Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : tête (89)(...) Aussi je me préparais à regagner prudemment ma petite chambre du haut, quand la porte de la rue cria sur ses gonds ; de grands pieds firent craquer l'escalier de bois, et le maître de la maison, traversant la salle à manger, se précipita aussitôt dans son cabinet de travail. Mais, pendant ce rapide passage, il avait jeté dans un coin sa canne àtêtede casse-noisettes, sur la table son large chapeau à poils rebroussés, et à son neveu ces paroles retentissantes : « Axel, suis-moi ! (...)
- C'est à ne pas le croire. - Cela présage quelque événement grave ! » reprenait la vieille servante en hochant latête. Dans mon opinion, cela ne présageait rien, sinon une scène épouvantable quand mon oncle trouverait son dîner dévoré. (...)
» « Et d'abord, fit mon oncle, il faut trouver la langue de ce « chiffre. » Cela ne doit pas être difficile. » A ces mots, je relevai vivement latête. Mon oncle reprit son soliloque : « Rien n'est plus aisé. Il y a dans ce document cent trentedeux lettres qui donnent soixante-dix-neuf consonnes contre cinquante-trois voyelles. (...)
» Mon oncle, retombé dans son absorbante contemplation, oubliait déjà mes imprudentes paroles. Je dis imprudentes, car latêtedu savant ne pouvait comprendre les choses du coeur. Mais, heureusement, la grande affaire du document l'emporta. (...)
Mais cette occupation ne m'absorbait pas ; l'affaire du vieux document ne laissait point de me préoccuper étrangement. Matêtebouillonnait, et je me sentais pris d'une vague inquiétude. J'avais le pressentiment d'une catastrophe prochaine. (...)
Au bout d'une heure, mes géodes étaient étagées avec ordre. Je me laissai aller alors dans le grand fauteuil d'Utrecht, les bras ballants et latêterenversée. J'allumai ma pipe à long tuyau courbe, dont le fourneau sculpté représentait une naïade nonchalamment étendue ; puis, je m'amusai à suivre les progrès de la carbonisation, qui de ma naïade faisait peu à peu une négresse accomplie. (...)
Il est vrai qu'à la troisième, on lit le mot « tabiled » de tournure parfaitement hébraïque, et à la dernière, les vocables « mer », « arc », « mère », qui sont purement français. » Il y avait là de quoi perdre latête! Quatre idiomes différents dans cette phrase absurde ! Quel rapport pouvait-il exister entre les mots « glace, monsieur, colère, cruel, bois sacré, changeant, mère, arc ou mer ? (...)
Je me débattais donc contre une insoluble difficulté ; mon cerveau s'échauffait, mes yeux clignaient sur la feuille de papier ; les cent trente-deux lettres semblaient voltiger autour de moi, comme ces larmes d'argent qui glissent dans l'air autour de notretête, lorsque le sang s'y est violemment porté. J'étais en proie à une sorte d'hallucination ; j'étouffais ; il me fallait de l'air. (...)
Je tremblais, et sans raison, puisque la vraie combinaison, la « seule », étant déjà trouvée, toute autre recherche devenait forcément vaine. Pendant trois longues heures, mon oncle travailla sans parler, sans lever latête, effaçant, reprenant, raturant, recommençant mille fois. Je savais bien que, s'il parvenait à arranger des lettres suivant toutes les positions relatives qu'elles pouvaient occuper, la phrase se trouverait faite. (...)
» Le professeur me regarda par-dessus ses lunettes ; il remarqua sans doute quelque chose d'insolite dans ma physionomie, car il me saisit vivement le bras, et, sans pouvoir parler, il m'interrogea du regard. Cependant jamais demande ne fut formulée d'une façon plus nette. Je remuai latêtede haut en bas. Il secoua la sienne avec une sorte de pitié, comme s'il avait affaire à un fou. (...)
Mon oncle, à cette lecture, bondit comme s'il eût inopinément touché une bouteille de Leyde. Il était magnifique d'audace, de joie et de conviction. Il allait et venait ; il prenait satêteà deux mains ; il déplaçait les sièges ; il empilait ses livres ; il jonglait, c'est à ne pas le croire, avec ses précieuses géodes ; il lançait un coup de poing par-ci, une tape par-là. (...)
