Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : nouvelle (15)(...) Sa pensée dominante ne lui laissait pas un instant de répit ; il avait évidemment scruté, analysé l'affaire, mis en oeuvre toutes les ressources de son imagination pendant sa promenade, et il revenait appliquer quelque combinaisonnouvelle. En effet, il s'assit dans son fauteuil, et, la plume à la main, il commença à établir des formules qui ressemblaient à un calcul algébrique. (...)
- Voici ce que je décide, répondit le professeur Lidenbrock en prenant ses grands airs ; c'est que ni toi ni personne ne sait d'une façon certaine ce qui se passe à l'intérieur du globe, attendu qu'on connaît à peine la douze millième partie de son rayon ; c'est que la science est éminemment perfectible et que chaque théorie est incessamment détruite par une théorienouvelle. N'a-t-on pas cru jusqu'à Fourier que la température des espaces planétaires allait toujours diminuant, et ne sait-on pas aujourd'hui que les plus grands froids des régions éthérées ne dépassent pas quarante ou cinquante degrés au-dessous de zéro ? (...)
En me penchant au-dessus de notre étroit plateau, je remarquai que le fond du trou était encore invisible. La manoeuvre de la corde recommença, et une demi-heure après nous avions gagné unenouvelleprofondeur de deux cents pieds. Je ne sais si le plus enragé géologue eût essayé d'étudier, pendant cette descente, la nature des terrains qui l'environnaient. (...)
D'ailleurs toute hésitation devant ce double chemin se serait prolongée indéfiniment, car nul indice ne pouvait déterminer le choix de l'un ou de l'autre ; il fallait s'en remettre absolument au hasard. La pente de cettenouvellegalerie était peu sensible, et sa section fort inégale. Parfois une succession d'arceaux se déroulait devant nos pas comme les contre-nefs d'une cathédrale gothique. (...)
Les mers dévoniennes étaient habitées par un grand nombre d'animaux de cette espèce, et elles les déposèrent par milliers sur les roches denouvelleformation. Il devenait évident que nous remontions l'échelle de la vie animale dont l'homme occupe le sommet. (...)
Vous n'avez plus que quelques heures à tenter le sort. En route ! » XXII La descente recommença cette fois par lanouvellegalerie. Hans marchait en avant, selon son habitude. Nous n'avions pas fait cent pas, que le professeur, promenant sa lampe le long des murailles, s'écriait : « Voilà les terrains primitifs ! (...)
Je voulus parler à voix haute, mais de rauques accents passèrent seuls entre mes lèvres desséchées. Je haletais. Au milieu de ces angoisses, unenouvelleterreur vint s'emparer de mon esprit. Ma lampe s'était faussée en tombant. Je n'avais aucun moyen de la réparer. (...)
L'imprévu de ce spectacle avait rappelé sur mon visage les couleurs de la santé ; j'étais en train de me traiter par l'étonnement et d'opérer ma guérison au moyen de cettenouvellethérapeutique ; d'ailleurs la vivacité d'un air très dense me ranimait, en fournissant plus d'oxygène à mes poumons. (...)
Je remarque que son jet est irrégulier dans ses accès, qu'il diminue parfois d'intensité, puis reprend avec unenouvellevigueur, ce que j'attribue aux variations de pression des vapeurs accumulées dans son réservoir. (...)
- De la manière la plus simple du monde. Une fois arrivés au centre du sphéroïde, ou nous trouverons une routenouvellepour remonter à sa surface, ou nous reviendrons tout bourgeoisement par le chemin déjà parcouru. (...)
» Personne ne souriait, mais le professeur avait une telle habitude de voir les visages s'épanouir pendant ses savantes dissertations ! « Oui, reprit-il avec une animationnouvelle, c'est là un homme fossile, et contemporain des mastodontes dont les ossements emplissent cet amphithéâtre. (...)
Pas même de l'âge de bronze ! Cette lame est d'acier... » Mon oncle m'arrêta net dans cette route où m'entraînait une divagationnouvelle, et de son ton froid il me dit : « Calme-toi, Axel, et reviens à la raison. Ce poignard est une arme du XVIe siècle, une véritable dague, de celles que les gentilshommes portaient à leur ceinture pour donner le coup de grâce. (...)
« Au moins, dis-je, partons sans perdre un instant. - Oui, mon garçon ; mais auparavant, examinons cettenouvellegalerie, afin de savoir s'il faut préparer nos échelles. » Mon oncle mit son appareil de Ruhmkorff en activité ; le radeau, attaché au rivage, fut laissé seul ; d'ailleurs, l'ouverture de la galerie n'était pas à vingt pas de là, et notre petite troupe, moi en tête, s'y rendit sans retard. (...)
L'écorce minérale menaçait de se rompre, les massifs granitiques de se rejoindre, la fissure de se combler, le vide de se remplir, et nous, pauvres atomes, nous allions être écrasés dans cette formidable étreinte. « Mon oncle, mon oncle ! m'écriai-je, nous sommes perdus ! - Quelle est cellenouvelleterreur ? me répondit-il avec un calme surprenant. Qu'as-tu donc ? - Ce que j'ai ! Observez ces murailles qui s'agitent, ce massif qui se disloque, cette chaleur torride, cette eau qui bouillonne, ces vapeurs qui s'épaississent, cette aiguille folle, tous les indices d'un tremblement de terre ! (...)
Je laisse à penser si le retour du professeur Lidenbrock fit sensation à Hambourg. Grâce aux indiscrétions de Marthe, lanouvellede son départ pour le centre de la terre s'était répandue dans le monde entier. On ne voulut pas y croire, et, en le revoyant, on n'y crut pas davantage. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...