Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : horizon (13)(...) Quelques talismans de fer froid pour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. (...)
Je m'approche et j'entends la voix triste de Brume qui porte une balade comme une mère porte son enfant mort-né. Je m'écarte et guette l'horizonen quête de danger. Il y a trois jours de voyage avant d'arriver au trône de glace, la demeure du Seigneur des Hauts Vents. (...)
- Sache, jeune chiot, que le Seigneur des Hauts Vents n'est pas le fils de Mela, dit-il, c'est un élu divin, pas juste le rejeton d'une amourette divine. Rude Automne regarde autour de lui. L'air inquiet, dans l'horizonobscurci de la plaine, s'attendant sans doute à voir un châtiment divin fondre sur lui. Il est tellement drôle qu'il me fait sourire. (...)
Rude pose un tas de question, Pigeon y répond. OEil Vert se réveille, souffre, gémit et se rendort. Boeuf et moi surveillons Brume et l'horizon. La plaine se vallonne peu à peu au fur et à mesure que nous approchons du Trône d'Orage, des bois apparaissent lentement dans les décors. (...)
Le décor reste le même, les seuls points de repères sont des arbustes verts ou blancs et quelques buttes qui se dressent occasionnellement et découpent l'horizon. Si vide que lorsque l‘on sort du chemin, on navigue à l'instinct et aux étoiles comme des marins perdus dans un océan vide. (...)
Le soir tombe lorsqu'un grondement similaire à celui du tonnerre roulant dans la plaine m'avertit que la Princesse Bleue m'a retrouvé. Ce n'est encore qu'un sombre nuage de poussière dans la steppe, rampant à toute vitesse sur l'horizonrouge sang, tel un monstre cyclope, dont l'oeil serait une étoile projetant une lumière bleutée. (...)
Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. Je regarde l'horizonbleu baigné du soleil de l'après-midi. Le ciel est bleu, la plaine semble presque dorée tant il a frappé dessus. (...)
Devant moi, Lewellyn se lève, fait un geste de la main, et son gigantesque serpent glisse, pivote avec la puissante d'une tornade, sa queue balaie l'air vers moi et me percute. Le choc tuerait un boeuf et l'enverrais par delà l'horizon, un influx de pouvoir, et il ne m'égratigne même pas mais l'impact me repousse en arrière, et mes pieds laissent deux larges sillons dans le sol alors que je m'échine à de rester debout. (...)
Et toute sa personne est Aube Grise, et toute sa personne est Brin d'Herbe, et moi, je ne suis plus qu'un homme seul, poussé par sa seule volonté et l'écho de la puissance du soleil, qui disparaît à l'horizon. Création finit par rompre l'instant envoûtant tissé par la Raksha. Mais le monde est incapable de rompre le souvenir de notre séparation, au contraire, alors que les kilomètres s'ajoute les uns aux autres, la nuit, sinistre comme une auge à cochons après la visite d'une bande de loups affamé ne fait que rendre les souvenirs d'Aewyll plus vivaces. (...)
Il n‘a rien d'autre de remarquable que le fait d'être le plus haut village de toute la nation du vent, situé sur l'une des très rares collines de la plaine. De là, ils peuvent apercevoir une bonne partie de la plaine jusqu'à la limite de l'horizon. Un endroit facile à garder, et privilégié par les rares caravanes marchande de la guilde qui passe dans la nation du vent. (...)
Chaque pas devient un effort, quand soudain, j'entends un grondement devant moi, qui englouti même le hurlement du vent. Je nettoie mes yeux, et j'aperçois l'étendue de la menace : tout l'horizonse soulève, une raz-de-marée de poussière qui dévale la steppe telle une vague titanesque qui déferle sur l'univers comme un monstre avide. (...)
Le panorama a quelque chose de la fin du monde : les abords directs du Trône d'Orage fument encore de l'averse d'éclairs ; l'air est vif, comme pris d'une sourde colère, saturé d'électricité ; le vent souffle si fort qu'il m'assourdit presque : un baiser, une caresse, de sa part après ce que m'a fait subir le Seigneur du Trône d'Orage. A l'horizon, la plaine a changé de couleur, les étendues vertes et or des pâturages de l'été sont devenues de mornes et sombres étendues brunes de terre retournée, plongées dans l'obscurité de lourds nuages parcourus d'éclairs qui s'abattent au loin sur la plaine, sauf dans la direction d'ou je suis arrivé. (...)
Je sors, me laisse glisser jusqu'en bas pour rejoindre mon cheval qui piaffe d'impatience, prêt à repartir. Je remonte sur le cheval et observe l'horizon. Je ne l'ai pas tué. Je suis libre. Je forge mon destin. Je lance un dernier regard vers la grotte et je vois Brume en sortir. (...)