L'histoire de Clébard
sur Le Ludiste
C'est une soirée d'automne morne à l'auberge des deux amphores. Dehors la nuit est brumeuse et humide. A cinq pas de la porte, la rue se perd dans un épais coton grisâtre. Oubliées les autres rues de Pôles aux alentours, oubliées les murailles toutes proches qui, la veille encore, dégoulinaient du sang des guerriers tentant, qui de prendre pied sur le parapet pour envahir la ville, qui de repousser les barbares du nord pour protéger leurs foyers. On aurait tout aussi bien pût se trouver n'importe ...Contient : enfants (3)(...) Il redoutait d'être frappé par une quelconque malédiction s'il mettait fin à ses jours. Le temps passant le paysan pris un nouvelle femme, qui lui donna desenfantssains et mignons comme peuvent l'être des rejetons de bouseux. Et pendant ce temps Clébard grandissait, à moitié traité comme un débile et à moitié comme un animal. (...)
Il n'avait pas le droit d'approcher de la maison, il devait se contenter de vivre dans les étables, avec le bétail et les chiens, partageant leur pitance et leur chaleur. Lesenfantsle craignaient et lui jetaient des pierres pour l'éloigner de leurs jeux. Et c'est ainsi que passèrent les premières années de sa vie, tel un corniaud galeux dont on tolère à peine la présence. (...)
Rien de le rebutait, et il suffisait d'un morceau de pain, ou de la menace d'une volée de coups de bâton pour le faire obéir. Cela aurait pu continuer de la sorte jusqu'à sa mort. D'ailleurs combien il y a-t'il d'enfantssemblables à Clébard de par le monde ? Je n'en ai pas idée, et de toute façon ceci n'est pas leur histoire. (...)