Le Mémorial
sur Pénombre au format (11 Ko)
Au bord de la route qui traverse la vallée de Kintani pour se rendre vers le château Hotei, il y a un petit mémorial de pierre mal taillée. Dépourvu de fioritures, déjà rongé par les intempéries, à moitié dissimulé lorsque les herbes sont hautes, il demeure patiemment au bord du chemin, à peine entrevu et aussitôt oublié par presque tous les voyageurs qui passent devant lui. C'est ici, très précisément ici, que Sadako et Ohiro sont morts. Côté à côte. Unis dans la bataille comme ils avaient ...Contient : morts (5)(...) Dépourvu de fioritures, déjà rongé par les intempéries, à moitié dissimulé lorsque les herbes sont hautes, il demeure patiemment au bord du chemin, à peine entrevu et aussitôt oublié par presque tous les voyageurs qui passent devant lui. C'est ici, très précisément ici, que Sadako et Ohiro sontmorts. Côté à côte. Unis dans la bataille comme ils avaient été ennemis dans la paix. Ils sont tombés il y a dix ans, sous les coups des damnés de la famille Moto qui devaient un peu plus tard être défaits par leurs parents. (...)
Il poursuit son chemin et passe sans le savoir près des endroits ou les compagnons de Sadako et Ohiro sontmorts. Eux aussi étaient des ronin. Certains l'étaient de naissance, comme le gros Taka qui a été piétiné par les onikage juste devant ce vieux sapin malade. (...)
Que ce soit par désespoir, par haine, par dignité ou parce qu'ils n'avaient pas le choix, ils n'ont pas reculé. Alors ils se sont battus et ils sontmorts. Et personne, personne ne se souvient d'eux. Parce que si les ronins ne comptent pas, alors que dire des éta ? (...)
Quant aux autres, Sadako, Ohiro, le gros Taka, Ryu, les deux jumeaux, le paysan et les centaines, les milliers d'autres... Mais de toute manière, qui se soucie de ceux qui sontmortssans sauver personne ? Qui se soucie de ceux qui n'ont accompli aucun exploit ? Qui se soucie de ceux qui ont eu comme seule vertu de faire ce qu'il fallait sans chercher cette gloire et cette immortalité que convoitent bien des guerriers ? Qui se soucie de ceux qui sontmortssimplement parce que c'était nécessaire ? Sans laisser de leçon d'honneur ou de courage derrière eux. (...)