Annexe : Les chapitres manquants des Aventures d'Arthur
Gordon Pymsur Les Editions sans Détour au format
Contient : compagnons (11)(...) Frémissants, nous nous éloignâmes du bord. Une exploration rapide des lieux ne nous permit de trouver aucune trace de noscompagnons. Nous observâmes soigneusement le sol, mais les motifs complexes et dérangeants gravés sur celuici, additionnés à la chaleur rayonnante de l'endroit, nous empêchèrent d'y détecter des traces de glace de la nature de celles que nous avions suivies jusqu'à ce lieu. (...)
Les mots sont impuissants à décrire les souffrances pathétiques que nous endurâmes sur le chemin du retour. Nos nouveauxcompagnonsétaient bien trop légèrement vêtus pour supporter ce climat, et semblaient tous sans cesse à la limite de la rupture. (...)
Aussi immense que fut ma fatigue, elle était probablement infime en comparaison de la leur. Après avoir franchi l'entrée du tunnel, nous traînâmes noscompagnons, nous enfonçant dans la tiédeur de la galerie. La consommation des végétaux charnus que nous avions laissés sur la plateforme permit à nos nouveauxcompagnonsde recouvrer une partie de leur énergie. Peters et moimême retirâmes alors nos épouvantables costumes. (...)
Une sinistre flamme verdâtre s'éveilla brusquement au coeur de l'objet, et c'est à cette lueur mouvante que nous pûmes détailler pour la première fois l'état de noscompagnons. Ces hommes étaient de robustes gaillards, car malgré toutes les épreuves qui avaient affaibli leur constitution et blêmi leur teint, leur farouche volonté de vivre n'avait pas été affectée. (...)
Hantés comme nous l'étions par la crainte d'être malgré tout l'objet d'une traque, nous laissâmes le silence s'installer durant quelque temps. Finalement l'un des inconnus le rompit pour se présenter, lui et sescompagnons. Ils se nommaient Vredenburgh, DeLance et Marburg, et avaient servi comme hommes d'équipage sur un troismâts baptisé le Discovery, parti d'Oslo et dont ils nous dirent espérer qu'il fut encore à l'ancre à l'endroit où ils l'avaient laissé, désarmé suite à avaries. (...)
L'homme que nous avions découvert à l'entrée de la Tour se nommait Gunnarson, un courageux marin qui avait patienté jusqu'à ce que le froid glaçant devienne presque insupportable avant de tenter de libérer sescompagnons. L'une des Choses l'avait tué d'un simple coup, incroyablement puissant, qui avait littéralement défoncé son crâne comme une citrouille. (...)
Leur dernier camarade, disparu dans des circonstances tout aussi horribles, se nommait Johanneson, mais ils ne purent supporter de s'attarder sur ce souvenir. Ces hommes versèrent de chaudes larmes sur leurscompagnonstandis que Peters et moimême tentions du mieux que nous pouvions de les réconforter. Des heures passèrent, puis des jours. (...)
Me relevant péniblement, je perçus une sorte de grondement propagé au plus profond de la roche. Je m'efforçais alors de rassembler mescompagnons, craignant qu'une portion du tunnel ne s'effondrât, lorsque la substance rougeoyante que nous avions perdue de vue quelques instants plus tôt explosa soudain. (...)
Mon crâne bourdonnait comme si un coup de canon venait d'être tiré aux environs. Peters s'effondra sur le sol alors que noscompagnonsgambadaient joyeusement sur la plage en célébrant leur liberté retrouvée. Dans un état proche de la transe, je tentais de me rapprocher de lui. (...)
Cependant, mes camarades m'affirmèrent par la suite que j'avais, tout comme Dirk, divagué et déliré durant plusieurs semaines, sans que je ne puisse déterminer la cause de cette affliction. Je crois que notre trépas aurait été certain sans les soins prodigués par nos troiscompagnons, car nous n'émergeâmes de cette léthargie que bien plus tard. Notre première vision fut alors celle des robustes solives d'un navire audessus de nos têtes, et nos corps étaient bercés par le roulis si familier de l'océan. (...)Voici les 14 pages des chapitres manquants des aventures de Gordon Pym : 22 mars - Les ténèbres s'étaient sensiblement épaissies et n'étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d'oiseaux gigantesques, d'un blanc livide, s'envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekelili ! qu'ils poussaient en s'enfuyant devant nous. Sur ces entrefaites, NuNu remua un peu dans le fond du bateau ...