Annexe : Les chapitres manquants des Aventures d'Arthur
Gordon Pymsur Les Editions sans Détour au format
Contient : tour (23)(...) L'agitation s'atténua rapidement, et le silence fut brusquement total, avant qu'un déclic métallique suivi d'un curieux sifflement ne retentisse. Ce dernier s'estompa à sontour, tandis que l'intensité de la lumière déclinait, et nous fûmes bientôt à nouveau plongés dans les ténèbres. (...)
» L'idée me sembla raisonnable et il ne s'en fallut que d'un court moment avant que je n'aie occis à montourl'un des manchots. Curieusement, les bêtes ne prient pas la fuite malgré le sacrifice de deux de leurs congénères ; elles persistaient au contraire à grouiller autour de nous dans la confusion la plus totale. (...)
Aussi douloureuse qu'ait été la vision qui nous avait été offerte à l'issue du précédent tunnel, la vue depuis celuici était encore plus terrifiante. A moins d'un mille de là, visible au travers des rafales de vent et de neige, se tenait unetourtitanesque - un repaire de géants, de dragons, ou de quelque fabuleuse mais répugnante créature, car sa taille était bien trop élevée pour que l'on puisse envisager qu'elle ait pu être l'oeuvre de mains humaines. (...)
Elle s'élevait devant nous, enveloppée d'un voile de glace et de neige, gelée et tourbillonnant, plus haute que n'importe quelletourou citadelle médiévale. Et lorsque nous vîmes la lueur bleutée qui lévitait à son faîte comme un feu de SaintElme au sommet d'un mât, je sus, je sus au plus profond de moi, que la chose en face de laquelle je me trouvais ne pouvait être qu'un phare, un gigantesque fanal d'origine primordiale. (...)
Je ne peux concevoir aucune autre fonction à cette chose, tant sa lumière attirait le regard, même si elle s'avérait impossible à fixer. Cette ignoble illumination projetée du haut de latourcolossale exhalait une telle malveillance que je sais ne jamais pouvoir effacer sa vue de ma mémoire ; monumentale comme une armada de navires sur la mer et aussi terrifiante que le tonnerre sur l'océan. (...)
Il émanait de cet édifice païen une affreuse sensation de monstruosité, comme s'il ne s'agissait pas d'une construction terrestre, mais d'une énorme et blasphématoireTourde Babel, érigée pour railler Dieu et toutes Ses saintes créations. Je tentais de m'enfuir, mais je découvris que cela m'était impossible : j'étais captivé, involontairement fasciné par cette construction antédiluvienne qui m'attirait et m'appelait à elle. (...)
XXVIII : Par ce froid terrifiant, nous suivîmes les traces laissées dans la neige, durant ce qui me parut être une éternité. Je ne peux évaluer le temps qu'il nous fallut pour parcourir la distance nous séparant de latour. Le froid qui régnait était si engourdissant pour le corps et l'esprit que nous n'étions pas même en mesure de lever les yeux pour évaluer la distance nous séparant de laTour. La neige partiellement fondue nous fouettait de toute part, et tout ce dont nous étions capables était de contempler poser nos pieds couverts de glace se poser l'un devant l'autre le long de cette piste à demienfouie dans la neige. (...)
Bientôt, nous fûmes parvenus au pied du phare terrifiant et nous y découvrîmes, creusée dans la neige, une rampe d'accès qui menait directement au sein de latourenvironnée de vapeur. Je me serais plus volontiers précipité dans la cage d'un fauve, mais il était évident que nous ne pourrions pas survivre beaucoup plus longtemps au climat glacial régnant à l'extérieur. (...)
Pleins d'une terreur irraisonnée mais également d'une pitié irrépressible pour les prisonniers... et poussés par notre propre et peu glorieuse condition, nous franchîmes le seuil de latour. La première chose que nous remarquâmes, Peters et moimême, fut que la température était ici significativement plus élevée qu'au dehors. (...)
Tandis que nous retrouvions nos esprits, nous constatâmes que nous étions dans un couloir se dirigeant vers le centre de latour. Les murs étaient constitués de la même pierre lisse et gris foncé que l'édifice rituel des Tsalalis et présentaient la même netteté de finition. (...)
Nous n'osions pourtant pas abandonner ces derniers, de crainte de devoir entreprendre une retraite subite vers les étendues glacées environnant latour. Interrompant une longue et monotone ascension, une arche s'ouvrit sur le côté de notre rampe. Nous pénétrâmes dans ce passage, ne sachant si les captifs avaient été emmenés plus haut dans le tunnel ou conduits ici. (...)