Je le trouvai criant, s'agitant au milieu d'une troupe de porteurs qui déchargeaient certaines marchandises dans l'allée ; la vieille servante ne savait où donner de latête. « Mais viens donc, Axel ; hâte-toi donc, malheureux ! s'écria mon oncle du plus loin qu'il m'aperçut, et ta malle qui n'est pas faite, et mes papiers qui ne sont pas en ordre, et mon sac de voyage dont je ne trouve pas la clef, et mes guêtres qui n'arrivent pas ! (...)
Pendant cette journée les fournisseurs d'instruments de physique, d'armes, d'appareils électriques s'étaient multipliés. La bonne Marthe en perdait latête. « Est-ce que monsieur est fou ? » me dit-elle. Je fis un signe affirmatif. « Et il vous emmène avec lui ? (...)
Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. VIII Altona, véritable banlieue de Hambourg, esttêtede ligne du chemin de fer de Kiel qui devait nous conduire au rivage des Belt. En moins de vingt minutes, nous entrions sur le territoire du Holstein. (...)
Je vis bien que rien ne lui manquait des pièces nécessaires à l'exécution de ses projets. Entre autres, une feuille de papier, pliée avec soin, portait l'en-têtede la chancellerie danoise, avec la signature de M. Christiensen, consul à Hambourg et l'ami du professeur. (...)
Un gardien, qui demeurait de l'autre côté de la rue, nous remit une clef, et l'ascension commença. Mon oncle me précédait d'un pas alerte. Je le suivais non sans terreur, car latêteme tournait avec une déplorable facilité. Je n'avais ni l'aplomb des aigles ni l'insensibilité de leurs nerfs. (...)
J'aperçus les maisons aplaties et comme écrasées par une chute, au milieu du brouillard des fumées. Audessus de matêtepassaient des nuages échevelés, et, par un renversement d'optique, ils me paraissaient immobiles, tandis que le clocher, la boule, moi, nous étions entraînés avec une fantastique vitesse. (...)
Les femmes, à figure triste et résignée, d'un type assez agréable, mais sans expression, étaient vêtues d'un corsage et d'une jupe de « vadmel » sombre : filles, elles portaient sur leurs cheveux tressés en guirlandes un petit bonnet de tricot brun ; mariées, elles entouraient leurtêted'un mouchoir de couleur, surmonté d'un cimier de toile blanche. Après une bonne promenade, lorsque je rentrai dans la maison de M. (...)
Il causait en danois avec un homme de haute taille, vigoureusement découplé. Ce grand gaillard devait être d'une force peu commune. Ses yeux, percés dans unetêtetrès grosse et assez naïve, me parurent intelligents. Ils étaient d'un bleu rêveur. De longs cheveux, qui eussent passé pour roux, même en Angleterre, tombaient sur ses athlétiques épaules. (...)
Il demeurait les bras croisés, immobile au milieu des gestes multipliés de mon oncle ; pour nier, satêtetournait de gauche à droite ; elle s'inclinait pour affirmer, et cela si peu, que ses longs cheveux bougeaient à peine ; c'était l'économie du mouvement poussée jusqu'à l'avarice. (...)
Donc, ce qu'il y a de bon à prendre de cette expédition, prenons-le, et sans marchander ! » Ce raisonnement à peine achevé, nous avions quitté Reykjawik. Hans marchait entête, d'un pas rapide, égal et continu. Les deux chevaux chargés de nos bagages le suivaient, sans qu'il fût nécessaire de les diriger. (...)
Voilà une jolie promenade. » Il voulut faire une observation au guide, qui, sans lui répondre, reprit latêtedes chevaux et se remit en marche. Trois heures plus tard, toujours en foulant le gazon décoloré des pâturages, il fallut contourner le Kollafjord, détour plus facile et moins long qu'une traversée de ce golfe ; bientôt nous entrions dans un « pingstaoer », lieu de juridiction communale, nommé Ejulberg, et dont le clocher eût sonné midi, si les églises islandaises avaient été assez riches pour posséder une horloge ; mais elles ressemblent fort à leurs paroissiens, qui n'ont pas de montres, et qui s'en passent. (...)
Mon oncle, qui avait son instinct à lui, la pressa d'avancer. Nouveau refus de l'animal, qui secoua latête. Alors jurons et coups de fouet, mais ruades de la bête, qui commença à désarçonner son cavalier. (...)
