Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : bleu (40)(...) La fièvre va faucher des vies et la famine est presque assurée mais le Seigneur des Hauts Vents ne voudra pas une part moins grande que le minimum auquel il est habitué, alors, les anciens du village tiennent conseils. Moi, Boeuf Assoiffé, Regard Vif, NuageBleu, Flocon Amer, Pigeon Fou et Cuillère d'Argent formons notre petit conseil de survivants. Nous nous rassemblons au moins trois ou quatre fois par ans pour discuter du goût de la bière, d'histoires de femmes, de chasse et disputer des parties de cartes. (...)
- Encore un sacrifice ? C'est Boeuf Assoiffé. Le dernier sacrifice, il y a cinq ans, lui à coûter un de ses fils. NuageBleutousse et crache un halo de fumée qui lui a donné son nom. Ce dernier fume depuis qu'il a huit ans. (...)
Mes muscles gémissent lorsque Je la soulève puis la plaque contre le mur du fond de la pièce sans prendre de temps pour la déshabiller et je la prends ainsi, suspendu entre la douleur de mon propre corps, ma fatigue et le plaisir que nous nous donnons. Le matin est tendu,bleuet calme. La brume est épaisse, presque du brouillard. Au-delà, on devine un ciel clair etbleu. La journée possède une beauté froide. Un des chevaux hennit. Les hommes parlent peu car il y a peu qui n'ait pas déjà été dit et parler, en ces instants, ajoute à la douleur sourde que nous pouvons ressentir. (...)
Ici, les vents restent calmes, comme à l'affût, je reconnais les murs en pierre bleue, marqués de sigle ancien en jadebleu, les toits presque translucides, bleus, et éclatants. Le jour suivant, nous arrivons. Nous traversons le bois entourant le Trône d'orage : C'est un lieu brumeux, dont de nombreux arbres sont morts mais où survivent aussi des géants centenaires sur lesquels perchent des familles entières de corbeaux et de corneilles qui croassent en nous voyant passer sur la route pavée de pierre et de jade et jalonnée de dragons de jadebleu. La route est plus facile à parcourir, aussi à notre rythme, nous avançons rapidement, comme aspiré dans un rêve étrange, dans un de ces cauchemars qui ne veut pas dire son nom et qui vous laissent un goût d'inquiétude toute la journée du lendemain. (...)
La porte de jade blanc de la première enceinte, à double battant, est constellée d'inscriptions de jadebleuen langage ancien. La porte, les murs, les tours, tout en fait, est construit dans un gigantisme qui écrase notre petite troupe et le chariot. (...)
Cinq silhouettes apparaissent dans l'océan de lumière blanche qui semble être contenus dans la forteresse de jadebleu: Une femme et quatre hommes. La fille du Seigneur des Hauts Vents. On l'oublie souvent, tant l'aura de son père plane sur la nation, pourtant elle est presque aussi terrible que lui. (...)
Ma blessure n'est pas grave, mais à long terme, je n'ai aucune chance. Je me redresse, regarde le cielbleuet infini, laisse le vent courir sur mon visage. Quelque chose s'agite en moi. L'un des gardes s'approche, puis un autre. (...)
Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. Je regarde l'horizonbleubaigné du soleil de l'après-midi. Le ciel estbleu, la plaine semble presque dorée tant il a frappé dessus. Je revois le regard d'Aube Grise. Je ferme les yeux si forts que cela me fait mal. (...)
La chute est interminable, la vitesse effroyable, et les parois s'étrécissent à nouveau, mais faites d'une glace bleutée étrange, je tente de l'attraper malgré tout pour tenter de me ralentir. Je glisse, tourbillonne dans l'air un moment, puis aperçois le sol couvert de neige teintée debleuqui se précipite vers moi. Je ferme les yeux et me concentre sur ce point de chaleur dans mon coeur. (...)
La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. Ils soufflent eux aussi. Une voix aussi belle qu'un cielbleud'hiver résonne dans l'endroit. -Allons les enfants, C'est terminé ! Le regard des monstres s'éteint presque, comme des ours somnolents sortant de leur hibernation. (...)
Le regard interrogateur de Lewellyn est un feu froid et intense. Un mensonge me monte à la bouche : - Je m'appelle SoleilBleu. Il sourit. La lumière de son regard s'intensifie. - Un mensonge ? Distrayant, mais futile, je suis un mensonge vivant mon ami, et nous sommes très doués pour nous reconnaître entre nous, crois-moi. (...)
Les anneaux du pilier s'écartent, puis il s'enfouit dans le sol tel un vers, sans un instant d'hésitation, Lewellyn descend de son trône avec la grâce d'un tigre des neiges. - Ecoute-moi, SoleilBleu, tu es un exilé, un être que les siens ont rejeté dans un lieu étranger, où ils pourraient l'oublier et le laisser disparaître. (...)
