Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : destin (29)(...) Rude ne voit le monde que d'un seul angle : le sien. - Tu... tu es le meilleur guerrier du village, c'est la fille de Regard Vif, c'est... c'est ledestin, non ? - Le meilleur guerrier du village ? Qui t'a raconté ça ? - Pigeon... Flocon... tous les autres au village. (...)
- Merci, mais nous n'avons pas le temps, dit-elle. « Je fais ceci car je sauve Jaï, mon mari, et mes enfants. Je lutte pour mondestinet un jour, je serai Shaman. » Je souris. Hakka fronce les sourcils, ne comprends pas. Bien qu'à moitié fou, comme tous les Shamans, il a l'air d'un type bien, mais ça me plait de le voir patauger. (...)
Pendant un instant, je pense m'enfuir, je pense à courir et aller me cacher au-delà de la frontière, pour trouver ledestinqui m'y attend, quel qu'il soit. Puis l'instant passe. J'ai fui trop souvent. Je me suis incliné, me suis rabaissé trop souvent. (...)
Je suis hors de la nation du vent. Je m'assieds et songe à Jaï et à Mahe. Au vieux Shaman, décidément, ledestina été cruel avec le shaman : Sa tribu est sauve, mais il est mort et j'ignore si Mahe et Jaï vivront. (...)
- Vois tu, l'essence, n'est que l'énergie, et la Création, ce que vous appelez le monde, obéit à des règles, à un ordonnancement que l'on appelle ledestin: la gravité, le temps, l'espace... Mon froncement de sourcils s'accroît. Nous sortons d'un corridor immaculé, passons au-dessus d'un pont de glace magnifique, fait de dentelle de glace qui traverse une salle de grotte emplie de stalagmites et de stalactites aiguisés comme des rasoirs, renvoyant des arcs en ciels de lumières prismatiques. (...)
- J'étais un diplomate, répondit-il à la question sans que j'aie dit quoi que ce soit, « Je dois admettre que ledestindes hommes me laisse indifférent, mais lors de la grande croisade que mena mon peuple pour détruire votre monde, j'ai entendu parler des tiens. (...)
Tu pourras faire revenir ta femme et tes enfants, autant de fois que tu le désire, mais voilà ce qui les attend, et si tu détruis cette chose qu'on appelle ledestin, ce ne sera pas réel...parce que c'est ledestinqui rend les choses réelles, et précieuses à vos yeux. - Par les dieux... Je ne les invoque pas souvent, mais l'occasion me semble appropriée. (...)
- L'âme de ceux-ci est dévorée presque entièrement, mais ce n'est que ce qui attend les simples mortels. Va voir le bloc de glace bourdonnant si tu veux voir ton «destin». Ton sibyllin. Je me tourne vers elle. Elle sourit de la même façon cruelle que j'ai vue chez certaines petites filles qui faisaient avaler des insectes à Brin d'Herbe. (...)
- J'avais une dette, dis-je. Laisse-nous partir. - Je t'offre le pouvoir ! Je t'offre d'être libéré dudestin! - Le vrai pouvoir, dis-je, c'est de forger sondestin. Lewellyn reste soudain coi, du coin de l'oeil. J'aperçois Aewyll en train de se tapir derrière un des blocs de glace avec la même grâce prudente qu'Aube Grise lorsqu'elle était petite fille. (...)
le temps ralentit ... (verbe transitif, pas de « se », le temps ralentit) Plus de limite, je forge mon propredestin... Je rugis, ma main saisit le col de Lewellyn, et le rejette vers la Princesse Bleue. Il vole vers elle avec la grâce d'une vache ivre lancée à pleine vitesse par une tornade. (...)
Le frottement de sa peau pâle contre la mienne ressemble à une promesse de paradis, mais la morsure électrique de son aura et le souvenir dudestinde Boeuf Assoiffé coupent largement mes allants. Malgré la douleur, mon pouvoir me préserve des effets ravageurs du sien. (...)
