Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : glace (77), glacé (7)(...) Je m'écarte et guette l'horizon en quête de danger. Il y a trois jours de voyage avant d'arriver au trône deglace, la demeure du Seigneur des Hauts Vents. Je garde l'oeil ouvert. Le Seigneur des Hauts Vents veille sur la région. (...)
Il existait des cités gigantesques où chaque homme possédait un, voire plusieurs chariots volants qui lui permettraient aujourd'hui de rejoindre le Trône deglaceen quelques heures à peines, allant plus vite que les oiseaux... » Boeuf Assoiffé ri franchement. (...)
Il tente de ramper mais la bête le retient de ses membres surnuméraires. Puis elle vomit un souffle de brouillard gluant, gris etglacésur lui, tout en me regardant de son regard rouge sang. Je dégaine mon épée et je bondis. Près d'elle, l'air est si froid que ma lame se couvre de givre et vole en éclat lorsqu'elle frappe entre ses deux yeux. (...)
une bête de la faille, elle le lui a craché dessus. - Je sens plus mes jambes ! C'est OEil Vert. - C'est froid ! Ca à durcit... on dirait de laglace... La panique perce dans la voix de Pigeon. La panique perce dans mon esprit, dans le regard de Rude qui s'éloigne, effrayé. (...)
Pigeon et moi échangeons un regard. Je hoche la tête, nous n'avons rien à perdre. - D'accord ! dit-il. - Bien, il faut faire fondre laglace, réactivez le feu et suspendez-le au-dessus ! - On va le cuire ! S'écrie Pigeon Fou ! - Oui, c'est un peu ça ! (...)
Nous exécutons ses ordres. Boeuf revient nous aider. Nous suspendons OEil Vert au-dessus du feu et faisons fondre l'étrangeglacequi l'enveloppe tandis que Pigeon Fou et Brume soignent ses plaies autant qu'ils peuvent. Elles sont nombreuses, certaines profondes, et OEil Vert ne tarde pas à perdre connaissance. (...)
La plaine se vallonne peu à peu au fur et à mesure que nous approchons du Trône d'Orage, des bois apparaissent lentement dans les décors. Le second jour, lors de la tombée de la nuit, nous apercevons le Trône deglace: une étoile bleue brillant d'un éclat bleuté, au sommet d'une hauteur enchâssée dans un écrin de forêt. (...)
- Notre vie ne tient qu'à un fil, fiston. C'est Pigeon. Je soupire. Une colère froide me prend et meglaceles veines. - Est-ce que ça change vraiment de l'habitude ? - La ferme, Ciel Noir ! C'est Boeuf. (...)
Je suis surpris un instant par leurs arrivées tardives, puis je comprends : ils ont attendu que les Aïnouks se soient bien ravitaillés pour les empêcher de prendre la fuite trop rapidement. Mon coeur bât à tout rompre. Une sueur froide meglacel‘échine. Hakka a été fou de me sauver. Je repense au regard du Héraut, au pouvoir de la Princesse Bleue, du Seigneur des Hauts Vents et du Trône d'orage. (...)
Le soleil est tombé puis a émergé à nouveau depuis mon combat avec le Héraut, il l'a fait à nouveau lorsque j'ai atteint ce petit bois de bouleaux et de buissons chiches. Je suis un Anathème. Pourquoi ? Si seulement c'était arrivé au Trône deglace! La fureur m'envahit, un instant, je frappe un jeune arbre tout proche. L'arbre s'effondre mais la douleur est fulgurante : mauvais bras ! (...)
Les buissons blancs semblent presque me narguer, je ne les touche pas. Finalement, je tente de repérer un endroit ou laglacea complètement recouvert la faille. J'en trouve quelques uns, et je choisis celui où laglaceparait le plus solide. Je voudrais prendre encore un moment de repos, mais ma gourde d'eau est vide et la lune est presque pleine et il est mauvais d'errer près du domaine du Beau Peuple à ce moment. (...)
C'est dans ces lieux que le plus souvent, ils perdent la raison à cause du vent. J'évalue qu'il me faut encore une cinquantaine d'autres pas avant d'arriver jusqu'à laglacerecouvrant la faille, une trentaine sur laglaceellemême et une cinquantaine sur la zone enneigée de l'autre coté de la faille. J'aurais pu prendre une étendue de neige moins large, mais laglacede ces endroits me paraissait moins épaisse, plus transparente et moins solide. Je marche prudemment. (...)