Il ne s'y trouve aucune source de lumière mais néanmoins cette dernière y est omniprésente. Parfois d'unbleudoux et matinal, parfois d'un blanc neigeux éclatant et froid. Les courants d'air... Je savoure la plaisanterie. (...)
Mes entrailles se glace lorsqu'il s'empale avec un bruit sec et dur sur une stalagmite, laissant une traînée de Sang-bleusur le monceau aiguisé de métal, embrochés sinistrement. Je crois crier « non. » Mes mains tremblent, Lewellyn était fou, je n'avais pas vu à quel point. (...)
Je le suis à nouveau, non sans jeter un oeil inquiet sur la stalagmite sur lequel il s'est empalé quelques minutes plus tôt. « Je voulais te dire, SoleilBleu, pour que tu comprenne qui est ton ennemi, et ton ennemi, c'est la destinée elle-même, et que tu dois la détruire pour libérer l'Essence. (...)
- J'étais un diplomate, répondit-il à la question sans que j'aie dit quoi que ce soit, « Je dois admettre que le destin des hommes me laisse indifférent, mais lors de la grande croisade que mena mon peuple pour détruire votre monde, j'ai entendu parler des tiens. » - Des miens ? - Les Solaires. Lorsqu'il prononce ce mot, la salle s'illumine d'un soleil pâle,bleu... parcourant les lieux en une lente courbe majestueuse qui disparaît aussitôt dans les ténèbres. (...)
et il fallait coordonner des armées aussi nombreuses que vos peuples entiers, cette guerre devait être la mise à mort grandiose de votre monde, l'achèvement d'un drame mythique.» Des ombres formées par la lumière du soleilbleuprennent forme, la plupart multicolores et parfaites, dissolvant de leurs couleurs des nuées d'ombres simples de mortels dans un massacre de lumière. (...)
Ils m'ont accusé de passer trop de temps en compagnie des hommes ! Leurs esprits s'effondraient sous le poids de leurs propres mesquineries ! Imagine, SoleilBleu, Imagine des univers entiers qui se moquent de toi, qui se rient de toi, qui t'humilient, qui t'ôtent cette grâce, cette gloire qui fait de toi ce que tu étais. (...)
Moi, ironiquement, je survécus uniquement parce que j'étais exilé, ici, loin du courroux de l'impératrice écarlate, et crois-moi, le maître du vent n'est qu'un médiocre reflet de la puissance de l'impératrice. » Le soleilbleudisparut. Retour des ténèbres. - Et maintenant ? Sa gorge émit un son étrange, mélange de sanglot et de gloussement. (...)
La silhouette blanche de Lewellyn se découpe dans la lumière bleue s'arrête un instant avant de franchir la porte. - Prends ton temps... SoleilBleu. La porte se ferme, me laissant dans les ténèbres, seuls avec ma peur. Le domaine de Lewellyn chante. (...)
De l'autre coté de l'azur, de l'autre coté du désespoir... Je me retourne vers le mur, je cherche un murbleucomme le ciel et le trouve. On dirait un morceau de voûte céleste décroché du ciel de midi pour être installé ici. (...)
Tout va si vite que mon coup transporte le souffle d'un ouragan. Il percute le mur qui se brise comme un miroir, projetant une infinité de flocon de verrebleu. La lumière s'engouffre, la sortie ? Non, juste Aewyll. Aewyll qui me regarde avec un l'air de préoccupé de Brume, et la noblesse altière de la Princesse Bleue. (...)
La langue du serpent vient me fouetter, je la bloque d'un pied contre sa gorge, et la bête se dresse, se ruant soudain vers le plafond, tentant de m'écraser. Je hurle un avertissement à la Princessebleu. Elle se laisse tomber et se raccroche d'une main à la commissure des lèvres de la bête. Le choc est à nouveau rude, mais j'encaisse, tant et si bien que nous crevons trois plafonds à la vitesse de l'éclair. (...)
La lame percute la couronne, la brise en une pluie de glace prismatique, la lame continue son trajet et vient trancher l'avant bras de Lewellyn, qui glisse à terre lentement, dans une traînée de sangbleu. - Mon bras ! Mon bras ! Répète-t-il, MON BRAS ! Je me dirige vers lui tandis que la Princesse Bleue s'apprête à l'achever. (...)
Mais pas l'obscurité, la lumière émanant de mon aura éclaire un spectacle étrange et sinistre, le corps de dizaines de fauves blancs qui coulent, saignent, ou remontent vers la surface, laissant échapper des coulées de sang de leur sang blancs oubleu, étrange. Au loin, j'aperçois un survivant, nageant comme un chien pour s'éloigner d'une aura de lumière d'azur. (...)