Aewyll marche à nos côté, la seule grâce de ses mouvements me transperce mon coeur, tant il à la fois ils sont inhumains et me rappellent pourtant Aube Grise. - Tu penses que c'est ledestin? Mes propres paroles me mettent un drôle de goût dans la bouche. - Pas ledestin, dit-elle, la volonté de Lewellyn, il te voulait, il le savait, depuis le début. Il a attendu comme une araignée que tu te jettes dans sa toile. (...)
- C'est fini, dit-il. Je t'ai laissé une chance, tu aurais pu partir, mais tu n'en as fait qu'à ta tête. C'est ledestin, j'imagine. Sa voix est froide, glacée. Je sue à grosses gouttes. Je sens la mort s'approcher près de moi, soulever des brises trompeuses pour m'égarer. (...)
Je veux croire que je ne suis pas un monstre. Je veux croire qu'il y a une justice dans ce monde. Je veux croire que je peux forger mon propredestin. Je veux croire que ma famille n'est pas morte en vain. Je frappe, je frappe à nouveau, encore et encore, jusqu'à ce que le sol cède et les restes de son visage aussi. (...)
- Tout va bien, dis-je de ma voix la plus rassurante, c'est fini. C'est pour ça qu'il a détruit le village, il avait vu sa mort... Ledestin... d'abord, je pense au tour de cochon qu'il nous a tous joué, mais Brume tombe à genoux, et m'assène la vérité. (...)
- Ah non ? Ma femme et mon fils non plus, Boeuf a grillé comme une sardine sur le feu, il a choisis sondestinpour me sauver, moi et ceux du village. Toi, tu as vu tondestin, hein ? Et tu as choisi de sacrifier les autres pour sauver tes fesses, et tous tes efforts ont échoués : Le soleil m'a élu, j'ai tué le Héraut, j'ai tué le Seigneur des Hauts Vents, j'ai détruit le Seigneur de la faille... (...)
L'un des membres du village serait élu par le soleil, l'un des membres du village me tuerait ! - Pourquoi ? Pourquoi as tu fais ça ? - Parce que je voulais prendre mondestinen main ! Je ne voulais pas mourir, je voulais une autre vie ! Shaman, tu parles ! : Toujours seul, toujours en dehors du village, peut-être pour vous aider à éloigner les morts, ah ça oui ! (...)
Les légendes disent que les élus du soleil et ceux des dragons sont ennemis, alors j'ai prévenu le Seigneur des Hauts Vents grâce à Brume, mais ledestin... c'est injuste ! Ledestin, répète-t-il, ledestin... J'éclate de rire. Je frappe, mon poing s'abat sur la pierre au dessus de sa tête. La pierre lui dégringole dessus, il hurle. - La ferme ! Il se tait. - Tu as de la chance, shaman. J'en ai assez de tuer, j'en ai assez dudestin, des prophéties et de la mort. Je ne suis pas le prisonnier dudestin, je ne lui obéis pas, je suis mon seul maître ! Mais tu as tué ma famille, notre village et tu ne vas pas t'en tirer comme ça ! (...)
Je sors, me laisse glisser jusqu'en bas pour rejoindre mon cheval qui piaffe d'impatience, prêt à repartir. Je remonte sur le cheval et observe l'horizon. Je ne l'ai pas tué. Je suis libre. Je forge mondestin. Je lance un dernier regard vers la grotte et je vois Brume en sortir. Elle descend vers moi et s'approche. (...)
- J'essaierais quand même. Ma vie et ma mort m'appartiennent. Ce sont les feux qui m'aident à forger mondestinet qui me permettent de dire que je suis un homme libre. Mais il y a toujours un prix. Es-tu prête à en payer le prix ? (...)
Ma famille se trouve parmi eux et je ne leur ais pas encore tout dis. Je suis libre, et si je peux me libérer dudestin, il y a peut-être une justice dans ce monde, et si c'est le cas, alors, je retrouverai ceux que j'aime. (...)