Constantinople
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Contient : siècles (39)(...) Celle-ci, cependant, est caractérisée par un élément que n'a pas connu la vieille Rome: l'importance politique prise par les factions du cirque, les dèmes, durant les trois premierssièclesde l'Empire. La lutte des factions Les dèmes sont à la fois des associations sportives dont les cochers du cirque portent les couleurs (le bleu et le vert), des milices qui participent à la défense de la ville comme à la construction et à l'entretien des remparts, enfin de véritables partis politiques implantés dans des quartiers différents, et qui représentent des milieux et des intérêts divers: les Bleus sont plutôt dirigés, semble-t-il, par les propriétaires fonciers, les Verts par la bourgeoisie commerçante et industrielle. (...)
C'est sa date de naissance qui est controversée, quoique les Byzantins n'aient jamais eu là-dessus d'hésitation: pour eux, leur Empire date du règne d'Auguste. Il y a du vrai dans cette conception: dans l'évolution qui mène à travers quinzesièclesdu princeps au dernier basileus , on discerne bien des mutations plus ou moins brusques, mais jamais de véritables ruptures. (...)
Une nouvelle dynastie s'intallait, qui allait régner à Byzance durant tout le VIIIe siècle . L'iconoclasme: dynasties isaurienne et amorienne (717-867) : La sévérité des historiens dessièclespassés à l'égard de l'Empire byzantin tient en grande partie aux querelles religieuses qui s'y sont succédé presque sans interruption jusqu'au milieu du IXe siècle, et qui ont semblé si futiles aux esprits modernes. (...)
La dynastie macédonienne et l'apogée de Byzance (867-1081) : En se débarrassant par un meurtre sordide de son bienfaiteur Michel III, il se trouva que Basile Ier installait au pouvoir, pour deuxsiècles, la dynastie dite macédonienne - en réalité d'origine arménienne - qui allait mener l'Empire à son apogée. (...)
Ce fut surtout l'oeuvre de Léon VI, dont les Basiliques firent tomber en désuétude les recueils juridiques publiés sous Justinien. Deuxsièclesde guerres continuelles : Il peut paraître étrange que ces deuxsièclessi prospères matériellement et intellectuellement aient été aussi deuxsièclesde guerres presque continuelles. La raison en est d'abord dans la nécessité de protéger les routes commerciales. Byzance ne pouvait ni laisser la Méditerranée et ses villes côtières exposées aux pirateries arabes, ni tolérer l'existence d'un Empire bulgare qui, installé à la fois sur le Danube et sur les côtes dalmates, menaçait de couper la route de Venise et la voie terrestre menant en Russie du Sud. (...)
Ainsi le vieil Etat des Macédoniens, dont l'organisation déjà moderne était naguère en avance de plusieurssièclessur tout le reste de l'Europe, était ravalé à la condition d'un empire colonial et d'un royaume féodal. (...)
L'histoire de cette dynastie comporte deux parties: les vingt ans de règne de Michel VIII lui-même, qui semblèrent inaugurer une nouvelle période de puissance et de grandeur pour l'Empire, et une décadence de près de deuxsièclesqui aboutit à sa disparition définitive. Il ne faut pas en déduire que tous les successeurs de Michel VIII furent des incapables; mais, eussent-ils tous été géniaux, il n'était pas en leur pouvoir de résoudre des problèmes que le règne de Michel VIII avait contribué à rendre insolubles. (...)
Du côté de l'Occident, les raisons principales de cet échec sont dans l'éclipse que subit, aux XIVe-XVesiècles, l'autorité pontificale et, avec elle, le sentiment de l'unité chrétienne, dans la désunion des Etats européens, surtout dans l'égoïsme féroce et aveugle des républiques maritimes d'Italie. (...)
S'ils laissent à celle-ci la possibilité de redevenir un Etat puissant, ils savent qu'ils ont tout à craindre de l'explosion des haines accumulées contre eux depuis deuxsiècles, dans tout l'Orient. C'est un peu la situation des Athéniens à l'égard de leur empire maritime pendant la guerre de Péloponnèse. (...)