Mon oncle, à la taille duquel on n'avait pas songé en bâtissant la maison, ne manqua pas de donner trois ou quatre fois de latêtecontre les saillies du plafond. On nous introduisit dans notre chambre, sorte de grande salle avec un sol de terre battue et éclairée d'une fenêtre dont les vitres étaient faites de membranes de mouton assez peu transparentes. (...)
Je me hâte de dire que l'Islandaise était mère de dix-neuf enfants, tous, grands et petits, grouillant pêle-mêle au milieu des volutes de fumée dont le foyer remplissait la chambre. A chaque instant j'apercevais une petitetêteblonde et un peu mélancolique sortir de ce brouillard. On eût dit une guirlande d'anges insuffisamment débarbouillés. (...)
Le désert se faisait de plus en plus profond ; quelquefois, cependant, une ombre humaine semblait fuir au loin ; si les détours de la route nous rapprochaient inopinément de l'un de ces spectres, j'éprouvais un dégoût soudain à la vue d'unetêtegonflée, à peau luisante, dépourvue de cheveux, et de plaies repoussantes que trahissaient les déchirures de misérables haillons. (...)
A cette occasion, mon oncle dut apprendre au chasseur que son intention était de poursuivre la reconnaissance du volcan jusqu'à ses dernières limites. Hans se contenta d'incliner latête. Aller là ou ailleurs, s'enfoncer dans les entrailles de son île ou la parcourir, il n'y voyait aucune différence ; quant à moi, distrait jusqu'alors par les incidents du voyage, j'avais un peu oublié l'avenir, mais maintenant je sentais l'émotion me reprendre de plus belle. (...)
Le professeur vit bien que mes jambes me refusaient tout service, et, malgré son impatience, il se décida à s'arrêter. Il fit donc signe au chasseur, qui secoua latêteen disant : « Ofvanför. - Il paraît qu'il faut aller plus haut », dit mon oncle. Puis il demanda à Hans le motif de sa réponse. (...)
« Descendre dans un tromblon, pensai-je, quand il est peutêtre chargé et qu'il peut partir au moindre choc, c'est oeuvre de fous. » Mais je n'avais pas à reculer. Hans, d'un air indifférent, reprit latêtede la troupe. Je le suivis sans mot dire. Afin de faciliter la descente, Hans décrivait à l'intérieur du cône des ellipses très allongées ; il fallait marcher au milieu des roches éruptives, dont quelques-unes, ébranlées dans leurs alvéoles, se précipitaient en rebondissant jusqu'au fond de l'abîme. (...)
Cependant, et malgré les difficultés de la descente sur des pentes que le guide ne connaissait pas, la route se fit sans accident, sauf la chute d'un ballot de cordes qui s'échappa des mains d'un Islandais et alla par le plus court jusqu'au fond de l'abîme. A midi nous étions arrivés. Je relevai latête, et j'aperçus l'orifice supérieur du cône, dans lequel s'encadrait un morceau de ciel d'une circonférence singulièrement réduite, mais presque parfaite. (...)
Combien de temps demeurai-je ainsi plongé dans mes réflexions, je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'en relevant latêteje vis mon oncle et Hans seuls au fond du cratère. Les Islandais avaient été congédiés, et maintenant ils redescendaient les pentes extérieures du Sneffels pour regagner Stapi. (...)
Le sentiment du vide s'empara de mon être. Je sentis le centre de gravité se déplacer en moi et le vertige monter à matêtecomme une ivresse. Rien de plus capiteux que cette attraction de l'abîme. J'allais tomber. Une main me retint. (...)
Au bout de trois heures, je n'entrevoyais pas encore le fond de la cheminée. Lorsque je relevais latête, j'apercevais son orifice qui décroissait sensiblement. Ses parois, par suite de leur légère inclinaison, tendaient à se rapprocher, l'obscurité se faisait peu à peu. (...)
En ce moment la voix de Hans se fit entendre : « Halt ! » dit-il. Je m'arrêtai court au moment où j'allais heurter de mes pieds latêtede mon oncle. « Nous sommes arrivés, dit celui-ci. - Où ? demandai-je en me laissant glisser près de lui. (...)
» En effet, ce paquet était accroché à une saillie de roc, à une centaine de pieds au-dessus de notretête. Aussitôt l'agile Islandais grimpa comme un chat et, en quelques minutes, le paquet nous rejoignit. (...)
