Tempête
Contient : bras (3)(...) J'étais encore sous le coup de l'étonnement, lorsque je vis le Veneur sortir de sa roulotte sans la moindre manifestation de surprise, s'approcher de l'inconnu, planter son regard dans le sien, saisir sesbraspuissants, et le serrer un court instant contre son coeur. Qui pouvait bien être cet homme, pour déclencher ainsi, chez notre guide une telle extériorisation de sentiments qui, aussi modérée fût-elle, n'aurait jusqu'alors pu être soupçonnée, même par les plus anciens des bateleurs ? (...)
Les deux hommes sortirent de la roulotte. Ils restèrent quelques instants debout à côté d'elle. Puis le Veneur posa une main complice sur lebrasdu guerrier, et de l'autre, lui montra le campement d'un large geste circulaire. De l'endroit où je me trouvais, je ne pouvais voir ses yeux, mais je savais qu'à l'instant présent, ils étaient pleins d'affection, d'assurance et de douceur : son geste était le même que celui qu'il avait fait à mon intention le jour où il m'avait recueilli. (...)
Son regard s'abandonna quelques instants sur l'horizon, puis revint se fixer dans celui du Veneur. Les deux hommes se tenaient maintenant face à face, lesbrasde l'un dans les mains de l'autre, les yeux dans les yeux. Ils se donnèrent un court instant l'accolade, comme à l'arrivée du mystérieux voyageur. (...)Une nappe de brume automnale venait de se dissiper, me dévoilant soudainement ses yeux, rivés sur l'horizon, et au fond desquels brillait une flamme singulière. L'homme qui s'avançait avait l'étrange regard des gens que rien ne peut arrêter, sûr de lui, plein de savoir et de certitudes. Ce regard énigmatique et dur, qui forçait le respect des hommes et aurait glacé le sang de plus d'un animal sauvage, du grand aigle maître des cimes, au plus puissant des chevaliers loups de nos forêts. Impassible ...