La littérature byzantine : Le temps des incertitudes (395-610) : De la mort de Théodose à l'avènenement d'Héraclius, on compte deuxsièclespendant lesquels Byzance hésite encore entre sa vocation orientale et le mirage d'une restauration de l'Empire universel où s'épuisera Justinien. (...)
Si la fermeture de l'université d'Athènes en 529 porte le dernier coup à la philosophie païenne, il faut se rappeler que, depuis plusieurssiècles, celle-ci occupait une place secondaire par rapport à la rhétorique dans l'éducation grecque. (...)
), biographe de saint Sabas et des grands abbés de Terre sainte, qui, par le sérieux de sa documentation, fait figure de véritable historien. L'histoire : L'histoire est en grand honneur dès les premierssièclesde Byzance, où elle se partage en deux genres bien distincts. D'un côté, on a les historiens proprement dits, qui limitent leur sujet à l'époque contemporaine et mettent en oeuvre avec intelligence, sinon toujours avec objectivité, une documentation de première main, dans la grande tradition des historiens classiques, dont le souvenir imprègne jusqu'à leur langue. (...)
Du monothélisme à la crise iconoclaste (610-843) : Entre Héraclius et Michel III, dans ce qu'on a appelé ses «sièclesobscurs », se situe l'étiage intellectuel de Byzance. Dans l'Empire appauvri, diminué, ravagé par des guerres continuelles, amputé des deux grandes métropoles d'Antioche et d'Alexandrie, déchiré par deux crises religieuses qui opposent l'orthodoxie à l'autorité impériale, la culture est en décadence; seule la science médicale est encore illustrée au VIIe siècle par Paul d'Egine, dont l'Abrégé de médecine servait encore à l'Université de Paris au XVIIIe siècle. (...)
Mais, après lui, la chronographie tend à se rapprocher de l'histoire parce qu'elle cesse d'être un genre monastique. L'Eglise des IXe-Xesiècles, après la victoire des moines orthodoxes sur le haut clergé iconoclaste, tend, en effet, à se replier intellectuellement sur elle-même. (...)
La controverse avec les Latins fait renaître la théologie, qui prend un caractère nationaliste marqué, laissant le champ libre à de plus hardies spéculations néo-platoniciennes. Comme auxsièclesprécédents, l'orientation littéraire est donnée par l'influence de grands érudits polygraphes. (...)
Son disciple Nicéphore Grégoras (1295-1360), adversaire malheureux de l'hésychasme, fut aussi un homme de grand savoir et un astronome, qui préconisa avec deuxsièclesd'avance la réforme du calendrier (De la date de Pâques ); Grégoras, en plus, est historien. (...)
), transition entre l'Antiquité et le Moyen Age, réalise la synthèse du christianisme et de la tradition gréco-romaine; c'est au VIe siècle que se dégagent, dans tous les domaines, les caractères spécifiques de l'art byzantin et que se perfectionnent les différentes techniques. Pendant les «sièclesobscurs » (VIIe-première moitié du IXe s.), qui suivent l'effondrement de l'empire de Justinien, l'activité artistique s'est incontestablement ralentie, encore que ce déclin n'ait pas été aussi général qu'on le pensait jusqu'à ces dernières années. (...)
A partir de la seconde moitié du IXe siècle, un certain renouveau de l'habitat se manifeste avec l'apparition de bourgs fortifiés. Le mouvement s'amplifie entre les Xe et XIIesiècles. Les « villes » se développent alors, débordant parfois de leurs murailles. Artisanat et commerce sont florissants si l'on en croit les sources (Nicolas Choniate, Anne Comnène, Benjamin de Tudèle, Idrisi) et certaines découvertes archéologiques (ateliers de verriers et de potiers à Corinthe par exemple). (...)
Au XIIIe siècle, marqué par l'occupation latine de Constantinople, certaines régions d'Asie Mineure semblent relativement prospères (empires de Nicée et de Trébizonde). Aux XIVe-XVesiècles, la ville de Mistra , construite sous la protection de la forteresse de Villehardouin, offre un dernier exemple de ville byzantine avec son kastro, sa ville moyenne et ses faubourgs. (...)
