Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : volcan (27)(...) La présence d'un savant tel que vous eût été très utile, mais les devoirs de votre profession... » J'aime à penser que notre hôte, dans l'innocence de son âme islandaise, ne comprit pas les grosses malices de mon oncle. « Je vous approuve fort, monsieur Lidenbrock, dit-il, de commencer par cevolcan; vous ferez là une ample moisson d'observations curieuses. Mais, dites-moi, comment comptezvous gagner la presqu'île de Sneffels ! (...)
Or, des conventions il résulta que Hans s'engageait à nous conduire au village de Stapi, situé sur la côte méridionale de la 3 Nom donné aux golfes étroits dans les pays scandinaves. presqu'île du Sneffels, au pied même duvolcan. Il fallait compter par terre vingt-deux milles environ, voyage à faire en deux jours, suivant l'opinion de mon oncle. (...)
Le sol se ressentait du voisinage de la montagne dont les racines de granit sortaient de terre, comme celles d'un vieux chêne. Nous contournions l'immense base duvolcan. Le professeur ne le perdait pas des yeux ; il gesticulait, il semblait le prendre au défi et dire : « Voilà donc le géant que je vais dompter ! (...)
XIV Stapi est une bourgade formée d'une trentaine de huttes, et bâtie en pleine lave sous les rayons du soleil réfléchis par levolcan. Elle s'étend au fond d'un petit fjord encaissé dans une muraille du plus étrange effet. On sait que le basalte est une roche brune d'origine ignée. (...)
A cette occasion, mon oncle dut apprendre au chasseur que son intention était de poursuivre la reconnaissance duvolcanjusqu'à ses dernières limites. Hans se contenta d'incliner la tête. Aller là ou ailleurs, s'enfoncer dans les entrailles de son île ou la parcourir, il n'y voyait aucune différence ; quant à moi, distrait jusqu'alors par les incidents du voyage, j'avais un peu oublié l'avenir, mais maintenant je sentais l'émotion me reprendre de plus belle. (...)
S'il se présente un chemin pour descendre dans les entrailles du sol, si ce malencontreux Saknussemm a dit vrai, nous allons nous perdre au milieu des galeries souterraines duvolcan. Or, rien n'affirme que le Sneffels soit éteint ? Qui prouve qu'une éruption ne se prépare pas ? (...)
Aussi je tombai de mon haut quand mon oncle me dit : « Tu vois toutes ces fumées, Axel ; eh bien, elles prouvent que nous n'avons rien à redouter des fureurs duvolcan! - Par exemple ! m'écriai-je. - Retiens bien ceci, reprit le professeur : aux approches d'une éruption, ces fumerolles redoublent d'activité pour disparaître complètement pendant la durée du phénomène, car les fluides élastiques, n'ayant plus la tension nécessaire, prennent le chemin des cratères au lieu de s'échapper à travers les fissures du globe. (...)
Cependant j'avais encore un espoir, c'est qu'une fois arrivés au fond du cratère, il serait impossible, faute de galerie, de descendre plus profondément, et cela en dépit de tous les Saknussemm du monde. Je passai la nuit suivante en plein cauchemar au milieu d'unvolcanet des profondeurs de la terre, je me sentis lancé dans les espaces planétaires sous la forme de roche éruptive. (...)
Il arriva donc un moment où la puissance mécanique de ces gaz fut telle qu'ils soulevèrent la lourde écorce et se creusèrent de hautes cheminées. De là levolcanfait du soulèvement de la croûte, puis le cratère subitement troué au sommet duvolcan. Alors aux phénomènes éruptifs succédèrent les phénomènes volcaniques ; par les ouvertures nouvellement formées s'échappèrent d'abord les déjections basaltiques, dont la plaine que nous traversions en ce moment offrait à nos regards les plus merveilleux spécimens. Nous marchions sur ces roches pesantes d'un gris foncé que le refroidissement avait moulées en prismes à base hexagone. (...)
Au loin se voyaient un grand nombre de cônes aplatis, qui furent jadis autant de bouches ignivomes. Puis, l'éruption basaltique épuisée, levolcan, dont la force s'accrut de celle des cratères éteints, donna passage aux laves et à ces tufs de cendres et de scories dont j'apercevais les longues coulées éparpillées sur ses flancs comme une chevelure opulente. (...)
Heureusement, après une heure de fatigues et de tours de force, au milieu du vaste tapis de neige développé sur la croupe duvolcan, une sorte d'escalier se présenta inopinément, qui simplifia notre ascension. Il était formé par l'un de ces torrents de pierres rejetées par les éruptions, et dont le nom islandais est « stinâ ». (...)