Hans se chargea de pousser devant lui le paquet des cordages et des habits, et, moi troisième, nous entrâmes dans la galerie. Au moment de m'engouffrer dans ce couloir obscur, je relevai latête, et j'aperçus une dernière fois, par le champ de l'immense tube, ce ciel de l'Islande « que je ne devais plus jamais revoir. (...)
Les artistes du Moyen Age auraient pu étudier là toutes les formes de cette architecture religieuse qui a l'ogive pour générateur. Un mille plus loin, notretêtese courbait sous les cintres surbaissés du style roman, et de gros piliers engagés dans le massif pliaient sous la retombée des voûtes. (...)
Depuis une demi-heure, les pentes se sont modifiées, et à les suivre ainsi, nous reviendrons certainement à la terre d'Islande. » Le professeur remua latêteen homme qui ne veut pas être convaincu. J'essayai de reprendre la conversation. Il ne me répondit pas et donna le signal du départ. (...)
« Voyons, dis-je, nous n'avons maintenant qu'un parti à prendre ; l'eau nous manque ; il faut revenir sur nos pas. » Pendant que je parlais ainsi, mon oncle évitait de me regarder ; il baissait latête; ses yeux fuyaient les miens. « Il faut revenir, m'écriai-je, et reprendre le chemin du Sneffels. (...)
Il demeura immobile. Ma figure haletante disait toutes mes souffrances. L'Islandais remua doucement latête, et désignant tranquillement mon oncle : « Master, fit-il. - Le maître, m'écriai-je ! insensé ! (...)
Dans cette galerie de l'est, faite de laves, de schistes, de houilles, nous n'avons pas rencontré une seule molécule liquide. Il est possible que nous soyons plus heureux en suivant le tunnel de l'ouest. » Je secouai latêteavec un air de profonde incrédulité. « Ecoute-moi jusqu'au bout, reprit le professeur en forçant la voix. (...)
XXIII Pendant une heure j'imaginai dans mon cerveau en délire toutes les raisons qui avaient pu faire agir le tranquille chasseur. Les idées les plus absurdes s'enchevêtrèrent dans matête. Je crus que j'allais devenir fou ! Mais enfin un bruit de pas se produisit dans les profondeurs du gouffre. (...)
Ce bruit d'une eau murmurante me rafraîchissait déjà. Le torrent, après s'être longtemps soutenu au-dessus de notretête, courait maintenant dans la paroi de gauche, mugissant et bondissant. Je passais fréquemment ma main sur le roc, espérant y trouver des traces de suintement ou d'humidité. (...)
- Sous la pleine mer, répliqua mon oncle en se frottant les mains. - Ainsi, m'écriai-je, l'Océan s'étend au-dessus de notretête! - Bah ! Axel, rien de plus naturel ! N'y a-t-il pas à Newcastle des mines de charbon qui s'avancent sous les flots ? (...)
» Le professeur pouvait trouver cette situation fort simple ; mais la pensée de me promener sous la masse des eaux ne laissa pas de me préoccuper. Et cependant, que les plaines et les montagnes de l'Islande fussent suspendues sur notretête, ou les flots de l'Atlantique, cela différait peu, en somme, du moment que la charpente granitique était solide. (...)
- Parfaitement. - Et, dans ce moment, une tempête s'y déchaîne peut-être, et des navires sont secoués sur notretêtepar les flots et l'ouragan ? - Cela se peut. - Et les baleines viennent frapper de leur queue les murailles de notre prison ? (...)
Le 7 août, nos descentes successives nous avaient amenés à une profondeur de trente lieues, c'est-à-dire qu'il y avait sur notretêtetrente lieues de rocs, d'océan, de continents et de villes. Nous devions être alors à deux cents lieues de l'Islande. (...)
De traces, il n'y en avait pas. Mon pied ne laissait aucune empreinte sur ce granit. Je me brisais latêteà chercher la solution de cet insoluble problème. Ma situation se résumait en un seul mot : perdu ! (...)
En effet, quelle puissance humaine pouvait me ramener à la surface du globe et disjoindre ces voûtes énormes qui s'arcboutaient au-dessus de matête? Qui pouvait me remettre sur la route du retour et me réunir à mes compagnons ? « Oh ! mon oncle ! (...)