Cette histoire de neige noire, que m'a un jour racontée Pigeon Fou : dans le nord lointain, il arrive parfois que de sombres nuages laissent tomber une neige sombre qui obscurcit la peau de ceux qu'elle touche, et qui laisse les corps de ces derniers calcinés sans même qu'ils aient brûlés. J'essaie de ne pas y penser. Toujours rien. J'arrive au bord de la zone deglace, elle est légèrement recouverte de neige, mais elle est essentiellement opaque, comme certains étangs en hiver. Je me donne une chance sur deux, plus si je suis assez rapide. Je lève un pied et le pose sur laglace. Elle semble tenir. Je donne un coup prudent, le bruit de l'impact est sourd, c'est bon signe. (...)
Mon souffle s'élève en nuage de vapeur, car plus j'avance, plus le froid est mordant. Vers le milieu du pont naturel, il est polaire, mais il n'y a pas de neige et laglaceressemble à du verre et j'y perçois mon reflet : un homme de taille moyenne, le visage couvert d'une maigre barbe, large d'épaule, aux cheveux noirs et à la peau mate, les yeux légèrement bridés. (...)
Il y a longtemps que je ne me suis plus vu. J'ai l'impression d'être étranger à moi-même. Soudain, mon reflet dans laglacece fissure, tout seul, sans raison. Je recule, mais laglacecontinue à se fissurer rapidement sous mes pieds dans un grincement sinistre. Je jure, cours vers la neige de l'autre coté, mais laglacecontinue de craquer tout autour de moi, je la sens céder rapidement sous mes pieds. J'entends l'un des blocs tomber dans le vide derrière moi dans un sifflement rauque, puis un autre fait le plongeon devant moi, entraînant un pan entier du pont, un autre sous mes pieds. (...)
Je n'ai pas le choix. Je bondis. Ma hanche me tire, m'empêche de prendre un élan correct. J'atterris au bord de laglace, m'y raccroche un instant, et je fais exploser le fleuve d'énergie qui se fond à nouveau dans mon corps lorsque je glisse et que mes doigts nus creusent laglacecomme des serres pour m'agripper. Je me hisse désespérément. Peine perdue. Laglacecède sous moi. Je tombe comme une pierre dans les ténèbres. Les ténèbres ne durent pas. Je chute tête la première. (...)
La chute est interminable, la vitesse effroyable, et les parois s'étrécissent à nouveau, mais faites d'uneglacebleutée étrange, je tente de l'attraper malgré tout pour tenter de me ralentir. Je glisse, tourbillonne dans l'air un moment, puis aperçois le sol couvert de neige teintée de bleu qui se précipite vers moi. (...)
Je suis percuté par un dieu en colère, le son du choc est son rugissement. Je roule dans de la neige, glisse sur de laglace. Etourdi, je n'ai même pas le réflexe de me rattraper. Je bascule à nouveau dans le vide puis le dieu de chutes violentes me frappe à nouveau, rageur. L'impact, sourd et brutal, achève de me couper le souffle. La neige et laglaces'élève autour de moi, scintillante de l'éclat de mon pouvoir, puis me retombe dessus lourdement. (...)
Il faut que je m'entende respirer pour me rendre compte que je suis en vie. Je suis presque enterré vivant dans laglacequi se trouve sous la couche de neige. J'ai toujours mal au bras, ma hanche reste douloureuse lorsque je tente de la bouger mais elle répond néanmoins. (...)
Je remarque le bruit du vent, pareil à une centaine de hurlements simultanés. Je lève la tête, mais n'aperçoit que la pénombre bleutée de la voûte deglaceau-dessus de moi, scintillante de lumière d'or dans une pénombre bleutée : beauté, pouvoir et terreur. (...)
Je prends une inspiration puisant jusqu'au coeur du fleuve d'énergie qui coule en moi et lorsque j'expire, relâche le pouvoir, je le sens réchauffer mes muscles, apaiser la douleur, et m'animer d'une énergie étrange tandis que l'aura d'or se développe encore plus, s'anime. Là ! Je l'aperçois dans le reflet de la paroi deglacepolie comme un miroir. Un taureau noir aux yeux d'or, deux ailes blanches émergeant de son dos d'ébène. (...)
