Constantinople
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Contient : société (5)(...) C'est en bon administrateur d'un patrimoine que le Byzantin s'est fait l'homme des compilations, des commentaires et des encyclopédies; l'humanisme byzantin, à la différence de l'occidental, ne pouvait suivre que d'assez loin l'érudition, car le lettré byzantin était moins relié par sa culture à l'homme universel que confiné par elle dans son orgueil de Grec. Il ne faudrait cependant pas croire que ce goût pour le passé fût purement gratuit. Dans cettesociétéfortement hiérarchisée, l'instruction était le seul moyen de s'élever très haut quand on n'était pas né dans l'aristocratie, comme le montre bien l'exemple d'un Psellos. (...)
Ce qui nous en reste, notamment le traité De l'administration de l'Empire , le traité Des thèmes , surtout le Livre des cérémonies , est très précieux pour l'histoire des institutions et de lasociétébyzantines. C'est certainement à l'impulsion donnée par Contantin VII à la compilation érudite que l'on doit des ouvrages comme le Lexique de Suidas (ou la Souda) , la nouvelle Anthologie , réunie vers 900 par le poète Constantin Képhalas et dont une seconde édition sera l'Anthologie palatine , ou le vaste recueil hagiographique de Syméon Métaphraste (Xe-XIe s. (...)
En ce faisant, d'ailleurs, on s'éloigne encore davantage de la langue parlée, ce qui correspond à la tendance fortement aristocratique de lasociétédes Comnènes. Le début de cette époque est dominé par la puissante personnalité de Michel Psellos (1018-1078), petit bourgeois parvenu aux plus hautes charges, érudit universel dans la grande tradition des lettrés byzantins, mais surtout passionné de rhétorique et de beau style: c'est lui qui, par l'étude appronfondie de Platon et des orateurs de toutes les époques, a mis au point une nouvelle prose d'art, au rythme réglé par des lois sévères, au vocabulaire extrêmement riche, qui s'affinera encore sous les Comnènes. (...)
Ainsi l'art chrétien, qui n'était au IIIe siècle qu'une branche modeste de l'art du Bas-Empire romain, acquiert-il, au IVe siècle, un caractère public, officiel: il bénéficie alors de l'appui et de la richesse des empereurs et des classes dominantes de lasociété. L'époque protobyzantine (IVeVIIe s.), transition entre l'Antiquité et le Moyen Age, réalise la synthèse du christianisme et de la tradition gréco-romaine; c'est au VIe siècle que se dégagent, dans tous les domaines, les caractères spécifiques de l'art byzantin et que se perfectionnent les différentes techniques. (...)
La richesse des matériaux, le raffinement des formes et les effets de polychromie reflètent les goûts des classes supérieures de lasociété, qui aimaient s'entourer de ces objets précieux et les utilisaient comme instruments efficaces de propagande. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...