Aventurières, Amazones et Femmes d'Epée
sur Jeux d'Ombres
Contient : époque (6)(...) Mais il est intéressant de remarquer qu'Howard s'attarde fort peu à détailler ses attraits physiques et pour cause : les aventures d'Agnès sont racontées à la première personne, par l'héroïne elle-même - un choix inattendu, qui permet à Howard d'éviter les « complaisances anatomiques » si répandues dans les récits d'aventure de l'époqueet, surtout, de faire parler Agnès de sa propre voix, la voix d'une femme éprise de liberté et d'indépendance, qui n'hésite pas à dégainer l'épée lorsqu'elle l'estime nécessaire. (...)
Elles se déroulent en France et, bien que l'auteur ne donne ni dates ni indices historiques précis, ces nouvelles se situent manifestement pendant la Renaissance - probablement au début du XVIème siècle, sous le règne de François Ier... soit quelques générations avant l'époquede Solomon Kane. Du reste, tout comme les aventures de Kane, ces récits ne sont pas exempts d'anachronismes romanesques ; comme toujours chez Howard, l'Histoire doit s'effacer devant l'Aventure. (...)
» Ici, c'est Agnès elle-même qui est troublée par le caractère incertain de sa propre identité sexuelle ; on est décidément bien loin des clichés complaisants des pulps de l'époque, dans lesquels les scènes à connotations saphiques se limitent souvent au stéréotype de la cruelle dominatrice ' torturant ' une frêle captive soumise. (...)
S'il existe une multitude de bonnes raisons susceptibles de diriger un homme du XVIème siècle vers une vie d'aventure et de danger, de telles opportunités sont, pour les femmes de cetteépoque, aussi exceptionnelles qu'anormales. En d'autres termes, une héroïne doit obligatoirement avoir suivi un parcours atypique, marqué par un événement fondateur suffisamment extraordinaire pour expliquer qu'elle ait pu s'affranchir du carcan des traditions et devenir une amazone comme Agnès la Noire ou Sonya la Rouge, capable de se défendre sans l'aide d'un homme et, par-dessus tout, seule maîtresse de sa destinée. (...)
En d'autres termes, le mariage est absolument incompatible avec une vie d'aventurière, cette existence supposant une indépendance et une liberté d'action qu'aucune femme mariée de l'époquene pourrait posséder. La vie d'une héroïne a donc fatalement bifurqué avant cette étape fatidique. (...)
Dans les deux cas, l'événement fondateur constitue une rupture irrémédiable avec le lot commun des femmes de l'époque. Comme de nombreux héros masculins, de telles héroïnes peuvent également être guidées par la « flamme de la vengeance », la perte d'un ou de plusieurs êtres chers pouvant fort bien constituer le catalyseur de cette rupture avec la destinée féminine commune. (...)Solomon Kane n'est pas qu'un jeu pour historiens et l'inclusion d'héroïnes capables de manier l'épée fait partie de ces libertés qu'un meneur de jeu doit savoir autoriser, conformément à l'esprit des récits d'aventure en général - et des nouvelles de Robert E. Howard en particulier. Agnès la Noire : Robert E. Howard est surtout célèbre pour ses héros masculins ; il est même régulièrement taxé de machisme ou de sexisme, les comics de Conan le Barbare ayant popularisé l'image du surhomme viril ...