Elle est diffuse, elle est subtile ; mais, si peu qu'il en reste, la rétine de l'oeil finit par la percevoir ! Ici, rien. L'ombre absolue faisait de moi un aveugle dans toute l'acception du mot. Alors matêtese perdit. Je me relevai, les bras en avant, essayant les tâtonnements les plus douloureux ; je me pris à fuir, précipitant mes pas au hasard dans cet inextricable labyrinthe, descendant toujours, courant à travers la croûte terrestre, comme un habitant des failles souterraines, appelant, criant, hurlant, bientôt meurtri aux saillies des rocs, tombant et me relevant ensanglanté, cherchant à boire ce sang qui m'inondait le visage, et attendant toujours que quelque muraille imprévue vint offrir à matêteun obstacle pour s'y briser ! Où me conduisit cette course insensée ? Je l'ignorerai toujours. Après plusieurs heures, sans doute à bout de forces, je tombai comme une masse inerte le long de la paroi, et je perdis tout sentiment d'existence ! (...)
Je me sentis rouler en rebondissant sur les aspérités d'une galerie verticale, un véritable puits. Matêteporta sur un roc aigu, et je perdis connaissance. XXIX Lorsque je revins à moi, j'étais dans une demi-obscurité, étendu sur d'épaisses couvertures. (...)
Et maintenant, mon oncle, apprenez-moi où nous sommes en ce moment ? - Demain, Axel, demain ; aujourd'hui tu es encore trop faible ; j'ai entouré tatêtede compresses qu'il ne faut pas déranger ; dors donc, mon garçon, et demain tu sauras tout. - Mais au moins, repris-je, quelle heure, quel jour est-il ? (...)
Vous dites que me voilà sain et sauf ? - Sans doute. - J'ai tous mes membres intacts ? - Certainement. - Et matête? - Tatête, sauf quelques contusions, est parfaitement à sa place sur tes épaules. - Eh bien, j'ai peur que mon cerveau ne soit dérangé. - Dérangé ? (...)
C'était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir un océan. La voûte suspendue au-dessus de matête, le ciel, si l'on veut, semblait fait de grands nuages, vapeurs mobiles et changeantes, qui, par l'effet de la condensation, devaient, à de certains jours, se résoudre en pluies torrentielles. (...)
Que sont les arches des ponts et les arceaux des cathédrales auprès de cette nef d'un rayon de trois lieues, sous laquelle un océan et des tempêtes peuvent se développer à leur aise ? - Oh ! Je ne crains pas que le ciel me tombe sur latête. Maintenant, mon oncle, quels sont vos projets ? Ne comptez-vous pas retourner à la surface du globe ? (...)
- Cependant je ne vois pas comment nous pénétrerons sous cette plaine liquide. - Oh ! je ne prétends point m'y précipiter latêtela première. Mais si les océans ne sont, à proprement parler, que des lacs, puisqu'ils sont entourés de terre, à plus forte raison cette mer intérieure se trouve-t-elle circonscrite par le massif granitique. (...)
m'écriai-je à mon tour, un esturgeon de petite taille ! » Le professeur regarde attentivement l'animal et ne partage pas mon opinion. Ce poisson a latêteplate, arrondie et la partie antérieure du corps couverte de plaques osseuses ; sa bouche est privée de dents ; des nageoires pectorales assez développées sont ajustées à son corps dépourvu de queue. (...)
Enfin, dans les dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus grands que l'autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de latêtecontre la paroi de la voûte granitique. Tout ce monde fossile renaît dans mon imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l'homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore. (...)
- La mer conserve sa monotone uniformité. Nulle terre n'est en vue. L'horizon paraît excessivement reculé. J'ai latêteencore alourdie par la violence de mon rêve. Mon oncle n'a pas rêvé, lui, mais il est de mauvaise humeur. (...)
Hans veut mettre la barre au vent, afin de fuir ce voisinage dangereux ; mais il aperçoit sur l'autre bord d'autres ennemis non moins redoutables : une tortue large de quarante pieds, et un serpent long de trente, qui darde satêteénorme au-dessus des flots. Impossible de fuir. Ces reptiles s'approchent ; ils tournent autour du radeau avec une rapidité que des convois lancés à grande vitesse ne sauraient égaler ; ils tracent autour de lui des cercles concentriques. (...)
