Récits nocturnes : 3 - Le don obscur
Contient : coeur (4)(...) J'entrouvre alors les yeux pour apercevoir son visage, rendu plus vivant par la faible clarté des quelques bougies qui éclairent la pièce, s'approcher de moi. Il s'agenouille, et pose ses mains sur mes joues. Moncoeurbât la chamade. Je n'ai jamais été aussi près de lui, je ne me suis jamais senti plus en communion avec aucun autre être auparavant. (...)
Je sens que mon pouls s'accélère, et je peux deviner chaque goutte de mon sang qui s'enfuit par la plaie béante ainsi ouverte. Mais la souffrance s'estompe, les battements de moncoeurralentissent, et une douce chaleur envahit tout mon corps, une sensation que je n'ai ressentit que dans de rares états de bien-être, des états dont seul le contact d'une femme amoureuse peut laisser entrevoir quelques fugaces effluves. (...)
Plus rien ne me rattache à ce qui m'entoure, l'odeur de l'encens n'est plus qu'un souvenir, ma peau ne sent plus rien, et mes oreilles ne perçoivent plus que les palpitations de moncoeur. La chaleur quitte mon corps, et j'ai l'impression qu'un vent glacial envahit la pièce. Une fatigue extrême me saisit, et je sais que ce courant d'air est causé par la mort qui est entrée en ce lieu pour venir me saisir. (...)
Mais le froid est trop présent, il me prend aux tripes, contracte mes poumons, et j'ai de plus en plus de mal à respirer. Je finis par suffoquer, et je n'entends même plus les pulsations de moncoeur. Un voile noir envahit mon esprit. Je ne ressens plus rien. Je ne suis plus rien. Je n'existe plus. (...)Jérusalem, le Dimanche 25 Septembre 1104. J'ai assisté ce matin, comme depuis plus de cinq ans, à la messe célébrée par le patriarche de Jérusalem en notre église du Saint Sépulcre. J'en ai recueilli la joie, mais j'ai également éprouvé une certaine tristesse, car je sais que c'était la dernière fois. Je suis allé me promener cet après-midi au Sud-est de la ville, vers le Mont des ...