Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : place (24)(...) - Au diable la soupe, s'écria mon oncle, et celle qui l'a faite, et ceux qui la mangeront ! » Marthe s'enfuit. Je volai sur ses pas, et, sans savoir comment, je me trouvai assis à maplacehabituelle dans la salle à manger. J'attendis quelques instants. Le professeur ne vint pas. C'était la première fois, à ma connaissance, qu'il manquait à la solennité du dîner. (...)
- Va, mon cher Axel, va, me dit-elle, tu quittes ta fiancée, mais tu trouveras ta femme au retour. » Je serrai Graüben dans mes bras, et prisplacedans la voiture. Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. (...)
Quel heureux hasard d'avoir trouvé ce bâtiment prêt à partir ! Maintenant déjeunons, et allons visiter la ville. » Nous nous rendîmes à Kongens-Nye-Torw,placeirrégulière où se trouve un poste avec deux innocents canons braqués qui ne font peur à personne. (...)
Vers le milieu de la rue non commerçante, je trouvai le cimetière public enclos d'un mur en terre, et dans lequel laplacene manquait pas. Puis, en quelques enjambées, j'arrivai à la maison du gouverneur, une masure comparée à l'hôtel de ville de Hambourg, un palais auprès des huttes de la population islandaise. (...)
Souvent ces chaînes de rocs arides faisaient une pointe vers la mer et mordaient sur le pâturage ; mais il restait toujours uneplacesuffisante pour passer. Nos chevaux, d'ailleurs, choisissaient d'instinct les endroits propices sans jamais ralentir leur marche. (...)
L'instant favorable n'arriva qu'à six heures du soir ; mon oncle, moi, le guide, deux passeurs et les quatre chevaux, nous avions prisplacedans une sorte de barque plate assez fragile. Habitué que j'étais aux bacs à vapeur de l'Elbe, je trouvai les rames des bateliers un triste engin mécanique. (...)
Je l'aperçus, les bras étendus, les jambes écartées, debout devant un roc de granit posé au centre du cratère, comme un énorme piédestal fait pour la statue d'un Pluton. Il était dans la pose d'un homme stupéfait, mais dont la stupéfaction fit bientôtplaceà une joie insensée. « Axel ! Axel ! s'écria-t-il, viens ! viens ! » J'accourus. Ni Hans ni les Islandais ne bougèrent. (...)
La journée se passa, et aucune ombre ne vint s'allonger sur le fond du cratère. Hans ne bougea pas de saplace; il devait pourtant se demander ce que nous attendions, s'il se demandait quelque chose ! Mon oncle ne m'adressa pas une seule fois la parole. (...)
Un mille plus loin, notre tête se courbait sous les cintres surbaissés du style roman, et de gros piliers engagés dans le massif pliaient sous la retombée des voûtes. A de certains endroits, cette disposition faisaitplaceà de basses substructions qui ressemblaient aux ouvrages des castors, et nous nous glissions en rampant à travers d'étroits boyaux. (...)
Après dix heures de marche, je remarquai que la réverbération de nos lampes sur les parois diminuait singulièrement. Le marbre, le schiste, le calcaire, les grès des murailles, faisaientplaceà un revêtement sombre et sans éclat. A un moment où le tunnel devenait fort étroit, je m'appuyai sur sa paroi. (...)
Or, jamais minéralogistes ne s'étaient rencontrés dans des circonstances aussi merveilleuses pour étudier la nature surplace. Ce que la sonde, machine inintelligente et brutale, ne pouvait rapporter à la surface du globe de sa texture interne, nous allions l'étudier de nos yeux, le toucher de nos mains. (...)
« Adieu, mon oncle, m'écriai-je ; je pars. Nos voix ne pourront plus communiquer entre elles, du moment que j'aurai quitté cetteplace! Adieu donc ! » « Au revoir, Axel ! au revoir ! » Telles furent les dernières paroles que j'entendis. (...)