Il fait froid, il faut que je parte d'ici. Je me mets en marche tant bien que mal. Plutôt bien, étant donné les circonstances. Les murs deglacesont lisses et sans prise comme de gigantesque miroirs. Impossible de grimper. Je longe le fond de l'endroit, couvert d'une neige qui me monte souvent jusqu'aux genoux et qui épuiserait n'importe quel homme au bout d'une heure. (...)
Au bout d'un court moment je sens le pouvoir qui sature presque les lieux, canalisé par les courants froids, par la plaine et les vents, par la faille, il nourrit le mien, comme une source dont l'eau finit par nourrir l'océan qui semble se cacher au fond de moi. Puis soudain, les parois deglacese couvrent d'inscriptions dans la langue ancienne et de dessins étranges aux motifs hypnotiques. (...)
J'évite le coup de griffe du premier d'une roulade en arrière, du coin de l'oeil, j'aperçois la traînée d'étincelle que laissent les griffes lorsqu'elles atteignent le bloc deglacenon loin de moi. Je recule en arrière. L'endroit y est plus étroit et j'espère rendre leur supériorité numérique sans objet. (...)
J'en entends un autre sauter par dessus nous deux pour me prendre à revers, et un autre sauter sur un bloc deglacesitué 3 mètres plus haut. Je lâche une fraction de seconde le monstre avec lequel je lutte et j'agrippe le pouvoir pour le libérer dans le mouvement suivant. (...)
Je n'ai pas l'espace pour armer mes coups, néanmoins j'en envoie quelques uns bouler et même si je suis rapidement couvert d'un sang blancglacé, l'intensité du combat me tient chaud. Ils grognent, hurlent, griffent, mordent et frappent. Ils n'éprouvent pas la peur et la douleur les excite davantage encore. (...)
La plupart du temps, je suis contraint d'uniquement me défendre. Dans un éclair, j'aperçois le taureau ailé qui suit mes mouvements dans un reflet deglace, parfois, mes gestes et ceux du taureau se confondent. Combien en ai-je abattus ? Une trentaine, peut-être. (...)
Un groupe d'entre eux s'écartent et une vibration continue parcours le sol à nouveau. Mes yeux s'écarquillent lorsqu'à quelques mètres de moi, un pilier deglaces'élève de dessous la neige, garnis de sculptures lascives, d'inscriptions étranges formant un ornement à la froide beauté baroque. Tout au sommet, sur un trône deglaceparfaitement transparent, une créature dont la seule vision me fend le coeur. Ses yeux totalement blancs fument de froid, lâchent de longues colonnes de brume prismatique s'envolant vers le ciel. Sa peau, son corps entier sont fait deglaceet ses traits semblent avoir été sculptés comme par un divin artiste. Lisse, sans défaut, un physique de danseur. (...)
Ses cheveux sont du blanc éclatant de la première neige. Ses vêtements ne sont qu'une mosaïque d'armure deglace, de lacets de givre et de tissus de neige sans fin à la complexité démentielle, garnie de joyaux bleus et blancs, parfaitement ciselés et incrustés dans ses vêtements même. (...)
Je projette le peu de pouvoir qui me reste dedans et je traverse les airs si vite que l'air hurle et siffle sur mon passage. Lewellyn tend simplement le bras vers moi et soudain la fraîcheur de sa main deglaceest sur mon visage, les doigts lisses et doux comme la neige se referment sur ma tête lorsqu'il réceptionne ma charge coup comme un père réceptionne son fils à son retour, pendant une fraction se seconde je suis stoppé net, suspendu dans les airs, et j'aperçois son visage parfait, ravi, presque extatique entre ses doigts. (...)
Nous pourrions nous entretuer, mais c'est exactement ce que ceux qui nous ont amenés ici attendent, alors... Soyons alliés ? Il observe son reflet et le mien dans le mur deglace. Je cherche une faiblesse dans ses arguments, n'en trouve pas. Le pouvoir revient, je le sens mais trop lentement. (...)
Je m'attends à oublier qui je suis, à devenir son esclave, à fondre comme de la neige, ou à simplement disparaître et mourir, mais rien ne se passe. Au début. Puis la terre tremble, et son reflet dans le mur deglacesourit, se divise en deux en même temps que l'immense paroi qui révèle une lumière bleuâtre aveuglante. (...)