Mais il me semble que maintenant les autres animaux viennent prendre part à la lutte, le marsouin, la baleine, le lézard, la tortue. A chaque instant je les entrevois. Je les montre à l'Islandais. Celui-ci remue latêtenégativement. « Tva, dit-il. - Quoi ! deux ! Il prétend que deux animaux seulement... - Il a raison, s'écrie mon oncle, dont la lunette n'a pas quitté les yeux. - Par exemple ! - Oui ! le premier de ces monstres a le museau d'un marsouin, latêted'un lézard, les dents d'un crocodile, et voilà ce qui nous a trompés. C'est le plus redoutable des reptiles antédiluviens, l'ichthyosaurus ! (...)
Deux monstres seulement troublent ainsi la surface de la mer, et j'ai devant les yeux deux reptiles des océans primitifs. J'aperçois l'oeil sanglant de l'ichthyosaurus, gros comme latêted'un homme. La nature l'a doué d'un appareil d'optique d'une extrême puissance et capable de résister à la pression des couches d'eau dans les profondeurs qu'il habite. (...)
Soudain l'ichthyosaurus et le plesiosaurus disparaissent en creusant un véritable maëlstrom. Le combat va-t-il se terminer dans les profondeurs de la mer ? Tout à coup unetêteénorme s'élance au dehors, latêtedu plesiosaurus. Le monstre est blessé à mort. Je n'aperçois plus son immense carapace. Seulement, son long cou se dresse, s'abat, se relève, se recourbe, cingle les flots comme un fouet gigantesque et se tord comme un ver coupé. (...)
Les mugissements semblent provenir d'une chute d'eau éloignée. Je le fais remarquer à mon oncle, qui secoue latête. J'ai pourtant la conviction que je ne me trompe pas. Courons-nous donc à quelque cataracte qui nous précipitera dans l'abîme ? (...)
A mesure que nous approchons, les dimensions de la gerbe liquide deviennent grandioses. L'îlot représente à s'y méprendre un cétacé immense dont latêtedomine les flots à une hauteur de dix toises. Le geyser, mot que les Islandais prononcent « geysir » et qui signifie « fureur », s'élève majestueusement à son extrémité. (...)
Evidemment l'atmosphère est saturée de fluide, j'en suis tout imprégné, mes cheveux se dressent sur matêtecomme aux abords d'une machine électrique. Il me semble que, si mes compagnons me touchaient en ce moment, ils recevraient une commotion violente. (...)
dis-je, en faisant signe de l'abaisser. - Non ! répond mon oncle. - Nej », fait Hans en remuant doucement latête. Cependant la pluie forme une cataracte mugissante devant cet horizon vers lequel nous courons en insensés. (...)
Il faut lier solidement tout les objets composant la cargaison. Chacun de nous s'attache également. Les flots passent par-dessus notretête. Impossible de s'adresser une seule parole depuis trois jours. Nous ouvrons la bouche, nous remuons nos lèvres ; il ne se produit aucun son appréciable. (...)
Je prends le parti de lui écrire ces mots : « Amenons notre voile. » Il me fait signe qu'il y consent. Satêten'a pas eu le temps de se relever de bas en haut qu'un disque de feu apparaît au bord du radeau. (...)
- Et, chose curieuse, ajoutai-je, si nos calculs sont exacts, nous avons maintenant cette Méditerranée sur notretête. - Vraiment ! - Vraiment, car nous sommes à neuf cents lieues de Reykjawik ! - Voilà un joli bout de chemin, mon garçon ; mais, que nous soyons plutôt sous la Méditerranée que sous la Turquie ou sous l'Atlantique, cela ne peut s'affirmer que si notre direction n'a pas dévié. (...)
Peut-être même cette eau, ayant eu à lutter contre des feux souterrains, s'était vaporisée en partie. De là l'explication des nuages suspendus sur notretêteet le dégagement de cette électricité qui créait des tempêtes à l'intérieur du massif terrestre. (...)
Mon oncle avait levé ses grands bras vers l'épaisse voûte qui nous servait de ciel. Sa bouche ouverte démesurément, ses yeux fulgurants sous la lentille de ses lunettes, satêteremuant de haut en bas, de gauche à droite, toute sa posture enfin dénotait un étonnement sans borne. (...)
