La Famille Maudite
Fin Novembre 691 (Episode XIV, Arion) : Oyez, Gentes Dames et Gentes Damoiseaux, Hôtes et Seigneurs, valets ou maîtres, oyez cette terrifiante histoire : Le valeureux Erwan de Kynke, Vicomte et neveu du fort connu Mathias, celui que d'aucun appelle le généreux, faisait cet hiver là une tournée de ses domaines et de ses amis. Son mariage avec Dame Diane de Gervalst vous l'ai-je conté ? Ce fût une cérémonie si somptueuse. IL y eut tellement d'invités. Mais tel n'est point notre propos ce jour ...Contient : erwan (38)La Famille Maudite Fin Novembre 691 (Episode XIV, Arion) : Oyez, Gentes Dames et Gentes Damoiseaux, Hôtes et Seigneurs, valets ou maîtres, oyez cette terrifiante histoire : Le valeureuxErwande Kynke, Vicomte et neveu du fort connu Mathias, celui que d'aucun appelle le généreux, faisait cet hiver là une tournée de ses domaines et de ses amis. (...)
Pourtant avec la fatigue, le sommeil vint, écrasant nos inquiétudes. Au matin, une jeune et jolie servante portant le doux nom de Joline se jeta aux pieds d'Erwan, le suppliant d'aider ses maîtres malgré eux, qu'elle-même était prête à rester et à affronter le diable en personne. (...)
Sommé de s'expliquer, Yvon tenta de nier une quelconque intrusion du surnaturel, puis nous supplia de quitter le château, enfin avoua qu'avec le coucher du soleil une effroyable malédiction s'abattrait à nouveau sur la famille et que toute personne étrangère devait quitter le château dès le soir. Mais c'était sans compter avec la bravoure de nos preux chevaliers.Erwan, rompu à combattre le mal sous toutes ses formes, et MacCromarty, soucieux de défendre ceux qu'il considérait comme sa famille, affirmèrent aussitôt leur intention de rester et de défaire cette malédiction. (...)
Il parla aussi d'un gouffre où gisait de telles armes qui furent autrefois la fierté de la famille de Mélion. L'allusion était claire même si nous refusions encore d'y croire.Erwandans sa sagesse ordonna que l'on se procure d'autres armes efficaces contre ce type de monstres (je préfère encore en taire le nom tellement leur souvenir est terrifiant). (...)
Il était puissant et fort, fortement armé et protégé, maniant lestement une large et longue épée bâtarde. Alors qu'il allait occire votre serviteur, MacCromarty le chargea et le percuta.Erwanengagea le combat et après une passe d'armes terrible et magnifique lui fendit le crâne. L'action quoique sanglante m'avait presque redonné du courage. (...)
Deux créatures hideuses mi-homme, mi-loup, bondirent de l'ombre et attaquèrent en poussant un hurlement inhumain. Tous furent pétrifiés par ce cri. SeulErwanreprit à temps ses esprits pour faire face à l'ennemi. L'épée de Mathias se mit à danser au bout de son bras tentant de repousser les créatures malfaisantes. (...)
Cependant MacCromarty effaçait leurs attaques sans pouvoir réagir pétrifié sans doute par un sortilège maléfique. Heureusement, le bras d'Erwannous protégeait et l'épée de Mathias se mit à rougeoyer et lorsque la fureur du vicomte de Kynke fut à son comble, elle s'enflamma et mit hors de combat, en deux coups formidables, les monstres. (...)
Lentement les deux loups garous reprirent forme humaine sous les traits des deux enfants d'Yvon. Nos craintes étaient donc justifiées. Leu avait succombé à l'implacable efficacité guerrière d'Erwanet Yvaine se mourrait. Plus grave encore à notre coeur, MacCromarty lui aussi était à l'agonie malgré les soins de notre fauconnier et d'Ermeline sa charmante trouvère. (...)