Qasr-Ibn-Wardan, enfin, en Syrie du Nord, qui témoigne d'évidentes influences constantinopolitaines, fournit, dès l'époque de Justinien, le plan trapu qui a prévalu aux VIIIe et IXesiècles. L'architecture de ces deuxsiècles, qui correspondent à l'iconoclasme et à une situation extrêmement difficile de l'Empire, est très mal connue. Peu d'édifices sont préservés. (...)
L'époque protobyzantine : La mosaïque, par la somptuosité des coloris, la simplification du dessin et, surtout, le rôle joué par la lumière, convenait parfaitement à l'expression du surnaturel, et les artistes des Ve et VIesièclesen perfectionnèrent la technique pour en exploiter toutes les possibilités. Les monuments conservés à Thessalonique (rotonde Saint-Georges, Hosios-David, Saint-Démétrius) et à Ravenne (mausolée de Galla Placidia , baptistères des orthodoxes et des ariens, Saint-Apollinaire-le-Neuf, Saint-Vital, Saint-Apollinaire-in-Classe [cf. (...)
La Cappadoce est aussi la seule province de l'Empire qui conserve toute une série de peintures murales des IXe et Xesiècles, période fort mal documentée par ailleurs (mosaïques de Sainte-Sophie de Thessalonique et de Sainte-Sophie de Constantinople). (...)
Si quelques rares exemplaires, toujours au Sinaï, peuvent peut-être être datés de l'époque iconoclaste, l'essor de l'art de l'icône ne commence vraiment que sous les empereurs macédoniens: loin d'être seulement destinées à la dévotion privée, les icônes deviennent alors un élément essentiel du culte liturgique. Bien peu d'oeuvres subsistent des IXe et Xesiècles, mais on possède heureusement, pour pallier cette lacune, les « icônes » réalisées dans d'autres techniques: marbre, ivoire, stéatite, métaux précieux ou émaux. (...)
Exposées dans les églises (en particulier sur le proskynétarion ), les icônes commencent à garnir la clôture du choeur (le templon ) qui va progressivement se transformer en iconostase (icônes d'épistyle, d'abord, placées sur l'architrave et représentant surtout la Déisis et les Douze Fêtes, icônes d'entrecolonnements, plus tard). La multiplication des icônes est également favorisée aux Xe et XIesièclespar le développement du culte des saints. Les rares oeuvres conservées des IXe et Xesièclessont d'un style assez sévère, tandis que les figures délicates et dématérialisées du XIe siècle sont souvent proches de celles des enluminures contemporaines: icônes et miniatures étaient vraisemblablement produites dans les mêmes ateliers et par les mêmes peintres. Quelques pièces d'une remarquable qualité artistique, provenant probablement des ateliers de Constantinople, nous sont parvenues pour le XIIe siècle. (...)
Le lectionnaire (ou évangéliaire), qui contient les péricopes de l'évangile pour toute l'année, reçut aussi, à cause de son utilisation liturgique, un décor particulièrement soigné, voire luxueux. Constitué aux Xe et XIesiècles, il consiste en un petit nombre d'images, généralement en pleine page, représentant les évangélistes et les grandes fêtes liturgiques - compositions solennelles, traitées comme de véritables icônes. (...)
En revanche, les plus anciens psautiers à illustrations marginales, qui ont été souvent datés de cette époque, sont généralement considérés aujourd'hui comme postérieurs à la fin de l'iconoclasme. Plusieurs manuscrits précieux, produits dans les ateliers de la capitale aux IXe et Xesiècles, sont marqués par l'esprit de renouveau classique, qui caractérise les oeuvres issues des cercles de lettrés de la cour et du patriarcat à l'époque de la dynastie macédonienne (Bibl. (...)
Le Rouleau de Josué du Vatican est également une oeuvre exceptionnelle, par la forme du support (le rouleau) comme par la technique (sorte d'esquisse coloriée) de ses peintures qui sont d'un caractère antique prononcé et glorifient les victoires d'un empereur byzantin (Nicéphore Phocas ou Jean Tzimiskès) par le biais de l'épopée biblique de Josué conquérant la Terre promise. Progressivement s'élabore, aux Xe et XIesiècles, un style nouveau, proprement médiéval, qui met la beauté des formes classiques au service de l'expression de la spiritualité chrétienne (Bibl. (...)