- J'ai tous mes membres intacts ? - Certainement. - Et ma tête ? - Ta tête, sauf quelques contusions, est parfaitement à saplacesur tes épaules. - Eh bien, j'ai peur que mon cerveau ne soit dérangé. - Dérangé ? - Oui. Nous ne sommes pas revenus à la surface du globe ? (...)
Sur leurs flancs se déroulaient d'innombrables cascades, qui s'en allaient en nappes limpides et retentissantes. Quelques légères vapeurs, sautant d'un roc à l'autre, marquaient laplacedes sources chaudes, et des ruisseaux coulaient doucement vers le bassin commun, en cherchant dans les pentes l'occasion de murmurer plus agréablement. (...)
Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu'alors, et fallait-il leur accorder uneplacespéciale dans la flore des végétations lacustres ? Non. Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l'admiration. (...)
Les vivres, les bagages, les instruments, les armes et une notable quantité d'eau douce se trouvaient enplace. Hans avait installé un gouvernail qui lui permettait de diriger son appareil flottant. Il se mit à la barre. (...)
« Si nous continuons à marcher ainsi, dit-il, nous ferons au moins trente lieues par vingt-quatre heures et nous ne tarderons pas à reconnaître les rivages opposés. » Je ne répondis pas, et j'allai prendreplaceà l'avant du radeau. Déjà la côte septentrionale s'abaissait à l'horizon. Les deux bras du rivage s'ouvraient largement comme pour faciliter notre départ. (...)
Je ne pouvais rien obtenir d'un serviteur aussi inféodé à son maître. Il fallait marcher en avant. J'allais donc prendre sur le radeau maplaceaccoutumée, quand mon oncle m'arrêta de la main. « Nous ne partirons que demain », dit-il. Je fis le geste d'un homme résigné à tout. (...)
Je m'élançais déjà vers la sombre galerie, quand le professeur m'arrêta, et lui, l'homme des emportements, il me conseilla la patience et le sang-froid. « Retournons d'abord vers Hans, dit-il, et ramenons le radeau à cetteplace. » J'obéis à cet ordre, non sans peine, et je me glissai rapidement au milieu des roches du rivage. (...)
» Ces discours insensés duraient encore quand nous rejoignîmes le chasseur. Tout était préparé pour un départ immédiat. Pas un colis qui ne fût embarqué. Nous prîmesplacesur le radeau, et la voile hissée, Hans se dirigea en suivant la côte vers le cap Saknussemm. Le vent n'était pas favorable à un genre d'embarcation qui ne pouvait tenir le plus près. (...)
La mer, prise de vertige, ne fut plus qu'une vague énorme, sur le dos de laquelle le radeau s'éleva perpendiculairement. Nous fûmes renversés tous les trois. En moins d'une seconde, la lumière fitplaceà la plus profonde obscurité. Puis je sentis l'appui solide manquer, non à mes pieds, mais au radeau. (...)
et tant que son coeur bat, tant que sa chair palpite, je n'admets pas qu'un être doué de volonté laisse en luiplaceau désespoir. » Quelles paroles ! L'homme qui les prononçait en de pareilles circonstances était certainement d'une trempe peu commune. (...)
- Il n'y a plus d'eau, Axel, mais une sorte de pâte lavique qui nous soulève avec elle jusqu'à l'orifice du cratère. » La colonne liquide avait effectivement disparu pour faireplaceà des matières éruptives assez denses, quoique bouillonnantes. La température devenait insoutenable, et un thermomètre exposé dans cette atmosphère eût marqué plus de soixante-dix degrés ! (...)
» Décidément le professeur n'était point un esprit contemplatif. Pour mon compte, oubliant le besoin et les fatigues, je serais resté à cetteplacependant de longues heures encore, mais il fallut suivre mes compagnons. Le talus du volcan offrait des pentes très raides ; nous glissions dans de véritables fondrières de cendres, évitant les ruisseaux de lave qui s'allongeaient comme des serpents de feu. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...