Le Messager
Contient : enfants (6)(...) Le soir, quelques parties de dés endiablés secouaient la petite salle du bas, puis se poursuivaient en discussion nostalgique sur la femme ou lesenfantsd'un des factionnaires. Quand le vin coulait à flot, Quintus, le plus vieux des légionnaires, se laissait aller à raconter quelques souvenirs de sa première campagne pannoniene. (...)
Moi, Dungard, ambact du noble Edunos, bataillais dans le Nord contre des mercenaires achéens. Elle, au coeur de Bodan, s'occupait de nos deuxenfantset essayait de les préserver des privations et des douleurs d'une terrible guerre. Il y aurait désormais entre nous plusieurs milliers d'ennemis. (...)
Je m'étais longtemps inquiété pour ma femme, restant sans nouvelle d'elle après la chute de Bodan. Elle aurait pu mille fois mourir pendant la prise de la cité, et nosenfantsauraient put...Non. Contraint par mon serment d'ambact à rester auprès de mon chef, j'avais écarté de mon esprit toutes les idées qui auraient put me détourner de mon devoir. (...)
On me connut sous le nom de l'ours sanglant, reconnaissable à son épaisse fourrure. Bien des fois, je ne sus retenir mon bras et je massacrais sans distinction femmes etenfants. Un jour, je décimais même plusieurs familles d'une caravane de ceux de mon sang qui, estimais-je, n'avait survécu aux légionnaires que pour nous avoir trahi. (...)
Ce pourquoi j'avais sacrifié ma santé et mon amour venait de disparaître. Je mis plusieurs jours à redécouvrir ce que j'avais si profondément enfoui. Ma femme, mesenfants. Enfin libéré de mon serment, il m'était possible d'aller à leur rencontre. Les trouverais-je mort, vivants ? (...)
Dans les ombres projetées par les flammes, on vit des armes brandies. Comme j'avais tué sans honneur femmes etenfants, on ne me permit pas d'en appeler au duel. Dans l'espoir fou de les convaincre, je les implorais et leur racontais mon histoire. (...)Une mesure de vin et trois mesures d'eau. C'était le dosage idéal pour Livinius, messager de l'armée de la République. Le soldat, tranquillement assis dans une petite tour-relais, les pieds posés sur la table, sirotait son cru chevelu. Goût de résine, épicé et frais, la dernière amphore ouverte s'était trouvée être une bonne surprise. Il y avait maintenant trois jours que Livinius s'était arrêté ici, en transmettant son courrier à un autre messager et laissant sa monture se reposer. Trois autres ...