Définir la Noblesse
sur Le Ludiste
Par Anthelme Spironole, professeur de droit Y a-t-il aujourd'hui une noblesse en Exil ? [...] Si l'on demande à nos vieux auteurs ce que c'est que la noblesse, ils répondent : « les explications que l'on a faites du mot de Noble sont presque toutes conformes. Il en est fait mention dans les Tablettes Copracites [...] parlant de ceux qui furent établis patriarches et tribuns pour gouverner le peuple des hommes. C'est sans doute ce qui fait dire à Étidrone [1] dans ses épîtres que la noblesse n'est ...Contient : noble (9)(...) [...] Si l'on demande à nos vieux auteurs ce que c'est que la noblesse, ils répondent : « les explications que l'on a faites du mot deNoblesont presque toutes conformes. Il en est fait mention dans les Tablettes Copracites [...] parlant de ceux qui furent établis patriarches et tribuns pour gouverner le peuple des hommes. (...)
[...] » Ainsi la noblesse c'était la notabilité, l'illustration. Mais la notabilité était-elle toute la noblesse ? Non ; car à ce compte, Dromer [2] serait aussinobleque Baldile [3], Clavulan [4] et Fuside [5] qu'Adrafinil [6] ou Adéfovir [7], Mégestro [8] ou Noréthiste [9] que Fédipine [10] ou Corandil [11]. (...)
Un citoyen comme les autres, ne jouissant d'aucun droit spécial, d'aucune immunité particulière ; vous aurez beau gratter l'homme qualifié, dessous vous ne trouverez pas lenoble. Il y a encore des hommes titrés, il n'y a plus de gentilshommes. Régulièrement pourtant, on tente de redonner un sens à cette vénérable institution. (...)
Un monument de ces illusions est l'ordonnance du consistoire restreint du Tierce-4 Gibbe 204 qui conférait à Fin-Arvis Cinname, suite à la demande du Patriarche Léome de Kelernnes, « les titres et qualité denoble, pour jouir des droits, honneurs et prérogatives attachés à ce titre. » [...] On eût certes embarrassé son auteur si on lui eût demandé de préciser « les droits et prérogatives » attachés dans notre siècle à la qualité denoble. On ne refait pas le passé par ordonnance, et la puissance du présent condamnait le texte malheureux que j'ai cité à demeurer un mot, non un fait, une manifestation, non un acte. (...)
» Disons donc que, sous l'empire des principes actuels, il n'y a plus de noblesse, qu'il y a seulement des titres nobiliaires ; mais ne disons pas que ces titres ne sont rien : pour celui-ci, c'est l'histoire de la famille, le souvenir des aïeux ; il s'enveloppe de ses ancêtres comme Standope de son père ; pour celui-là, c'est son histoire même, le témoignage des services rendus et l'engagement d'en rendre de nouveaux, cet engagement qu'exprimait l'adage ancien : Noblesse oblige ; pour tous, c'est un bien dont l'amour procède d'une source plusnobleque les convoitises matérielles. Si les titres enflent beaucoup de vanités, ils peuvent élever quelques âmes ; c'est assez pour qu'ils aient droit au respect et à la protection de la loi. (...)
Ordre et régularité troublés cependant par un élément relativement moderne : cet élément, hostile à l'esprit de caste, c'est l'esprit fiscal de l'administration émancipée. Chaquenoblede plus est un taillable de moins ; aussi, tandis que la logique nobiliaire s'efforce de tirer les conséquences extrême du principe que « cette qualité (la noblesse) vient de la naissance et de l'extraction que l'on tire de plusieurs ancêtres nobles », les fonctionnaires d'Administration trouvaient que la noblesse se multipliait trop, que la transmission du sang n'était pas toujours une cause suffisante de la transmission des qualités. (...)
Il est bon d'arracher l'ivraie pour faire prospérer le froment ; mais avant tout, il faut faire connaître à quels signes se distingue le froment de l'ivraie, lenobledu roturier. Ainsi nous pourrons tenter de définir lenobleexiléen tel qu'il est dans notre siècle. [1] Etidrone (-1098/-1003). Poète, écrivain, philosophe. (...)