L'Epopée de Thror (2) : Le Serment du Tueur
sur Arnheim
Contient : yeux (6)(...) Il n'avait pas rencontré âme qui vive sur son chemin depuis deux jours, et les dernières personnes à l'avoir vu ne lui avaient pas adressé la parole, avaient baissé lesyeuxet s'étaient éloignées sans se retourner. Il était désormais un solitaire, un exclu volontaire et sa vie ne lui appartenait plus : il était devenu un Tueur. (...)
Ce raisonnement aurait pu paraître absurde à un humain mais pour un Nain, il était tout à fait plausible. L'honneur de Thror était entaché à jamais à ses propresyeux, et il n'avait aucun ennemi contre qui exercer sa vengeance. L'Ordre des Tueurs lui avait fourni la dernière porte de sortie possible en l'acceptant dans ses rangs. (...)
Son visage était très pâle, presque blanc, ce qui est très rare chez les Nains, et une flamme brûlait sans trêve au fond de sesyeux. Les autres Nains ne l'aimaient pas beaucoup et il était toujours seul. On ne savait pas grand-chose sur lui sinon qu'il venait de la région de Karaz a Karak où il avait une fille unique pour toute famille, et qu'il allait et venait entre les forteresses Naines sans qu'on sache trop pourquoi ni comment. (...)
Il faisait en général référence à un trait particulier du nouveau venu, et devait être porté avec fierté jusqu'à la mort au même titre que le nom réel. Mais ces détails n'avaient aucune importance auxyeuxde Thror. Il n'avait pas non plus manifesté la moindre émotion lorsqu'on lui avait rasé presque entièrement le crâne, en ne laissant qu'une crête de cheveux qu'on avait teinte en orange pour montrer sa condition de Tueur auxyeuxde tous. Cette coiffure était à la fois le symbole de la recherche de l'honneur perdu et un terrible avertissement lancé à l'ennemi pour lui signifier que son adversaire ne reculerait pas et préférerait mourir sur place. (...)
Ils décidèrent de faire route ensemble à partir du lendemain et Thror s'endormit en toute confiance aux côtés de son nouveau compagnon, n'ayant de toute façon pas d'or ni quoi que ce soit de précieux sur lui, et sa vie, comme on le sait, ayant à présent une valeur tout à fait dérisoire à sesyeux. Quant à sa hache, l'homme n'aurait pu la lui prendre qu'en le tuant, car elle était attachée par une chaîne à son poignet. (...)Le vent glacé qui soufflait sur les collines désertiques traversait facilement le léger manteau de lin de Thror, et rendait sa marche encore plus pénible. Il décida de s'arrêter au bord du sentier contre le tronc d'un vieil arbre mort, à l'abri de la morsure du froid. Depuis son départ de Karaz Lok trois jours auparavant il n'avait fait que cinq pauses très courtes et n'avait pas dormi. Il suivait volontairement ce sentier désert qui menait vers des contrées désolées afin de s'éloigner des routes ...