Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : chevaux (10)(...) La brume est épaisse, presque du brouillard. Au-delà, on devine un ciel clair et bleu. La journée possède une beauté froide. Un deschevauxhennit. Les hommes parlent peu car il y a peu qui n'ait pas déjà été dit et parler, en ces instants, ajoute à la douleur sourde que nous pouvons ressentir. (...)
Lorsque le ciel vire au jaune, nous montons rapidement le camp autour du chariot. Boeuf allume un feu. Pigeon s'occupe deschevaux. Je fais descendre Brume du chariot. Je plante le bâton de fer qui est censé nous protéger des mauvais esprits et du Beau Peuple. (...)
Le vent gronde en permanence, fait tournoyer de façon cyclopéenne d'obscurs nuages gris autour du donjon principal, tandis que les rayons du soleil se déversent en cascade sur la toiture éclatante de la demeure du Seigneur des Hauts Vents. Nos capes claquent sous le vent, noschevauxnerveux, hennissent, sentant la tempête tenue en laisse par le pouvoir de cette demeure que l'on sent plus vieille que la nation du vent ellemême. (...)
Soudain, la voix d'un cor nous assourdit, et les portes s'ouvrent brutalement, laissant échapper un blizzard froid et puissant, Rude lâche un cri et manque de tomber, j'entends Brume crier, noschevauxhennissent, reculent, il nous faut lutter avec eux pour les empêcher de s'enfuir, et lutter avec nos consciences pour ne pas les suivre. (...)
Sans doute m'a-t-elle aperçu tout à l'heure finalement, mais rien n'est sûr. Maintenant je les entends si bien que je peux évaluer leurs nombres, cinq, peut-être sixchevauxet autant de cavalier, lorsqu'ils s'arrêtent, j'entends le cliquetis de leurs armures de maille. (...)
Une centaine de yourtes bougent sur la plaine, tirées par des buffles laineux. Tandis que des hommes et des enfants montent de petitschevauxet des chiens, mettant en bon ordre des troupeaux massifs de moutons et de chèvres. L'un d'eux me jette un regard méprisant. (...)
Je ne les comprends pas mais j'ai assez entendu d'histoire pour savoir qu'ils annoncent rarement de bonne nouvelle. Quelques minutes plus tard, viens la confirmation que je ne me trompe pas. Je découvre un tas dechevauxmorts, éventrés, et gelés. Les bêtes gisent, empilées en un tas grossier saupoudré de neige, leurs poitrines et leurs entrailles misent à l'air. (...)
Je me rue sur ce qui ressemble aux portes de bois des écuries. Je franchis les portes, traverses les écuries comme un spectre, leschevauxhennissent sur mon passage, autant pour la discrétion, et je croise un palefrenier qui hurle en se recroquevillant dans un coin de paille sur mon passage. (...)
Certains s'agenouillent, d'autres pleurent, la plupart restent stupéfaits, silencieux. Ils s'écartent sur notre passage. Nous prenons deuxchevauxdans les écuries. Lorsque nous sortons, la populace de tout ceux qui ne nous ont pas fuit nous suit. (...)
Mais il y a des gens et lorsque la Princesse Bleue reviendra, j'aimerais qu'elle retrouve un endroit qui possède encore un peu de décence. Puis sans un mot, je tourne bride. Brume me suit et personne ne nous arrête. Leschevauxhennissent, ont du mal à respirer au milieu de la purée de pois brunâtre. Nous chevauchons depuis deux semaines, et depuis une dizaine de jour, l'air est à peine respirable, saturé de poussière. (...)