Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : pris (10)(...) C'est un déchirement que de voir ainsi parfois des familles s'éteindre, mais les âmes se déchirent silencieusement et crânement car désobéir au maître du vent coûte très cher. Alors des arrangements sontpris, des serments prononcés entre nous, et nous supportons notre maître car il est le moins pire des maux qui errent à l'orée de nos existences. (...)
Nuage Bleu tousse et crache un halo de fumée qui lui a donné son nom. Ce dernier fume depuis qu'il a huit ans. Ces derniers temps, il est souventprisde toux et les remèdes contre la grippe de Regard Vif ne semblent pas faire effet. Bientôt, il aura sans doute un ancien de moins. (...)
Comme les autres, je me suis levé le coeur battant, l'épée à la main, la peur au ventre, les yeux fouillant les brumes du matin désespérément pour comprendre ce qui se passait. Rien, à part Boeuf, qui criait et hurlait en frappant le sol de ses poings. Je l'aiprispar l'épaule, il m'a regardé d'un air dément, d'un air désespéré. - Mon fils, dit-il, il voulait chier au loin, juste ça, je me suis endormi, il en a profité ! (...)
Je suis idiot, mais pas complètement stupide, j'ai laissé Boeuf sur place, trop dangereux de l'emmener et j'aiprisOEil Vert avec moi, parce qu'il est le meilleur hors des sentiers dans la nature. Les autres n'ont rien dit. (...)
Je suis couvert de leur sang blanc et des buttes de leurs cadavres s'élèvent maintenant à ma gauche et à ma droite, mais ils sont toujours là, leurs regards rouges figés dans une extase frénétique permanente. Je prends le temps de faire le point. J'aiprisquelques coups de griffes. La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. (...)
- Je suis Lewellyn, Duc de la faille, reprend-t-il, puis-je savoir à qui ais-je l'honneur de m‘adresser ? Je grogne comme un animalprisau piège. - Pourquoi ne m'a tu pas encore voler mon âme ? Il sourit. Ses yeux se lève vers les cieux, un haussement de sourcils, chacun de ses mouvements est l'élément parfait d'une danse merveilleuse et perpétuelle, un langage à part entière qui capture l'attention de celui qui le contemple dans la toile de sa grâce. (...)
Je hoche la tête, puis je me rends compte que nous sommes de nouveau devant la porte de mes appartements : nous avons tournés en rond, pourtant nous n'avons pasprisun seul virage dans notre balade. Lewellyn remarque mon air interloqué. Il sourit. - Pas de linéarité dans un monde libre, mon ami, rappelle toi ! (...)
Sans voir vers où, je tends la main dans la direction du bruit, attrape une patte engoncée dans une chitine bleuâtre et la ramène vers moi brutalement. La chose s'agite dans tous les sens comme un chatprisau piège, et elle glisse dans un nuage de poussière vers moi, cliquetant de surprise. Je sens ma main droite s'engourdir douloureusement dans un éclair glacé au contact de la carapace. (...)
Le panorama a quelque chose de la fin du monde : les abords directs du Trône d'Orage fument encore de l'averse d'éclairs ; l'air est vif, commeprisd'une sourde colère, saturé d'électricité ; le vent souffle si fort qu'il m'assourdit presque : un baiser, une caresse, de sa part après ce que m'a fait subir le Seigneur du Trône d'Orage. (...)
La mort vient bien assez tôt. - Pourquoi as-tu détruis mon village ? Pourquoi ? Je sanglote malgré moi. - Tu t'es vengé, tu asprisma fille, le reste ne te concerne pas, et tu ne le sauras jamais. Le coup, empli d'essence, de pouvoir, s'abat sur moi. (...)