Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : visage (9)(...) Tant que nous fûmes emprisonnés dans la vis intérieure, tout alla bien ; mais après cent cinquante marches l'air vint me frapper auvisage, nous étions parvenus à la plate-forme du clocher. Là commençait l'escalier aérien, gardé par une frêle rampe, et dont les marches, de plus en plus étroites, semblaient monter vers l'infini. (...)
Les hommes paraissaient robustes, mais lourds, des espèces d'Allemands blonds, à l'oeil pensif, qui se sentent un peu en dehors de l'humanité, pauvres exilés relégués sur cette terre de glace, dont la nature aurait bien dû faire des Esquimaux, puisqu'elle les condamnait à vivre sur la limite du cercle polaire ! J'essayais en vain de surprendre un sourire sur leurvisage; ils riaient quelquefois par une sorte de contraction involontaire des muscles, mais ils ne souriaient jamais. (...)
Je me relevai, les bras en avant, essayant les tâtonnements les plus douloureux ; je me pris à fuir, précipitant mes pas au hasard dans cet inextricable labyrinthe, descendant toujours, courant à travers la croûte terrestre, comme un habitant des failles souterraines, appelant, criant, hurlant, bientôt meurtri aux saillies des rocs, tombant et me relevant ensanglanté, cherchant à boire ce sang qui m'inondait levisage, et attendant toujours que quelque muraille imprévue vint offrir à ma tête un obstacle pour s'y briser ! (...)
Après plusieurs heures, sans doute à bout de forces, je tombai comme une masse inerte le long de la paroi, et je perdis tout sentiment d'existence ! XXVIII Quand je revins à la vie, monvisageétait mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d'insensibilité, je ne saurais le dire. (...)
XXIX Lorsque je revins à moi, j'étais dans une demi-obscurité, étendu sur d'épaisses couvertures. Mon oncle veillait, épiant sur monvisageun reste d'existence. A mon premier soupir il me prit la main ; à mon premier regard il poussa un cri de joie. (...)
Les flots s'y brisaient avec ce murmure sonore particulier aux milieux clos et immenses ; une légère écume s'envolait au souffle d'un vent modéré, et quelques embruns m'arrivaient auvisage. Sur cette grève légèrement inclinée, à cent toises environ de la lisière des vagues, venaient mourir les contreforts de rochers énormes qui montaient en s'évasant à une incommensurable hauteur. (...)
Je regardais, je pensais, j'admirais avec une stupéfaction mêlée d'une certaine quantité d'effroi. L'imprévu de ce spectacle avait rappelé sur monvisageles couleurs de la santé ; j'étais en train de me traiter par l'étonnement et d'opérer ma guérison au moyen de cette nouvelle thérapeutique ; d'ailleurs la vivacité d'un air très dense me ranimait, en fournissant plus d'oxygène à mes poumons. (...)
Je les associais difficilement pendant cette course vertigineuse quiressemblait à une chute. A en juger par l'air qui me fouettait levisage, elle devait surpasser celle des trains les plus rapides. Allumer une torche dans ces conditions était donc impossible, et notre dernier appareil électrique avait été brisé au moment de l'explosion. (...)
Après un laps de temps assez long, la vitesse de notre course redoubla. Je m'en aperçus à la réverbération de l'air sur monvisage. La pente des eaux devenait excessive. Je crois véritablement que nous ne glissions plus. Nous tombions. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...