Nous y découvrîmes la beauté et la douceur : une femme, d'une grâce que la déesse nature a refusé aux mortels, se coiffant sur les bords d'une cascade. Sa voix ne faisait qu'une avec le bruit de la chute de l'eau. Sa symphonie nous charma etErwan, chevaleresque, déclama un poème improvisé à sa gloire. Cette ondine se nommait Apollinéa. Elle nous invita à lui amener nos compagnons afin de les soigner, ce qu'elle fit redonnant ainsi des forces à MacCromarty, qu'une magie funeste avait privé d'un beau combat. Quittant avec regret une telle grâce,Erwanreconduit sur le champ au château, Yvaine bouleversée par la mort de son frère. Mais devant nous, la silhouette du château qui se découpait à chaque éclair sur le ciel noir aurait détourné de sa route plus d'un chevalier courageux. Il en fallait plus pour impressionner le valeureuxErwan. Pourtant, la tâche était ardue : investir le château où rodaient les garou et défaire la malédiction sans leur faire de mal. (...)
Une fois Yvaine mise à l'abri à la fois de ses pairs et de son propre péril, les preux commencèrent à inspecter le château. Mais Johan, malgré la puissante équipée que formaitErwanet MacCromarty, tremblait.Erwantenta de le raisonner et pour prouver sa bravoure ouvrit la porte de la bibliothèque qui se trouvait à son coté sans même y jeter un regard. Johan lui était terrorisé de voir ouvrir ainsi une porte derrière laquelle pouvait se trouver des monstres si redoutables. (...)
Notre souffle à tous fut suspendu pendant un instant. Une créature allait-elle bondir sur le flanc d'Erwan. Rien. Le regard de Johan fouilla les ténèbres de la bibliothèque et il resta pétrifié de terreur. (...)
Une telle peur se lisait sur son visage qu'il me fut très difficile à mon tour de me tourner vers la bibliothèque. Le rire puissant d'Erwanfit voler en éclat le silence pesant : ' Ainsi tu trembles encore, pleutre ! '.Erwanpénétra dans la pièce. ' Allez vous entrer ou faut-il que je vienne vous chercher ? '. Déjà MacCromarty l'avait suivi. (...)
Il s'exécuta. Après avoir examiné attentivement le panneau, il se releva. ' Cherche encore ! ', ditErwan. Il se pencha à nouveau et un déclic se fit entendre. Une cache était découverte. Un parchemin déchiré sur le côté s'y trouvait. (...)
Deux têtes de loup encore déformées par quelques traits humains, passèrent par la porte et attaquèrentErwanqui, le plus proche de la sortie, veillait là. Les crocs d'une des créatures percèrent le cuir et la peau du plus valeureux.Erwansortit l'épée de Mathias de son fourreau et mit rapidement les deux monstres en fuite en prenant la précaution de ne pas les blesser. (...)
Le passage secret débouchait sur une pièce unique avec une porte de chaque côté. Au centre se tenait un vie homme.Erwanl'apostropha : ' Nous sommes venus chercher la couronne de cristal '. Il répondit : ' Choisissez votre chemin, je prendrais l'autre, les premiers arrivés auront la couronne de cristal '. ' Quel chemin nous conseilles-tu vieillard ? ' demandaErwan. Et sans hésitation, MacCromarty ouvrit la porte indiquée par le bras du vieillard et s'engagea dans le souterrain. (...)
De l'autre côté, se dressait une très haute et large porte de bois fermée par une grossière serrure. Johan regarda dans la serrure et se mit à trembler.Erwanl'écarta et vit par le trou un âtre gigantesque devant lequel un géant forgeron travaillait sur son enclume. (...)
MacCromarty, toujours emporté par sa rage qui n'avait pas encore trouvé moyen de s'exprimer, poussa la porte et se dirigea droit vers le géant. Respectant sa colère,Erwans'avança sur le griffon. L'épée de Mathias chauffait déjà dans sa main. Le combat fut terrible. (...)