Mais ce fut un bien autre émerveillement, quand, courant à travers cette poussière volcanique, il saisit un crâne dénudé, et s'écria d'une voix frémissante : « Axel ! Axel ! unetêtehumaine ! - Unetêtehumaine ! mon oncle, répondis-je, non moins stupéfait. - Oui, neveu ! Ah ! M. Milne-Edwards ! Ah ! (...)
Ce n'était plus l'être fossile dont nous avions relevé le cadavre dans l'ossuaire, c'était un géant capable de commander à ces monstres. Sa taille dépassait douze pieds. Satêtegrosse comme latêted'un buffle, disparaissait dans les broussailles d'une chevelure inculte. On eût dit une véritable crinière, semblable à celle de l'éléphant des premiers âges. Il brandissait de la main une branche énorme, digne houlette de ce berger antédiluvien. (...)
Les Islandais ont souvent des armes de ce genre, et Hans, à qui celle-ci appartient, l'aura perdue... » Je secouai latête. Hans n'avait jamais eu ce poignard en sa possession. « Est-ce donc l'arme de quelque guerrier antédiluvien, m'écriai-je, d'un homme vivant, d'un contemporain de ce gigantesque berger ? (...)
A moins d'être d'une insigne mauvaise foi, je ne pouvais plus mettre en doute l'existence du voyageur et la réalité de son voyage. Pendant que ces réflexions tourbillonnaient dans matête, le professeur Lidenbrock se laissait aller à un accès un peu dithyrambique à l'endroit d'Arne Saknussemm. (...)
» Mon oncle mit son appareil de Ruhmkorff en activité ; le radeau, attaché au rivage, fut laissé seul ; d'ailleurs, l'ouverture de la galerie n'était pas à vingt pas de là, et notre petite troupe, moi entête, s'y rendit sans retard. L'orifice, à peu près circulaire, présentait un diamètre de cinq pieds environ ; le sombre tunnel était taillé dans le roc vif et soigneusement alésé par les matières éruptives auxquelles il donnait autrefois passage ; sa partie inférieure affleurait le sol, de telle façon que l'on put y pénétrer sans aucune difficulté. (...)
Ce que je n'avais pas voulu avouer, il fallait enfin le dire : « Manger ? répétai-je. - Oui, sans retard. » Le professeur ajouta quelques mots en danois. Hans secoua latête. « Quoi ! s'écria mon oncle, nos provisions sont perdues ? - Oui, voilà ce qui reste de vivres ! (...)
à bientôt les terrains de l'époque de transition, et alors... » Que voulait dire le professeur ? Pouvait-il mesurer l'épaisseur de l'écorce terrestre suspendue sur notretête? Possédait-il un moyen quelconque de faire ce calcul ? Non. Le manomètre lui manquait, et nulle estime ne pouvait le suppléer. (...)
Observez ces murailles qui s'agitent, ce massif qui se disloque, cette chaleur torride, cette eau qui bouillonne, ces vapeurs qui s'épaississent, cette aiguille folle, tous les indices d'un tremblement de terre ! » Mon oncle secoua doucement latête. « Un tremblement de terre ? fit-il. - Oui ! - Mon garçon, je crois que tu te trompes ! - Quoi ! (...)
Mon imagination surexcitée se promenait sur les plaines de neige des contrées arctiques, et j'aspirais au moment où je me roulerais sur les tapis glacés du pôle ! Peu à peu, d'ailleurs, matête, brisée par ces secousses réitérées, se perdit. Sans les bras de Hans, plus d'une fois je me serais brisé le crâne contre la paroi de granit. (...)
Ceci n'est point un volcan du nord avec ses collines de granit et sa calotte de neige. - Cependant... - Regarde, Axel, regarde ! » Au-dessus de notretête, à cinq cents pieds au plus, s'ouvrait le cratère d'un volcan par lequel s'échappait, de quart d'heure en quart d'heure, avec une très forte détonation, une haute colonne de flammes, mêlée de pierres ponces, de cendres et de laves. (...)
« Quelle que soit cette montagne, dit-il enfin, il y fait un peu chaud ; les explosions ne discontinuent pas, et ce ne serait vraiment pas la peine d'être sortis d'une éruption pour recevoir un morceau de roc sur latête. Descendons, et nous saurons à quoi nous en tenir. D'ailleurs je meurs de faim et de soif. » Décidément le professeur n'était point un esprit contemplatif. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...