Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : bêtes (23)(...) D'autres choses moins étranges remontent aussi à la surface de la terre : arbres, pommes de terre, salades et légumes, elle nous offre ce qui nous appartient de droit et ce que nous nous devons de partager et de donner pour continuer à vivre. Certains dans ce village ne cultivent pas ces terres, ils y élèvent celles desbêtesqui ne sont pas trop féroces. Ils en tirent le lait et la viande qui améliore notre quotidien. (...)
Quelques maisons de bois tressé pour les plus pauvres, de vieilles pierres pour les plus anciens, les plus riches et les plus travailleurs, des barrières de bois pour empêcher nosbêtesde se perdre dans la steppe sans fin qui s'étend au-delà. Quelques talismans de fer froid pour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. (...)
Ceux qui ne peuvent ou ne veulent souscrire à l'offrande sont vidés de leur sang à la place de leursbêtes. L'été, la plaine est verte, brûlante, impitoyable. Chaque année, après le jour le plus long de l'été, un Héraut du Seigneur des Hauts Vents nous visite, revêtu d'acier et armé de jade, porteur d'exigences, d'étrangeté et de pouvoir. (...)
Il faut dire cependant que peu d'entre nous survivent jusqu'à leurs cinquante ans. Regard Vif est un Homme sage, il lit l'avenir dans les étoiles, les entrailles desbêteset d'autres choses du même genre. Son don est relativement sûr et c'est pour cela que nous suivons son avis. (...)
Il nous attend, au carrefour, non loin de la sortie du village, campé sur un cheval blanc à l'étrange crinière bleue et bardé de cuir clouté de fer froid. Il regarde l'attelage, lesbêtes, sans doute avec plus de considération que nous même. - La fille ? Sans un mot, Boeuf soulève la bâche couvrant l'entrée du chariot, révélant la fille de Regard Vif, nerveuse. (...)
Le pire, le Beau Peuple, les grands ouragans et les tribus barbares, il les tient à distance, dans les failles où au delà des frontières de la nation, mais les brigands, lesbêtes, ceux-là, il se contente d'envoyer ces serviteurs à leurs trousses et la plupart du temps, cela suffit. Seulement, la limite entre voyageurs et brigands est parfois indistincte, et toutes lesbêtesne sont pas si faciles que cela à chasser, et c'est essentiellement à nous de gérer ces problèmes. (...)
Ca n'empêche pas Pigeon Fou de continuer et OEil Vert et Chien Enragé de continuer d'écouter. « Lesbêteset les hommes vivaient en harmonie, et il n'y avait pas réellement de différence entre le chasseur et le chassé. (...)
- Il paraît qu'il y a des bateaux volant à Lookshy ! Intervient OEil Vert, un gosse naïf qui passe trop de temps avec sesbêtes, mais qui n'a pas son pareil une fois lâché dans la nature. - Ouais, dit Boeuf. J'y croirais quand j'en verrais un ! (...)
Pigeon regarde autour de lui, narquois et plein d'aise. Le silence se fait. Il reprend : « Les hommes étaient sage comme des dieux, lesbêtesautant que les hommes, et les plantes comme desbêtes. Les hommes pouvaient se parler avec leurs rêves, et pas avec les mots pitoyables qui me servent actuellement. Les vêtements ne s'usaient pas, pas plus que leurs outils, les tours de leurs cités s'élevaient jusqu'au dessus des nuages, ou tombaient aussi profondément que dans le fond des océans. (...)
Il n'ose pas continuer mais je devine ses pensées : On raconte que les vents de la nation rapporte au Seigneur tout ce qui se dit sur lui (qui lui ?) à travers la plaine, et que la lune parle en personne à ses enfants et aux Hommes-bêtes. Il ne vaut mieux pas blasphémer. Il ne vaut mieux pas prendre trop de risque. Les autres restent suspendus à ses lèvres. (...)