Je m'avance vers l'endroit, m'arrête devant le seuil, l'impression de faire une bêtise est poisseuse, rampante dans mon esprit. - Excuse-moi, dit la créature revêtue de neige et deglace, mais pourrais-tu entrer ? J'aimerais éviter les courants d'air ! Le ton est badin et j'ai du mal à ne pas rire de la plaisanterie. (...)
Je prends une inspiration, et je franchis le seuil en espérant que cela ne soit que de la lumière. La demeure de Lewellyn ressemble à un rêve d'enfant. Tout l'endroit semble avoir été bâti dans laglaceet saupoudré de neige, pourtant il y fait bon, l'endroit est chaud, confortable, la neige ne fond ni ne colle, mais elle est moelleuse et amortit tous les angles durs de sa demeure. (...)
Nouveau rire, je ne peux m'empêcher de sourire. Nous marchons le long de l'allée centrale, toute pavée d'un sol deglaceet recouverte d'un tapis de neige blanche immaculée. Devant nous, deux gigantesques rideaux de tissus s'écartent sous notre passage. (...)
Il repart, sans se départir de son sourire, je le suis, mais malgré la chaleur, une sueur froide s'écoule dans mon dos. Ma chambre est une pièce deglacebleue, et mon lit un bain de neige moelleuse et tendre comme du duvet d'oie et tiède comme le sein d'une femme. (...)
D'autres tortues creuses glissent tout aussi silencieusement sur les tapis de neige, gracieusement, parfois elles collent sur les murs ou aux plafonds, et n'y glissent pas moins comme sur de laglace. Aewyll marche à mes côtés usant de la démarche de Brume, me présentant chaque pièce, des bains emplis d'un lait blanc immaculé, et brûlant comme une fièvre, et qui ne fait même pas fondre les piscines de glaces qui les contiennent. (...)
Mon froncement de sourcils s'accroît. Nous sortons d'un corridor immaculé, passons au-dessus d'un pont deglacemagnifique, fait de dentelle deglacequi traverse une salle de grotte emplie de stalagmites et de stalactites aiguisés comme des rasoirs, renvoyant des arcs en ciels de lumières prismatiques. Le spectacle est grandiose mais je tente de me concentrer sur Lewellyn. (...)
Et Lewellyn s'élance, se jette du pont dans le vide vers les Stalagmites sans un cri, sans un avertissement de plus. Je me précipite au bord du pont, mes yeux contemplent sa chute. Mes entrailles seglacelorsqu'il s'empale avec un bruit sec et dur sur une stalagmite, laissant une traînée de Sang-bleu sur le monceau aiguisé de métal, embrochés sinistrement. (...)
J'ai froid, et le regarder caresser le corps d'Aewyll me donne encore plus froid, me donne l'envie de le tuer. Il sourit. Ma voix est deglace. - Tu as fait tout ça pour me dire que nous n'avons aucune chance ? - Non, il lâche Aewyll, sourit et reprend sa marche. (...)
Tu as tout le temps de l'univers, ici. Il s'en va, son rire inhumain résonne dans les couloirs du palais deglace. Les portes se referment brutalement dans un claquement sourd. Pénombre. Je me réveille. Combien de temps ais-je dormi ? (...)
» Des ombres formées par la lumière du soleil bleu prennent forme, la plupart multicolores et parfaites, dissolvant de leurs couleurs des nuées d'ombres simples de mortels dans un massacre de lumière. Un vent jaillit du néant se lève, et son souffle, passant a travers les murs et les dentelles deglacese transforme en hurlement, en cris de douleurs. La mise à mort du monde.... Un frisson me parcourt. (...)
La porte se ferme, me laissant dans les ténèbres, seuls avec ma peur. Le domaine de Lewellyn chante. Parfois, le vent se lève et fait tinter laglacecomme le carillon lointain d'un million de clochettes d'argent. Ce bruit m'accompagne alors que je rase les murs pour trouver une sortie à ce domaine. (...)
J'essaie de relâcher le fleuve de pouvoir dans mes gestes comme lorsque je me bats, mais rien ne vient, et mes pas me donnent l'impression d'être assourdissants sur le sol deglacebleue, translucide et ornementée. Des bruits de grognement, bruit de pas, parfois même un rugissement résonnent, je m'aplatis lorsque je les entends et ne bouge plus jusqu'à ce qu'ils s'éloignent. (...)
