L'Epopée de Thror (2) : Le Serment du Tueur
sur Arnheim
Contient : ordre (9)(...) L'honneur de Thror était entaché à jamais à ses propres yeux, et il n'avait aucun ennemi contre qui exercer sa vengeance. L'Ordredes Tueurs lui avait fourni la dernière porte de sortie possible en l'acceptant dans ses rangs. (...)
Ses mains avaient été soignées et même s'il garderait toute sa vie de profondes cicatrices il pouvait s'en servir normalement. Sitôt après sa guérison il était aller trouver Frerïn , qu'il savait être membre de L'Ordredes Tueurs et lui avait demandé de le faire entrer dans la secte. Ce dernier ne lui avait posé aucune question, ne lui avait jeté aucun regard de pitié ou de compassion, et s'était contenté de marmonner quelques réflexions personnelles dans sa barbe sans sembler prêter attention à la requête de Thror. (...)
Lorsqu'il était entré le soir dans la Salle du Temple ce n'était pas un Nain qui l'attendait mais dix. Tous avaient la tête recouverte d'une cagoule orange vif, la couleur de l'Ordre, et étaient assis en cercle au centre de la salle. Ces Nains devaient être des habitants de Karaz Lok car Thror n'avait vu aucun étranger arriver à la forteresse ce jour-là et Frerïn était le seul hôte hébergé à ce moment-là dans la Montagne. (...)
La secte avait des membres un peu partout, et tous n'avaient pas fait le Serment des Tueurs : ils continuaient à mener une vie normale tout en faisant partie de l'Ordreet en participant à ses activités secrètes. Toutes ces choses restaient ignorées du reste de la population, et Thror en découvrant cette petite assemblée qui l'attendait avait été, comme on l'imagine, bien surpris de découvrir que la puissante organisation secrète avait des ramifications jusque dans sa paisible montagne natale. (...)
Il s'était avancé au milieu du cercle sans dire un mot, et avait attendu tandis que chacun des membres de l'assemblée semblait le juger du regard. - 'Tu as exprimé le souhait d'entrer dans l'Ordre, Thror fils de Bror' avait continué Frerïn. 'Nous connaissons tous tes raisons, et nous nous associons à ta peine. (...)
Ta haine n'a pas de corps, tu n'as aucun ennemi à tuer pour venger la mort de ton père ; rejoins nos rangs et tu retrouveras ton honneur dans une mort glorieuse au combat. Sache aussi que si tu fais le serment d'appartenir à notreOrdretu ne pourras plus jamais le briser, et si tu ne trouves pas la mort au combat ton fils devra à son tour tenter de regagner ton honneur en faisant lui aussi ce serment. (...)
- Bienvenue parmi nous, Thror aux Mains de Sang.' Chaque Tueur avait en effet un surnom qui lui était donné à son entrée dans l'Ordrepar le Maître de cérémonie. Il faisait en général référence à un trait particulier du nouveau venu, et devait être porté avec fierté jusqu'à la mort au même titre que le nom réel. (...)
Enfin, Thror avait pris la hache qu'il avait forgée de ses propres mains et après avoir juré dessus qu'il ne faillirait jamais à sa quête (ç'eût été un déshonneur impensable pour lui et pour tous les Membres de l'Ordre) il avait quitté l'assemblée et était allé faire son bagage. La nuit venue, sans avoir fait d'adieux à personne il était sorti de sa forteresse natale et avait pris le chemin du Sud, celui qui menait vers les contrées désolées où vivaient les tribus d'Orques et de Gobelins. (...)
La soirée se passa joyeusement, et les deux compères mangèrent beaucoup et parlèrent longuement. Ganyal ne posa aucune question sur les raisons qui avaient poussé le Nain à entrer dans l'Ordre, sachant que les Tueurs ne parlent quasiment jamais de ce sujet pénible. Il semblait bien connaître les Nains et se montra très amical avec son invité. (...)Le vent glacé qui soufflait sur les collines désertiques traversait facilement le léger manteau de lin de Thror, et rendait sa marche encore plus pénible. Il décida de s'arrêter au bord du sentier contre le tronc d'un vieil arbre mort, à l'abri de la morsure du froid. Depuis son départ de Karaz Lok trois jours auparavant il n'avait fait que cinq pauses très courtes et n'avait pas dormi. Il suivait volontairement ce sentier désert qui menait vers des contrées désolées afin de s'éloigner des routes ...