Je ferme les yeux et réfléchis, me rappelle un jeune garçon, qui croyait en la justice, et un autre, qui m'en parlait fréquemment. Je voudrais le rejoindre, mais avant... J'ouvre les yeux, le ciel estbleuencombré de nuage d'or, rose et blanc. Je peux sentir les étranges perturbations de l'air qui accompagne la Princesse Bleue partout où elle va. (...)
Le soleil frappe sur son élu comme un sourd et je suis en sueur, harcelé sans cesse par les mouches, à tel point que je doute un instant de ces faveurs. Le ciel vire dubleuau jaune, puis au rouge sang. Quelqu'un dans l'OEil Céleste frappe sur une cloche en fer froid qui retentit sur toute la plaine, et les paysans rentrent chez eux tandis que les cieux s'assombrissent une bonne fois pour toute. (...)
Je sens ma main droite s'engourdir douloureusement dans un éclair glacé au contact de la carapace. Je croise son regard très, trèsbleu. La bête ouvre la gueule vers moi, mais mon autre main forme un poing qui percute violemment le sommet du crâne, lui enfonçant la tête dans le sol. (...)
Une intuition me fait lever la tête lorsque le nuage de poussière s'écarte d'un coup de ma personne, comme s'enfuyant aux quatre coins de la plaine du vent, révélant un désert de poussière brun et aride s'étalant à perte de vue. Soudain, les cieux bouchés par les nuages s'écartent à toute vitesse, révélant un cielbleuimmaculé et une explosion de soleil éblouissante, puis l'air explose littéralement. Il n'y a aucune comparaison. (...)
Je parcours les cinquante mètres de démence électrique au travers duquel le Trône d'Orage m'apparaît comme un fantastique monstre de jadebleuet de pierre grise dont les yeux de verre froid sont fixés sur moi, ces treize tours tendues vers le ciel. (...)
Mon regard balaye la cour séparant la première enceinte de la seconde. Je compte trois portes, dont celle principale, d'acier, sur laquelle des dragons de jadebleuont étés sculptés en bas-relief. Cette dernière est tentante, mais trop évidente. Je ne vois pas trop ce qui pourrait m'arrêter à part le manque de pouvoir, mais justement je veux en économiser le plus possible pour le Seigneur des Hauts Vents, aussi je choisis la discrétion. (...)
Je parcours des couloirs luxueux, tout de marbre blanc étrangement lumineux, jalonnés d'alcôves qu'habitent des statues de bronzes représentant des hommes, des femmes, ainsi que d'autre choses plus étranges, agrémenté, de jadebleu, le tout saturé d'essence, de pouvoir qui converge vers le coeur du Trône d'orage. A chaque pas, la chose qui me dévore les tripes s'anime, hurle silencieusement comme un fauve étrange, lorsque je contemple le luxe de cette habitation, et que je pense aux vies misérables, emplies d'amertumes et de vicissitudes que nous avons menées ma famille, mon village et moi. (...)
Au milieu de la grande salle ornementée d'inscriptions en langue ancienne, trône la statue d'un dragon de jadebleu, elle est entourée de cinq soldat armés de pied en cap, derrière eux, se tient un homme masqué, protégé d'une armure d'acier immaculée réfléchissante comme un miroir, les épaules couvertes d'une cape noire, aux longs cheveux tombant en une cascade de blancheur neigeuse dans son dos, et son regard,bleuet glacé comme la mort se fixe sur moi avant d'exploser dans une frénésie d'éclair. Enfin. Le Seigneur des Hauts Vents. (...)
Je serre les dents lorsque la douleur me traverse en deux éclairs rougeoyants. Mauvais. Ils sont capables de me blesser. Le Père de la princessebleurecule avec la grâce des vents dont il est le maître, et un scintillement métallique et effilé s'échappe de sa main vers moi dans un sifflement. (...)
Lorsque je frappe, mes poings crispés creusent des trous dans les murs, pulvérisent des piliers, soulèvent des vagues de poussières et répandent des ondes de choc, mais le Seigneur des Hauts vents m'est aussi inaccessible que l'azurbleudu ciel. Lui aussi manque sa cible, mais moins souvent que moi, ses dagues ont la puissance de la foudre, et sa foudre, une puissance au delà des mots. (...)
Je frappe, son masque se brise, le sol s'affaisse sous nous. Le Seigneur des Hauts Vents est un homme dans la quarantaine, beau, le regardbleuet glacé, la peau pâle, le visage orné d'un bouc, maintenant ensanglanté. Il ouvre la bouche, pour parler crois-je. (...)