Le Journal de Bridget-J-ONS [3]
sur Arnheim
Contient : françois (9), ons (14)Le Journal de Bridget-J-ONS[3]François-Vi-ONSétait dans son bureau, la tête dans les mains, écrasé par les ennuis. Sa société secrète venait de lui communiquer une information des plus inquiétantes. La Sec Int avait eu vent des activités qui se tramaient sur le secteur et venait de dépêcher l'un de ses meilleurs agents, une certaine Bridget, dans le secteurONS, sous un prétexte quelconque. Lui qui avait déjà assez d'ennuis comme ça avec ses fournisseurs... Il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il soupira. (...)
Si ça avait été le cas, ce n'est pas un agent que la Sec Int aurait envoyé, c'est une convocation au CES le plus proche. A cette pensée,François-VI-ONSdéglutit. Le CES. Il le connaissait bien pour y avoir travaillé dans sa jeunesse. Jusque-là, il avait eu la chance d'échapper, lui et ses clones à cette punition suprême et il s'était juré de ne jamais prendre suffisamment de risques pour y être envoyé un jour. Seulement voilà, il n'avait jamais été aussi près de s'y retrouver que ce jour-là. S'extrayant de son confortable fauteuil,François-Vi se mit à arpenter son bureau à grands pas. Après dix minutes de cet exercice inutile, il décida d'aller faire un tour dans les rues du Complexe, pour s'aérer un peu et peut-être glaner quelques idées qui lui permettraient de se sortir de ce mauvais pas. (...)
Sur son passage, les citoyens apeurés s'écartaient servilement, baissant les yeux, terrorisés par sa simple présence et tentant de se donner un semblant de contenance en bondissant sur leurs pieds et en prenant un air occupé.François-Vi-ONSn'était pas dupe. Depuis qu'il était passé Violet, il avait vu mille fois se répéter cette scène. Au début, il aimait à se promener dans son secteur pour surprendre les ouvriers qui faisaient la sieste, les tire-au-flanc qui bavardaient gaiement lorsque leurs chefs de services tournaient le dos. (...)
Les premiers cycles de son mandat avaient été marqués par de nombreuses exécutions sommaires de travailleurs imprudents pour abandon de poste et tentative de corruption d'un citoyen violet. Cela faisait bien longtemps queFrançois-Vi-ONSs'était lassé de ce petit jeu. Après avoir goûté au pouvoir et au droit de vie et de mort qu'il avait sur tous ses citoyens, il s'en était lassé. On se lasse de tout, avait-il fini par conclure. (...)
C'est ainsi qu'un jour, après avoir surpris un groupe de citoyens se livrer à une activité illégale qu'il jugea intéressante,François-Vi-ONSprit le parti de fermer les yeux. Il fit arrêter les leaders, les fit exécuter, mais au lieu de démanteler le réseau de contrebande qu'il avait mis à jour, il en prit simplement la tête. Ce genre d'activités illégales auxquelles il avait toujours pensé résister avait une saveur nouvelle pour lui. (...)
Après l'avoir quittée sans tambour ni trompette, il avait rejoint les rangs de Libre Entreprise, cette Société Secrète qui se livrait à toutes sortes de trafics dans le Complexe Alpha. L'attrait de l'interdit avait été le plus fort.François-Vi-ONSavait alors goûté aux joies nouvelles de l'illégalité, de la clandestinité. Lui qui avait toujours masqué aux autres son pouvoir mutant avait commencé à l'utiliser activement. Lui, le modèle d'intégrité, premier de sa promotion a l'école des clarificateurs s'était retrouvé dans la peau d'un manipulateur, vénal, calculateur et sans scrupules. (...)
Sans qu'il s'en rende compte, ses pas l'avaient porté jusqu'au bord de l'avenue 437bis, la plus fréquentée du secteur, celle où chaque cycle des multitudes de transbots circulaient pour aller livrer au Complexe tout entier les barres calorifiques chocolatées qui faisaient la réputation du secteurONS. Il s'arrêta au bord du trottoir pour contempler ce spectacle d'un oeil las. En le voyant, les conducteurs des véhicules se mirent à ralentir puis à lui sourire à travers le pare-brise d'un air niais. (...)
Mettre un citoyen d'accréditation Violette au milieu d'une rue équivalait immanquablement à perturber gravement la bonne marche des véhicules. Sans mot dire, et sans se départir de son air à la fois sévère et fatigué,François-Vi-ONSs'éloigna, pensif. Il était entouré d'incapables, c'était certain. Tous les conducteurs l'avaient aperçu. Il avait pu, dans les brefs instants de son observation, cerner en un regard les faux sourires, l'hypocrisie qui se lisait sur les visages, la flagornerie dans le moindre geste de ses subordonnés. (...)
Au pire, la brosse se redétachera et quelqu'un ramènera le frotbot ici. C'est pas grave. Ca arrive tout le temps. » Booz-O-ONSfit coulisser le chariot sur lequel il s'était allongé et s'extirpa de dessous le frot-bot sur lequel il travaillait ; il jeta un regard sévère à Phil-O-ONS. Sa forte corpulence et son visage poupin lui donnaient d'habitude un air débonnaire, mais Phil put voir qu'il était contrarié. (...)
Même avec la hauteur de l'entrepôt, on m'a dit qu'ils avaient dû découper le plafond à la scie circulaire pour en extraire ce qui restait de Pat-R-ONS. - Il ne restait plus de ressorts de force 2. Il fallait bien que je mette quelque chose à la place. (...)
Mais qui sait, vous aurez peut-être l'occasion de le vérifier par vous-même. Booz ressortit de dessous le frotbot et manqua de s'étrangler en voyantFrançois-Vi-ONSqui se tenait derrière un Phil pâle comme un linge. D'un air tranquille, le Violet continua : - Bon cycle, citoyens. Alors, des ennuis avec les boulons de 12 ? (...)François-Vi-ONS était dans son bureau, la tête dans les mains, écrasé par les ennuis. Sa société secrète venait de lui communiquer une information des plus inquiétantes. La Sec Int avait eu vent des activités qui se tramaient sur le secteur et venait de dépêcher l'un de ses meilleurs agents, une certaine Bridget, dans le secteur ONS, sous un prétexte quelconque. Lui qui avait déjà assez d'ennuis comme ça avec ses fournisseurs... Il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il soupira. Depuis le temps que ...