Cette différence dépend évidemment de la conductibilité des roches. J'ajouterai aussi que, dans le voisinage d'unvolcanéteint, et à travers le gneiss, on a remarqué que l'élévation de la température était d'un degré seulement pour cent vingt-cinq pieds. (...)
Je m'imaginais les torrents de feu brisés aux angles de la galerie et l'accumulation des vapeurs surchauffées dans cet étroit milieu ! « Pourvu, pensai-je, que le vieuxvolcanne vienne pas à se reprendre d'une fantaisie tardive ! » Ces réflexions, je ne les communiquai point à l'oncle Lidenbrock ; il ne les eût pas comprises. (...)
Je n'admettais la théorie de Davy en aucune façon, je tenais toujours pour la chaleur centrale, bien que je n'en ressentisse point les effets. J'aimais mieux admettre, en vérité, que cette cheminée d'unvolcanéteint, recouverte par les laves d'un enduit réfractaire, ne permettait pas à la température de se propager à travers ses parois. (...)
- Que voulez-vous dire ? - Une éruption, Axel. - Une éruption ! dis-je. Nous sommes dans la cheminée d'unvolcanen activité ! - Je le pense, dit le professeur en souriant, et c'est ce qui peut nous arriver de plus heureux ! (...)
Il était évident que nous étions rejetés par une poussée éruptive ; sous le radeau, il y avait des eaux bouillonnantes, et sous ces eaux toute une pâte de lave, un agrégat de roches qui, au sommet du cratère, se disperseraient en tous les sens. Nous étions donc dans la cheminée d'unvolcan. Pas de doute à cet égard. Mais cette fois, au lieu du Sneffels,volcanéteint, il s'agissait d'unvolcanen pleine activité. Je me demandai donc quelle pouvait être cette montagne et dans quelle partie du monde nous allions être expulsés. Dans les régions septentrionales, cela ne faisait aucun doute. (...)
« Bon, fit mon oncle en observant l'heure, dans dix minutes il se remettra en route. - Dix minutes ? - Oui. Nous avons affaire à unvolcandont l'éruption est intermittente. Il nous laisse respirer avec lui. » Rien n'était plus vrai. (...)
Depuis, j'ai réfléchi à ce singulier phénomène sans en trouver une explication satisfaisante. Toutefois il me paraît évident que nous n'occupions pas la cheminée principale duvolcan, mais bien un conduit accessoire, où se faisait sentir un effet de contrecoup. Combien de fois se reproduisit cette manoeuvre, je ne saurais le dire. (...)
Le professeur avait le premier pris la parole et dit : « En effet, voilà qui ne ressemble pas à l'Islande. - Mais l'île de Jean Mayen ? répondis-je. - Pas davantage, mon garçon. Ceci n'est point unvolcandu nord avec ses collines de granit et sa calotte de neige. - Cependant... - Regarde, Axel, regarde ! » Au-dessus de notre tête, à cinq cents pieds au plus, s'ouvrait le cratère d'unvolcanpar lequel s'échappait, de quart d'heure en quart d'heure, avec une très forte détonation, une haute colonne de flammes, mêlée de pierres ponces, de cendres et de laves. (...)
Au-dessous, et par une pente assez roide, les nappes de matières éruptives s'étendaient à une profondeur de sept à huit cents pieds, ce qui ne donnait pas auvolcanune hauteur de cent toises. Sa base disparaissait dans une véritable corbeille d'arbres verts, parmi lesquels je distinguai des oliviers, des figuiers et des vignes chargées de grappes vermeilles. (...)
Pour mon compte, oubliant le besoin et les fatigues, je serais resté à cette place pendant de longues heures encore, mais il fallut suivre mes compagnons. Le talus duvolcanoffrait des pentes très raides ; nous glissions dans de véritables fondrières de cendres, évitant les ruisseaux de lave qui s'allongeaient comme des serpents de feu. (...)
Et ces montagnes bleues qui s'arrondissaient au levant, c'étaient les montagnes de la Calabre ! Et cevolcandressé à l'horizon du sud, l'Etna, le farouche Etna lui-même. « Stromboli ! Stromboli ! » répétai-je. (...)
Nous avions l'air de chanter un choeur ! Ah ! quel voyage ! quel merveilleux voyage ! Entrés par unvolcan, nous étions sortis par un autre, et cet autre était situé à plus de douze cents lieues du Sneffels, de cet aride pays de l'Islande jeté aux confins du monde ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...