Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : fille (5)(...) Nous nous étions fiancés à l'insu de mon oncle, trop géologue pour comprendre de pareils sentiments. Graüben était une charmante jeunefilleblonde aux yeux bleus, d'un caractère un peu grave, d'un esprit un peu sérieux ; mais elle ne m'en aimait pas moins ; pour mon compte, je l'adorais, si toutefois ce verbe existe dans la langue tudesque ! (...)
Un pressentiment me conduisait, pressentiment justifié, car j'aperçus bientôt ma petite Graüben qui, de son pied leste, revenait bravement à Hambourg. « Graüben ! » lui criai-je de loin. La jeunefilles'arrêta, un peu troublée, j'imagine, de s'entendre appeler ainsi sur une grande route. En dix pas je fus près d'elle. (...)
Graüben, tu ne me détournes pas de tenter une pareille expédition ? - Non, cher Axel, et ton oncle et toi, je vous accompagnerais volontiers, si une pauvrefillene devait être un embarras pour vous. - Dis-tu vrai ? - Je dis vrai. » Ah ! femmes, jeunes filles, coeurs féminins toujours incompréhensibles ! (...)
Au retour, Axel, tu seras un homme, son égal, libre de parler, libre d'agir, libre enfin de... » La jeunefille, rougissante, n'acheva pas. Ses paroles me ranimaient. Cependant je ne voulais pas croire encore à notre départ. (...)
- Va, mon cher Axel, va, me dit-elle, tu quittes ta fiancée, mais tu trouveras ta femme au retour. » Je serrai Graüben dans mes bras, et pris place dans la voiture. Marthe et la jeunefille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...