Soudain, la lumière se fait moins forte. Je suis dans une salle immense enneigée, glaciale, et je vois de nombreux blocs deglace, jonchant le sol. Lorsque je lève la tête, j'aperçois un plafond, dont les stalactites me rappellent autant de canines menaçantes. Au centre, il y à un autre bloc deglace, ou plutôt, un bloc de verre dont émane un étrange bourdonnement. Je m'en approche lorsque la voix d'Aube Grise résonne dans la salle, sur le ton posé de Mahe. - Avant d'aller au centre, regarde le bloc deglaceà ta gauche. Je me retourne. Aewyll hoche la tête vers le bloc deglace, de la même façon doucement autoritaire que la Princesse Bleue. Je m'approche, redoute le piège, mais il y a quelque chose derrière la neige qui recouvre laglace, dans laglaceelle-même, quelque chose de vaguement familier... Je frotte laglaceet rencontre un regard de terreur pure, figé dans laglace. Je recule, trébuche sur mon séant et m'éloigne sans pouvoir quitté ce regard, cet homme des yeux. Chien Enragé. En reculant, mon dos heurte un autre bloc, la neige qui le recouvre s'effrite et tombe, je reconnais l'homme dans celui-là aussi : l'un garde du Maître des Hauts Vents. Ils sont figés dans laglace, terrifiés, terrorisés, pour toujours. J'ai le souffle court, ma voix est basse : - Qu'est-ce que c'est ? (...)
- L'âme de ceux-ci est dévorée presque entièrement, mais ce n'est que ce qui attend les simples mortels. Va voir le bloc deglacebourdonnant si tu veux voir ton « destin ». Ton sibyllin. Je me tourne vers elle. Elle sourit de la même façon cruelle que j'ai vue chez certaines petites filles qui faisaient avaler des insectes à Brin d'Herbe. (...)
Je m'approche plus près encore du bloc de verre, et au milieu de la lumière éblouissante, j'aperçois une silhouette féminine à la crinière bleue, en armure d'acier, brandissant une épée de jade chargée d'un éclair figés pour l'éternité dans laglacetelle une statue. Les mots du Hérauts me reviennent : « Tu as fait disparaître la Princesse Bleue. (...)
D'ici deux, peut-être trois siècles, ce ne sera plus qu'une vieille Sang-dragon pourrissante. En quelques enjambées, elle parvient de l'autre coté de la salle, et ouvre une porte deglacebleue, encadrée d'une arche de marbre qui donne sur vers les ténèbres. - Va-t-en ! dit-elle avec la voix de Mahe. (...)
Je frappe, lâchant un flot d'essence dans le geste, et c'est comme un fleuve qui rompt subitement un barrage. Je pulvérise laglacede verre, et un éclair formidable vient me heurter aussitôt. Par réflexe, le pouvoir s'interpose entre moi et l'impact, pour le mieux : je suis projeté à une dizaine de mètres de là, comme un fétu de paille. (...)
Lewellyn reste soudain coi, du coin de l'oeil. J'aperçois Aewyll en train de se tapir derrière un des blocs deglaceavec la même grâce prudente qu'Aube Grise lorsqu'elle était petite fille. Le sifflement de son serpent s'enfle tout à coup, ses yeux se mettent à briller comme des lunes bleues, se redressant comme pour prendre son élan, il crache une lumière blanche teintée d'arc-en-ciel qui inonde tout. (...)
La lame de Lewellyn laisse des traînées flocons de neige dans son sillage, des arcs électriques jaillissent et parcourent les deux lames à chaque contact, puis finalement, la lame de jade atteint le Duc de la faille à la tempe, elle lui aurait tranché la tête dans la longueur s'il n'avait pas détourné la tête. La lame percute la couronne, la brise en une pluie deglaceprismatique, la lame continue son trajet et vient trancher l'avant bras de Lewellyn, qui glisse à terre lentement, dans une traînée de sang bleu. (...)
J'atterris près d'elle, l'humidité rend le rocher glissant et mon équilibre précaire, mais peu importe : le pouvoir est encore assez puissant en moi pour permettre à mes doigts d'avoir assez de force pour y creuser des sillons dans la roche auquel me retenir, mais l'eau continue à monter, laglacefond sur les parois. Je lève la tête vers le ciel. Il est là, à peine visible entre les deux parois titanesques qui forment la faille, mais il est bien là. (...)
