Akisu
sur Kuro Shin Edo au format (124 Ko)
Retranscription de l'enregistrement retrouvé dans l'appartement 211 de l'immeuble Hinan, quartier Harajuku. Ce soir, je ne serai plus. Cette certitude grandit en moi depuis l'aube et me tétanise d'effroi. C'est seulement au prix d'un colossal effort, que je suis enfin parvenue à activer ce satané enregistreur vocal. Je laisse ici mon histoire, si le temps me le permet, pour que demeure une trace de mon existence et de cette maudite période, et afin de mettre en garde quiconque écouterait ...Contient : bar (3)(...) Comme beaucoup de ressortissants étrangers, je me suis retrouvée coincée dans ce bourbier le 4 mai dernier, alors que je ne devais rester que quelques mois afin de parfaire ma thèse en histoire contemporaine dans l'une des universités de Shin-Edo. Ce soir-là, hier soir précisément, j'étais affalée sur un siège dubarBuruburu, un endroit miteux, entièrement décoré selon l'esthétique des vieux films d'horreur nippons à la Dark Water ou Ring. (...)
Ainsi l'Akisu venait-il de franchir le seuil du Buruburu de sa démarche pesante, et se dirigeait à présent vers lebaren progressant laborieusement à travers un dédale de tables enchevêtrées. Arrivé à ma hauteur, il se laissa choir lourdement sur un tabouret à suspension situé à ma droite, et posa une main à plat sur le comptoir en libérant la multitude de piécettes qu'elle contenait - probablement toute sa fortune -, puis fit un signe complexe de sa main libre à l'artificiel afin de passer commande. (...)
Mais plus nous essayions, plus nous nous éloignions l'un de l'autre, nous séparant finalement au son d'une seule lamentation commune. Quand notre cri cessa enfin, je repris mes esprits dans lebaroù le type m'avait vendu la came, les vêtements trempés de sueur et le menton taché d'écume. Telle fut ma première expérience du Triangle des Bermudes. (...)