Il reculait sous chaque choc de plusieurs mètres, mais rebondissait derechef au combat usant le géant dans sa détermination guerrière.Erwan, quant à lui, engagea le combat comme à son habitude, sûr de son fait. Pendant quelques passes contre le griffon, il laissa son bras et son épée s'échauffer. (...)
Puis la force de son adversaire mesurée, l'épée de Mathias s'enflamma et il porta avec la vitesse de l'éclair un coup imparable. Le griffon robuste accusa le coup, mais se redressa pour combattre.Erwanle laissant venir préparait déjà son attaque. Esquivant les griffes, un deuxième trait déchira la crinière du monstre. (...)
Le griffon semblait ne pas comprendre comment un être humain pouvait lui donner une telle leçon. Il hésitait cette fois ci à se battre, et lorsqu'il se décida à fuir, la lame d'Erwanavait à nouveau percé sa poitrine, enflammant sa fourrure. Le griffon s'envola à bout de souffle, fuyant. (...)
Le sang de l'agonie sortait de sa bouche pendant que ses ailes tentaient désespérément de le mettre hors de portée. La fin était proche. Laissant le soin à Johan de l'achever,Erwanse désintéressa de lui, prêt à porter secours à MacCromarty. Mais le Baron de l'île noire avait peu à peu raison du géant et lorsqu'il porta le coup fatal, la masse s'écroula soulevant des nuages de poussière. (...)
L'esclave forgeron des Mélion, l'artiste des lames infaillibles avait vécu. Le temps pressait, l'équipée s'engagea derrièreErwandans le couloir qui prolongeait la caverne. L'attention de Johan signala à temps une trappe dissimulée dans le sol du couloir. (...)
Au fond de cette trappe de dix mètres de long, des pieux acérés attendaient les imprudents. Sur ordre d'Erwan, nous transportâmes les corps des monstres vaincus, pour combler la fosse et passer. Après de titanesques efforts pour déplacer ces masses inertes, nous fûmes de l'autre côté. Pensez à notre hâte, pour trouver la couronne. Toute une famille devait être sauvé.Erwandevait tenir ses engagements, honorer la prière de la servante Joline et racheter le fatal destin qui avait jeté les enfants de son hôte, alors sous la forme de loups garou, sur l'épée de Mathias . (...)
Sans hésiter, ils la franchirent et découvrirent une salle immense dans laquelle la lumière du jour illuminait un grand arbre qui poussait en son centre. A son pied, une jeune femme se tenait assise.Erwanalla droit à elle et lui demanda la couronne de cristal. La jeune femme tendit les bras, élevant la couronne scintillante vers mon maître. (...)
' Elle guérit de tous maux celui ou celle sur la tête de qui elle repose '. Elle ajouta après une pause : ' Jeune et valeureuxErwan, tu ne disposes que de peu de temps car à l'instant où l'astre du jour sur son char disparaîtra derrière les collines, la couronne me reviendra '. A ces mots,Erwans'inclina et repartit rapidement. Nous le suivîmes jusqu'au château. Dans la chambre d'Yvaine,Erwanne prenant aucun risque, s'apposa la couronne sur la tête avant d'en ceindre le front de la belle endormie. Ce geste l'apaisa immédiatement. (...)
L'ensemble de notre petite troupe épuisée se reposa jusqu'au jour dans la chambre d'Yvaine sous la garde et l'oeil vigilant d'Erwan. Yvon et Ulfine étaient déjà assis à la table commune quand nous pénétrâmes dans la grande salle.Erwanleur demanda de bien vouloir porter la couronne de cristal quelques instants. Sereins, ils s'y soumirent volontiers. Et si leur peine d'avoir perdu leur fils fut immense, ils rendirent grâce àErwanet son équipée d'avoir eu le courage d'affronter la malédiction. Et c'est ainsi Messires de Bretagne et d'Armor, Qu'Erwan, Vicomte de Kynke, jeune encore, Défit la sombre malédiction du dément, Et les rêves des Garou, renvoya au néant.