Sa réplique me réduit au silence, puis l'instant d'après, le vent, le vrai vent, pas ce gigantesque courant d'airglacéqui balaie la faille me caresse à nouveau le visage. La neige longe toujours la faille, mais au-delà, il y a l'herbe jaunie par le soleil, qui ondule tranquillement, ses racines creusant tranquillement la terre et faisant bourgeonner un espoir printanier dans mes pensées. (...)
La chose s'agite dans tous les sens comme un chat pris au piège, et elle glisse dans un nuage de poussière vers moi, cliquetant de surprise. Je sens ma main droite s'engourdir douloureusement dans un éclairglacéau contact de la carapace. Je croise son regard très, très bleu. La bête ouvre la gueule vers moi, mais mon autre main forme un poing qui percute violemment le sommet du crâne, lui enfonçant la tête dans le sol. (...)
Celle qui à tuer Chien Enragé avait les yeux rouges, celle-ci a les yeux bleus, mais lorsque je la rattrape elle paie pour l'autre, toutes les autres. Le lendemain, je prends ses dents, des choses froides comme laglaceet blanche comme l'ivoire, en guise de trophée, ainsi qu'une de ses plaques dorsales, tout aussi froide et je me remets en route. (...)
Finalement, sans trop savoir comment, je me retrouve sous une énorme roche, la grêle retentissant, explosant en minuscule éclat deglacesur la pierre au-dessus de ma tête. Cela dure un bon moment : trois bonnes heures en fait, quelques rongeurs en manque d'abris prennent le risque de venir se blottir près de moi plutôt que de rester sous le déluge. (...)
Les bêtes, plus malignes, ont fichu le camp depuis longtemps, mais les grêlons tombent toujours, ont brisé les premiers et les ont fait fondre d'autant plus vite. Malgré tout, il ne fait pas si froid, et la masse deglacequi est tombée du ciel est en train d'inonder la forêt. Je réfléchis un instant : mourir noyé n'est pas une option. (...)
La cuisine est somptueusement équipée, je la balaie du regard lorsque tout à coup, mon pied glisse, comme si j'avais mis le pied sur de laglaceet la chute m'entraîne à l'intérieur de la pièce. Je tente de me remettre debout, en vain, je suis aussi ridicule qu'un chien sur un lac gelé. (...)
Au milieu de la grande salle ornementée d'inscriptions en langue ancienne, trône la statue d'un dragon de jade bleu, elle est entourée de cinq soldat armés de pied en cap, derrière eux, se tient un homme masqué, protégé d'une armure d'acier immaculée réfléchissante comme un miroir, les épaules couvertes d'une cape noire, aux longs cheveux tombant en une cascade de blancheur neigeuse dans son dos, et son regard, bleu etglacécomme la mort se fixe sur moi avant d'exploser dans une frénésie d'éclair. Enfin. Le Seigneur des Hauts Vents. (...)
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase, l'instant d'après, l'anima du Sang-dragon explose dans une fureur de vent polaire, de cristaux de neigeglaceet de lumière d'azur. Un millier de shrapnels deglacefusent vers moi dans une explosion de lumière blanche, instinctivement, je pare l'essentiel du coup d'un geste vif et ample de la main, qui crée une onde de choc, bref mur d'air invisible devant moi sur lequel viennent s'écraser l'averses de glaces, et je le charge. En pure perte. (...)
Victoire sans objet, car la seconde d'après, le Seigneur des Hauts Vents revient à la charge, accompagné de ses foutues dagues infernales, de sa foudre et saglace. Je pousse un cri de rage dont l'écho est sans fin. Il attaque si vite que je perds le fil du combat, apparaissant et disparaissant, je donne des coups au hasard, je ne le vois plus, ma réserve de pouvoir s'étiole. (...)
Soudain, quelque chose percute ma colonne vertébrale, la cisaille presque, mes jambes se dérobent sous moi et je me retrouve étendu par terre. Un rire calme etglacéqui résonne au milieu des ruines. Je tente de reprendre mon souffle, de me concentrer, de respirer. (...)
Je frappe, son masque se brise, le sol s'affaisse sous nous. Le Seigneur des Hauts Vents est un homme dans la quarantaine, beau, le regard bleu etglacé, la peau pâle, le visage orné d'un bouc, maintenant ensanglanté. Il ouvre la bouche, pour parler crois-je. (...)