nous l'avons vu, de ne servir que pour les affaires commerciales, et de ne représenter que des capitaux circulants : il n'a en réalité d'autre service à remplir, que d'escompter les profits des entreprises ; il ne peut reposer que sur des effets représentant des opérations profitables. Les exiléens ont parfaitement compris ce caractère ducrédit; et sans essayer de l'appliquer à des entreprises auxquelles il ne convenait pas, ils en ont tiré tout le parti possible en le faisant servir aux opérations pour lesquelles il est propre. (...)
C'est alors le marchand qui a livré, qui est encore obligé de rembourser si, comme cela arrive fréquemment, il a passé la fausse valeur à un confrère ou à son banquier. Lecréditle plus solide se trouve ainsi ébranlé, et par une erreur qu'il faut déplorer, on a vu quelques fois des négociants ainsi compromis par des voleurs, recourir à des moyens semblables pour se tirer d'embarras ; tirer sur des étrangers, sur leurs commis par exemple, des traites avec lesquelles ils font de l'argent, mais que, si les affaires ne sont pas heureuses, ils ne peuvent pas toujours rembourser à échéance. (...)
Les premiers ont commencé par être fripons, ceux qu'ils ont trompé finissent quelquefois par le devenir ; les uns et les autres ont abusé ducrédit, et méconnu les règles qu'on doit suivre dans son emploi. Quand, au lieu des particuliers, ce sont les gouvernements qui commettent cette faute, et créent des valeurs fictives, c'est-à-dire qui ne représentent pas des objets réels et ne sont pas garantis par eux ; ils vont également à la banqueroute. (...)
« Je finirai par quelques considérations générales, qui seront comme le résumé de ce que j'ai eu l'honneur de vous dire à propos des monnaies et ducrédit. La monnaie métallique est une marchandise comme tout autre, qui a l'avantage d'être très divisible, inaltérable à l'air, à l'humidité et au feu. (...)
Cependant, il faut avouer que cette règle n'est plus aussi générale sur Forge, mais dans l'état actuel de la circulation, il ne faut guère dépasser la limite posée par les maisons de change exiléennes qui est de 100 VE. Il faut reconnaître encore que lecréditne peut s'appliquer qu'à des opérations réelles, dont les valeurs sont promptement réalisables et que dans l'état actuel, il est difficile de le faire servir à l'agriculture et aux grandes entreprises de travaux publics ou d'industrie. (...)