Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : foi (9)(...) « Les runes, reprit-il, étaient des caractères d'écriture usités autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent inventés par Odin lui-même ! Mais regarde donc, admire donc, impie, ces types qui sont sortis de l'imagination d'un dieu ! » Mafoi, faute de réplique, j'allais me prosterner, genre de réponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l'avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint détourner le cours de la conversation. (...)
Une soupe au persil, une omelette au jambon relevée d'oseille à la muscade, une longe de veau à la compote de prunes, et, pour dessert, des crevettes au sucre, le tout arrosé d'un joli vin de la Moselle. Voilà ce qu'un vieux papier allait coûter à mon oncle. Mafoi, en qualité de neveu dévoué, je me crûs obligé de manger pour lui, en même temps que pour moi. Ce que je fis en conscience. (...)
J'ouvrais des yeux démesurés. Je commençai à me dire que j'exagérais l'importance du document ; que mon oncle n'y ajouterait pasfoi; qu'il verrait là une simple mystification ; qu'au pis aller on le retiendrait malgré lui, s'il voulait tenter l'aventure ; qu'enfin il pouvait découvrit lui-même la clef du « chiffre », et que j'en serais alors pour mes frais d'abstinence. (...)
Mon oncle, penché sur l'abîme, suivait d'un oeil satisfait la descente de ses bagages, et ne se releva qu'après les avoir perdus de vue. « Bon, fit-il. A nous maintenant. » Je demande à tout homme de bonnefois'il était possible d'entendre sans frissonner de telles paroles ! Le professeur attacha sur son dos le paquet des instruments ; Hans prit celui des outils, moi celui des armes. (...)
- Plus bas, cette densité s'accroîtra encore. - Comment descendrons-nous alors ? - Eh bien, nous mettrons des cailloux dans nos poches. - Mafoi, mon oncle, vous avez réponse à tout. » Je n'osai pas aller plus avant dans le champ des hypothèses, car je me serais encore heurté à quelque impossibilité qui eût fait bondir le professeur. (...)
Au moment de quitter le petit port, mon oncle, qui tenait à sa nomenclature géographique, voulut lui donner un nom, le mien, entre autres. « Mafoi, dis-je, j'en ai un autre à vous proposer. - Lequel ? - Le nom de Graüben. Port-Graüben, cela fera très bien sur la carte. (...)
Non seulement la signature du savant alchimiste se lisait sur le roc, mais encore le stylet qui l'avait tracée était entre mes mains. A moins d'être d'une insigne mauvaisefoi, je ne pouvais plus mettre en doute l'existence du voyageur et la réalité de son voyage. Pendant que ces réflexions tourbillonnaient dans ma tête, le professeur Lidenbrock se laissait aller à un accès un peu dithyrambique à l'endroit d'Arne Saknussemm. (...)
Chemin faisant, j'entendais mon oncle murmurer : « Mais la boussole ! la boussole, qui marquait le nord ! Comment expliquer ce fait ? - Mafoi! dis-je avec un grand air de dédain, il ne faut pas l'expliquer, c'est plus facile ! - Par exemple ! (...)
Du bout de ses doigts il pressa légèrement nos deux mains et se mit à sourire. XLV Voici la conclusion d'un récit auquel refuseront d'ajouterfoiles gens les plus habitués à ne s'étonner de rien. Mais je suis cuirassé d'avance contre l'incrédulité humaine. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...