Celui qui défiait la légion du Crépuscule
« La route vers le succès est souvent celle qui se dissimule le mieux à nos sens. » -Gil Galad Pointe d'Argent. Je voyageais déjà depuis deux jours en compagnie d'Ombre Blanche et au fur et à mesure de notre avancée, les Monts Throal ne cessaient de gagner en immensité sur la ligne de l'horizon. Les évènements récents qui avaient vu la libération des caravaniers du kaer Keroll avaient profondément bouleversé notre existence. En ce qui me concerne, une subtile odeur de cannelle m'entourait désormais ...Contient : village (22)(...) Ainsi, Charboyya en vint droit au but, il souhaitait en contrepartie d'une forte somme d'argent que nous lui rendions un service. Le nain était originaire du petitvillaged'Hanto situé à l'ouest de Grand-Foire, sur la traversée du Fleuve Serpent et à proximité du lac Vorst. (...)
Les missives étaient au nombre de quatre: la première s'adressait à sa mère Laveria qui assumait le rôle de chef duvillage, la seconde se destinait à son frère Emberica dont il nous avertit de la susceptibilité et enfin les deux dernières étaient pour ses deux amies orques Orweia et Chereca. (...)
Je commençais à croire que la présence de Raven ressemblait à ces tournois de maîtres d'armes où l'on imposait aux duellistes les plus expérimentés des handicaps pour les pousser à se dépasser... Tant bien que mal, c'est grâce à l'eau que nous avions à profusion et aux maigres restes des rations de voyage que nous arrivâmes aux abords duvillaged'Hanto, avec une faim démente qui tiraillait nos estomacs. Tandis que nous dressions notre campement pour la nuit, non loin de la périphérie duvillage, nous aperçûmes un jeune homme vêtu à la manière d'un mendiant qui semblait provenir duvillaged'Hanto. Ce dernier tenait entre ses mains un panier d'osier rempli de fruits des plus appétissants. Sans même tarder, nous invitâmes l'adolescent à partager avec nous une boisson chaude, autour du feu de camp. (...)
Le lendemain matin, nous prîmes un petit déjeuner essentiellement constitué de fruits et décidâmes de reprendre la route. Nous touchions au but, levillageétant juste devant nous et les lettres à nos côtés, il ne restait plus qu'à les livrer... Levillaged'Hanto était de taille moyenne, de larges et épaisses murailles se dressaient sur son pourtour, empêchant quiconque de s'introduire clandestinement et réduisant le danger d'une éventuelle attaque de voleurs. La structure duvillageétait encaissée dans une zone défrichée et dégarnie de toute végétation de telle sorte que l'on nous vit arriver de bien loin. Tandis que nous approchions duvillage, je remarquai pléthore d'éléments plus singuliers les uns que les autres. De la vue d'ensemble duvillageque nous possédions, nulle activité ne semblait transparaître de la bourgade natale du tailleur nain Charboyya. Le chemin de terre qui menait aux portes d'Hanto était dénué de tout passage: pas de caravanier, pas de commerçant, pas de chariot, ni même de cavalier. (...)
La seule once de vie que je fus capable de détecter provenait d'un orque et d'un troll, vêtus tous deux de pantalons de cuir noirs et d'armures de cuir cloutées ornées d'une tête de mort, qui construisaient à la force de leurs bras et à la sueur de leurs fronts un édifice qui semblait devoir ressembler à une tour de garde, une fois achevé. Plus troublant encore, arrivés à l'entrée duvillage, nous distinguâmes deux Cadavéreux dans un état de dépérissement avancé et équipés d'armures de plaques complètes, qui se dressaient immobiles, tels des chiens de garde. (...)
L'orque pris une position de supériorité et entama sa petite déclaration, avec un sourire non dissimulé. D'après ses dires, levillaged'Hanto était placé sous le joug d'une quarantaine dont la durée restait pour le moment indéterminée. Nulle personne ne pouvait sortir duvillageet aucune ne pouvait y rentrer. Outré par une telle mesure et interpellé par les forces en présence qui avaient pu déclarer un tel état martial dans levillagenatal de Charboyya, je m'osai à demander qui étaient les instigateurs de cette mesure de sécurité. Kwam, qui ne perdait pas son sourire en coin et qui redoublait de son excès de fierté, répondit que la Légion du Crépuscule avait pris le contrôle duvillageafin de le débarrasser de la présence d'une horreur. Il ajouta que cette opération était menée à bien par l'adepte orque nécromancienne Moltaa, la Purificatrice qui envisageait de brûler Hanto, si la Légion du Crépuscule n'arrivait pas à circonscrire le mal. (...)
Dans la tension la plus totale, des regards tacites s'échangeaient entre les membres de la Légion du Crépuscule et les villageois qui semblaient soumis à la loi du silence. Etant donné que nul papier à lettres, ni encre ne pouvait sortir duvillaged'Hanto, Izraphaël se chargea de transcrire les réponses orales de chacun des villageois en inscriptions runiques qu'il traçait, sur la lame de son épée courte. (...)
Pendant que les villageois transmettaient leurs réponses, il devenait de plus en plus évident que des forces étranges étaient à l'oeuvre à Hanto : Laveria réputée pour être une dynamique dirigeante devillageétait plus proche de la non vie que les Cadavéreux et Emberica que Charboyya nous avait décrit comme susceptible ne répondait pas à nos multiples et répétées provocations... Une fois les réponses transmises, l'affaire semblait donc bouclée pour les membres de la Légion du Crépuscule. (...)
Nous nous apprêtions à attendre son retour, lorsque le cri d'une femme soumise à la douleur se fit entendre en provenance duvillagenatal de Charboyya. Le danger rôdant à Hanto devenait désespérément trop grand pour que nous puissions attendre le retour du shakta, ainsi nous décidâmes d'un plan afin de nous frayer un chemin dans la zone de quarantaine. (...)
Les conséquences prises à mon encontre en cas de défaite risquaient d'être sévères, mais le jeu en valait la chandelle et par ailleurs, aucune autre solution ne s'offrait à nous... En conséquence, je me présentai à l'entrée duvillageet fis appeler Kwam. Lorsque celui-ci arriva aux portes d'Hanto, je le provoquai en duel pour avoir manqué à sa parole maître d'armes, en me fournissant ainsi qu'à mes camarades, des simulacres de réponses édulcorées aux lettres du tailleur nain Charboyya. Tandis que je me préparai à marchander avec lui l'entrée dans levillagesi la victoire devait être mienne, j'aperçus chez l'orque une détermination implacable et une rage de vaincre indicible. (...)
Les coups qui suivirent ma riposte laissèrent Kwam inconscient au sol, et alors que je quittais la transe de l'affrontement, je réalisai que l'imminence du danger m'avait empêché de passer un accord afin de rentrer dans levillageen quarantaine. Un orque posté sur la tour de garde en construction sonna l'alerte de sa corne de bataille. (...)
Or, si l'objet à trames était revenu aux côtés de l'orque, cela signifiait qu'il n'était pas mort... Kwam...nous étions donc destinés à nous revoir... Le bras de Moltaa la Purificatrice fut assez grand pour nous atteindre. Alors que nous attendions des membres de la Légion du Crépuscule qu'ils sortent duvillageafin d'en venir à bout, la nécromancienne mis à nos trousses trois horreurs astrales issues de ses invocations. (...)