On l'oublie souvent, tant l'aura de son père plane sur la nation, pourtant elle est presque aussi terrible que lui. C'est elle que le seigneur envoie pour se débarrasser des barbares et desbêteslorsqu'il ne veut pas déchaîner sa fureur destructrice sur tout le pays. Peu lui on jamais échappé. (...)
Chaque matin, je prends l'air tandis que l'on change les draps dans lequel je dors. J'essaie d'apprendre quelques rudiments de langue Aïnouk. Je regarde leursbêtesse faire plus nombreuses lorsqu'elles mettent bas. Je tente de ne penser à rien. J'observe des hommes s'entraîner à l'épée et à l'arc, des femmes faire la lessive et élever des enfants. (...)
Parfois ils s'arrêtent pour faire un peu de commerce avec les autres villages, échangeant des légumes contre une ou deuxbêtesen me tenant à l'écart et en me cachant de tout ceux qui pourrait me dénoncer au Seigneur des Hauts Vents. (...)
L'auraient-ils su, ils n'auraient pas mit tout leur espoir en un étranger. J'entends l'étrange voix du Héraut, elle couvre le souffle du vent, les hommes et lesbêtesse tiennent dans un silence craintif lorsqu'il élève la voix. - Noble peuple Aïnouk ! Le Seigneur des Hauts Vents vous a laissé vivre sur ces terres pendant de nombreux jours, et maintenant, il attend de vous que vous lui donniez une compensation pour son infinie hospitalité. (...)
- Je comprends, c'est toi qui as fait disparaître la Princesse Bleue... n'est-ce pas, Anathème ? Je fronce les sourcils. - Non, dis-je. Desbêteshennissent et bêlent de terreur alors que les flammes les menacent. Des enfants pleurent. Je me demande quand et comment l'incendie a pu commencer. (...)
J'ai peur de n'avoir plus d'âme, que le bout du monde ne se trouve maintenant en moi-même. La nuit tombe. Une nuit noire, sans lune, presque sans bruit, hormis le vent et quelquesbêtes. Je me surprends à ne déjà plus les craindre. Je marche un long moment, sent l'air qui se refroidit peu à peu autour de moi. (...)
Quelques minutes plus tard, viens la confirmation que je ne me trompe pas. Je découvre un tas de chevaux morts, éventrés, et gelés. Lesbêtesgisent, empilées en un tas grossier saupoudré de neige, leurs poitrines et leurs entrailles misent à l'air. (...)
Son sourire s'agrandit, affiche une rangée de dent à la blancheur presque aveuglante. - Bien, dit-il, quel est ton nom ? Le pilier s'étire et bouge tel un serpent, lesbêtesblanches s'écartent sans un mot, tandis qu'il m'entoure de ses anneaux, évitant de me toucher soigneusement. (...)
J'entends les sont produits par une paire de gardes, des voix d'hommes, discutant de semailles, de femmes et debêtes, des conversation de paysans qui viennent, et surtout s'en vont. Il y a cinq ans, il y eut une altercation entre leurs village et le nôtre, concernant un pauvre gamin de chez nous, qui fut prit chez eux tout seul et lynché pour avoir volé un mouton. (...)
Je m'avance pour saisir le pain trop rapidement, trop sûr de moi, mon pied s'entrave dans quelque chose, je manque de tomber, mes mains s'agrippent à un mur tout proche et m'évite la chute, mais le mal est fait : une bonne demi-douzaine de cloche en bronze, du genre de celles que les riches fermiers mettent autour du cou desbêtesde leurs troupeaux, se mettent à sonner avec traîtrise et fracas. Je jure. Dehors, on crie, j'entends les chiens aboyer. (...)
Je reste calme, et même si le vacarme m'empêche de dormir dans un premier temps, je finis par m'endormir, épuisé nerveusement. Je me réveille à moitié noyé. Lesbêtes, plus malignes, ont fichu le camp depuis longtemps, mais les grêlons tombent toujours, ont brisé les premiers et les ont fait fondre d'autant plus vite. (...)