Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : souvenirs (7)(...) Mais les savants du seizième siècle écrivaient généralement en latin. J'ai donc le droit de dire à priori : ceci est du latin. » Je sautai sur ma chaise. Messouvenirsde latiniste se révoltaient contre la prétention que cette suite de mots baroques pût appartenir à la douce langue de Virgile. (...)
L'image de ma petite Virlandaise me rejeta donc, en un instant, du monde des réalités dans celui des chimères, dans celui dessouvenirs. Je revis la fidèle compagne de mes travaux et de mes plaisirs. Elle m'aidait à ranger chaque jour les précieuses pierres de mon oncle ; elle les étiquetait avec moi. (...)
Parfois un faucon planait dans les nuages gris et s'enfuyait à tire-d'aile vers les contrées du sud ; je me laissais aller à la mélancolie de cette nature sauvage, et messouvenirsme ramenaient à mon pays natal. Il fallut bientôt traverser plusieurs petits fjords sans importance, et enfin un véritable golfe ; la marée, étale alors, nous permit de passer sans attendre et de gagner le hameau d'Alftanes, situé un mille au delà. (...)
Seul, j'aurais entamé la série des grands arguments ; mais, en présence du guide, je me tus ; un de messouvenirss'envola vers ma jolie Virlandaise, et je m'approchai de la cheminée centrale. J'ai dit qu'elle mesurait cent pieds de diamètre, ou trois cents pieds de tour. (...)
Quand je me vis ainsi en dehors de tout secours humain, incapable de rien tenter pour mon salut, je songeai aux secours du Ciel. Lessouvenirsde mon enfance, ceux de ma mère que je n'avais connue qu'au temps des baisers, revinrent à ma mémoire. (...)
Je me souviens qu'en maint endroit ce phénomène fut observé, entre autres, dans la galerie intérieure du dôme de Saint-Paul à Londres, et surtout au milieu de curieuses cavernes de Sicile, ces latomies situées près de Syracuse, dont la plus merveilleuse en ce genre est connue sous le nom d'Oreille de Denys. Cessouvenirsme revinrent à l'esprit, et je vis clairement que, puisque la voix de mon oncle arrivait jusqu'à moi, aucun obstacle n'existait entre nous. (...)
A quoi songeait Hans, cet homme de l'extrême occident, que dominait la résignation fataliste des Orientaux ? Pour mon compte, mes pensées n'étaient faites que desouvenirs, et ceux-ci me ramenaient à la surface de ce globe que je n'aurais jamais dû quitter. La maison de Königstrasse, ma pauvre Graüben, la bonne Marthe, passèrent comme des visions devant mes yeux, et, dans les grondements lugubres qui couraient à travers le massif, je croyais surprendre le bruit des cités de la terre. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...