Incapables d'y résister, nous nous approchâmes, et ce faisant, l'agréable tiédeur régnant dans le reste de cettetourse transforma en une insupportable chaleur, jaillissant, telle l'eau d'un geyser, de l'insondable orifice. (...)
Scrutant précautionneusement à l'intérieur du trou (son pourtour était dépourvu de balustrade ou de quelque protection contre notre maladresse), nous vîmes un colimaçon s'enroulant interminablement sous nos pieds, et se perdant dans un rougeoiement démoniaque qui devait se situer à bien plus d'un millier de mètres en profondeur. C'était le coeur infernal de l'infâmeTour. Du fond du puits, pourtant invisible, nous parvenaient un rougeoiement et des vagues de chaleur dignes des forges de Vulcain. (...)
Je ne pus m'empêcher de songer que chaque pas nous rapprochait un peu plus de la répugnante luminescence bleuâtre qui lévitait au sommet de latour. Cette pensée trouva confirmation, car bientôt il apparut que la paroi extérieure de la rampe s'était partiellement effondrée en plusieurs endroits. (...)
Curieusement, en vision latérale, il était plus aisé de déceler ces sortes d'éclairs, qui devenaient parfaitement invisibles dès que l'esprit leur accordait sa pleine attention. Mais à la différence de l'ignoble luminosité provenant du faîte de latour, ces pulsations étaient accompagnées d'un son perçant bien que lointain, murmure chanté évoquant quelques sirènes antiques, qui d'un même élan, nous attirait et nous repoussait. (...)
C'est en ce lieu que nous vîmes, pour la première fois depuis que nous avions franchi le seuil de cettetourantédiluvienne, un signe de vie, sous la forme de petites racines grimpantes. Elles s'insinuaient le long de deux des issues voûtées pour rejoindre, au travers du plafond, l'interminable rampe en spirale. (...)
Tous les corps étaient allongés sur une large dalle de pierre inclinée; peutêtre quelque autel sacrilège des Choses Polaires, d'une conception si épouvantable qu'elle ne pouvait convenir qu'à ces créatures. Tout comme de nombreux sols et parois de cettetourabandonnée de Dieu, l'autel était gravé d'étranges schémas et dessins que ni Peters ni moimême ne parvenions à comprendre. (...)
Nous retînmes notre respiration, n'osant ni bouger ni faire le moindre bruit tandis que les râles de l'agonisant résonnaient à travers latour. Apparemment rassurée, la créature reprit son ascension, et disparut bientôt avec sa lanterne dans les hauteurs de la rampe en spirale. (...)
Mais tandis que nous traversions le dôme où se trouvait le puits, nous aperçûmes une créature se précipitant dans notre direction depuis les plus profonds abîmes de latour, gravissant l'escalier en colimaçon ! D'une seule voix nous laissâmes échapper un cri d'horreur désespéré et nous prîmes la fuite, pris d'une intense panique, vers l'issue voûtée que Peters nous indiquait par de larges gestes affolés. (...)
Terrifiés par le spectacle auquel nous venions d'assister, nous prîmes la fuite comme des dératés. Nous fûmes bientôt hors de latourmaudite, immédiatement accablés par le froid mortel des étendues polaires. Les mots sont impuissants à décrire les souffrances pathétiques que nous endurâmes sur le chemin du retour. (...)
Trois d'entre eux succombèrent lors d'une affreuse embuscade, les cinq survivants étant fait prisonniers. L'homme que nous avions découvert à l'entrée de laTourse nommait Gunnarson, un courageux marin qui avait patienté jusqu'à ce que le froid glaçant devienne presque insupportable avant de tenter de libérer ses compagnons. (...)
D'ici quelques minutes, les deux plateformes allaient sans aucun doute entrer en collision et nous serions à notretourdévorés par l'horreur flamboyante. Nous sanglotâmes, maudissant DeLance pour son initiative irréfléchie, et Marburg commença même à prier. (...)Voici les 14 pages des chapitres manquants des aventures de Gordon Pym : 22 mars - Les ténèbres s'étaient sensiblement épaissies et n'étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d'oiseaux gigantesques, d'un blanc livide, s'envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekelili ! qu'ils poussaient en s'enfuyant devant nous. Sur ces entrefaites, NuNu remua un peu dans le fond du bateau ...