Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : voyage (6)(...) Je m'approche et j'entends la voix triste de Brume qui porte une balade comme une mère porte son enfant mort-né. Je m'écarte et guette l'horizon en quête de danger. Il y a trois jours devoyageavant d'arriver au trône de glace, la demeure du Seigneur des Hauts Vents. Je garde l'oeil ouvert. (...)
Je sens son sang qui dégouline un peu dans ma nuque lorsque je le mets sur mon dos, mais il gémit tout au long duvoyagedu retour, ce qui me semble être un bon signe. Quand je reviens les autres me lancent des regards qui valent tous les discours de la Création. (...)
Les nouvelles ne doivent pas être trop mauvaises. - Comment va-t-il ? Demande Boeuf. - S'il survit auvoyage, il perdra un bras, peut-être une jambe, dit-elle. - Faudra lui faire un brancard, dit Pigeon Fou, avec les lances et du tissus, et on l'accrochera à un cheval. (...)
La chaleur de l'après midi m'a permis de me sécher, et j'ai marché. Maintenant, je suis sale au delà de toute description, bien que trois jours devoyagene m'aient pas arrangé. La faim et la soif tordent mon corps comme dans un étau. Je repense aux autres, à Boeuf surtout. (...)
Je me tourne vers la sang-dragon, la nudité n'a pas l'air de plus la gêner que moi. J'apprécie : plus d'une fois, nous avons vus des marchands et des aristocrates envoyagerougir bêtement après avoir aperçu un homme ou une femme nue, et je n'ai pas envie de m'embarrasser de pudeur mal placée. (...)
La demeure du Maître des Hauts Vents est encore loin, pour me distraire de la plaine morne, j'arrache une feuille d'une plante, la plie et joue un air devoyagequi résonne à travers l'air. Deux jours passent ainsi, je dors comme je peux. L'été commence sérieusement, et le jour, il est chaud, sec, peuplé de mouches et de moustiques, tandis qu'il est humide, spongieux et pluvieux la nuit. (...)