Urbin. gr. 2) qui furent probablement exécutés dans le même atelier de la capitale. Aux XIIIe et XIVesiècles, le rôle de l'enluminure paraît décliner: les manuscrits sont moins nombreux, souvent de moindre qualité, et l'illustration est plus pauvre. (...)
Les artisans byzantins utilisèrent et perfectionnèrent les techniques traditionnelles - repoussé, ciselure, filigrane - et aimèrent associer à l'or des perles, des pierres fines de couleurs vives, des pierres précieuses, des incrustations de nielle ou des émaux, créant ainsi de riches effets de couleurs. Cette recherche d'une polychromie chatoyante restera, au cours dessiècles, l'une des principales caractéristiques de l'orfèvrerie byzantine. Les objets parvenus jusqu'à nous sont surtout des bijoux (colliers, croix, amulettes, médaillons, bracelets, bagues, agrafes, boucles d'oreilles, ceintures), généralement retrouvés dans des trésors enfouis dans la terre par leurs propriétaires (trésors de Chypre, de Mersin, de Mytilène, etc. (...)
Les ivoires : Matériau de luxe par excellence, l'ivoire, rare et précieux, a donné lieu, dès l'époque protobyzantine, à une production très abondante (cf. artPALEOCHRETIEN). Après l'interruption quasi totale des «sièclesobscurs » (VIIe-première partie du IXe s.), une nouvelle floraison, d'une grande ampleur mais d'assez courte durée, se produit aux Xe et XIesiècles. Les ivoires religieux sont les plus nombreux: plaques, diptyques ou triptyques, comme les luxueux exemplaires décorés de la Déisis du Palazzo Venezia, à Rome, et du Louvre (triptyque Harbaville), constituaient autant d'icônes portatives, destinées surtout à la dévotion privée. (...)
Plusieurs espèces de pierres dures furent utilisées par les artisans byzantins: le jaspe (Vierge orante de la Walters Art Gallery de Baltimore), l'héliotrope (Christ du Kremlin), la sardoine (Annonciation du cabinet des Médailles à Paris), la serpentine (Vierge orante du Victoria and Albert Museum de Londres, 1078-1081), le lapis-lazuli (Christ du musée des Armures au Kremlin), etc. Si quelques pièces, souvent d'une facture assez grossière, remontent aux Ve-VIIesiècles, la plupart - dont les plus remarquables - appartiennent à l'époque médiobyzantine (Xe-XIIe s. (...)
Les motifs zoomorphes répétés dans des compositions symétriques et majestueuses, d'un remarquable effet décoratif, l'emportent nettement sur les représentations figurées (triomphe d'un empereur à cheval sur la soierie de Bamberg). Les plus belles soieries des Xe et XIesiècles, souvent à fond pourpre, représentent de grands lions passant (musée de Düsseldorf, cathédrale de Cologne), des griffons (musée de Valère, à Sion, suaire de Siviard à Sens), des chevaux ailés, des éléphants (Aix-la-Chapelle) ou des aigles aux ailes éployées (Saint-Eusèbe d'Auxerre, cathédrale de Bressanone). (...)
C'est, de plus en plus, l'art de la broderie qui passe au premier plan, pour l'usage de la cour d'abord, puis, surtout, aux XIVe et XVesiècles, pour les vêtements ecclésiastiques et les voiles liturgiques. L'une des pièces les plus exceptionnelles, par la qualité de l'exécution (broderies en fils d'or et d'argent sur fond de soie bleue) comme par l'ampleur du programme iconographique, est la prétendue dalmatique de Charlemagne au Vatican (en fait un sakkos destiné au patriarche). (...)
Extension dans le temps également: 1453 n'a pas marqué la fin de la peinture de style byzantin. Celle-ci a continué pendant deuxsièclesau moins avec des oeuvres remarquables, comme celle de Theophane (M. Chatzidakis) ou de Frangos Catelanos, sur lesquelles les archives, qui nous font défaut pour la période proprement byzantine, nous livrent maints renseignements. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...