Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : dieu (6)(...) « Les runes, reprit-il, étaient des caractères d'écriture usités autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent inventés par Odin lui-même ! Mais regarde donc, admire donc, impie, ces types qui sont sortis de l'imagination d'undieu! » Ma foi, faute de réplique, j'allais me prosterner, genre de réponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l'avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint détourner le cours de la conversation. (...)
» Pendant que je parlais ainsi, mon oncle évitait de me regarder ; il baissait la tête ; ses yeux fuyaient les miens. « Il faut revenir, m'écriai-je, et reprendre le chemin du Sneffels. QueDieunous donne la force de remonter jusqu'au sommet du cratère ! - Revenir ! fit mon oncle, comme s'il répondait plutôt à lui qu'à moi-même. (...)
» En dépit de mon irritation, je fus ému de ces paroles et de la violence que se faisait mon oncle pour tenir un pareil langage. « Eh bien ! m'écriai-je, qu'il soit fait comme vous le désirez, et queDieurécompense votre énergie surhumaine. Vous n'avez plus que quelques heures à tenter le sort. En route ! (...)
Les souvenirs de mon enfance, ceux de ma mère que je n'avais connue qu'au temps des baisers, revinrent à ma mémoire. Je recourus à la prière, quelque peu de droits que j'eusse d'être entendu duDieuauquel je m'adressais si tard, et je l'implorai avec ferveur. Ce retour vers la Providence me rendit un peu de calme, et je pus concentrer sur ma situation toutes les forces de mon intelligence. (...)
Cette surprenante conversation faite au travers de la masse terrestre, échangée à plus d'une lieue de distance, se termina sur ces paroles d'espoir ! Je fis une prière de reconnaissance àDieu, car il m'avait conduit parmi ces immensités sombres au seul point peut-être où la voix de mes compagnons pouvait me parvenir. (...)
Cet effrayant véhicule me transporta ainsi jusque dans les bras de mon oncle, où je tombai sanglant, inanimé. « Véritablement, me dit-il, il est étonnant que tu ne te sois pas tué mille fois. Mais, pourDieu! ne nous séparons plus, car nous risquerions de ne jamais nous revoir. » « Ne nous séparons plus ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...