Annexe : Les chapitres manquants des Aventures d'Arthur
Gordon Pymsur Les Editions sans Détour au format
Contient : yeux (11)(...) La vision était quasiinsupportable, et j'entendis Peters jurer dans sa barbe que nous libérerions les captifs coûte que coûte. Sesyeuxbrillaient d'une lueur que je n‘ avais jamais connue auparavant, et j'eus un léger mouvement de recul en les voyant. (...)
Malheureusement la lumière qui provenait de l'issue derrière nous ne s'infiltrait guère loin dans la structure et nous ne disposions ni l'un ni l'autre du moindre moyen de produire une flamme, pas plus que d'un quelconque combustible pour l'entretenir. Nous avançâmes avec une grande prudence, habituant nosyeuxà l'obscurité grandissante. Nous fûmes bientôt sous le niveau de la mer, car l'air était aussi moite qu'on l'aurait imaginé. (...)
Profitant de cette couverture sonore, je me glissais jusqu'à Peters, toujours absorbé par la contemplation de l'activité en cours audelà de l'angle. J'allais m'enquérir de ce qui se passait lorsque, détournant à peine lesyeuxvers moi, il colla sa main sur ma bouche. L'agitation s'atténua rapidement, et le silence fut brusquement total, avant qu'un déclic métallique suivi d'un curieux sifflement ne retentisse. (...)
Curieusement, les bêtes ne prient pas la fuite malgré le sacrifice de deux de leurs congénères ; elles persistaient au contraire à grouiller autour de nous dans la confusion la plus totale. Je compris pourquoi alors je m'employais à la tâche écoeurante de dépecer l'animal : sesyeuxétaient d'un blanc uni et vitreux, complètement inutiles. Imitant Peters, j'écorchais la créature et retournais sa peau, de sorte que les minuscules plumes se trouvent contre ma peau et la tiennent au chaud. (...)
A l'oeil du commun, cette luminosité était certainement diffuse et modeste, mais pour ceux qui ont été enfermés dans les profondeurs de la Terre, plus obscures que toute nuit, cette blême lumière était quasiment insupportable. La lueur verdâtre de la lanterne n'avait pas préparé nosyeuxà l'éclat généreux du soleil, en dépit de la position basse de l'astre et du ciel couvert. Nulle part nous ne pouvions détourner le regard ; les blancheurs aveuglantes du ciel et de la neige, brûlant nosyeuxde leurs rayons aiguisés comme des lames, ne nous laissaient aucun répit. Nous restâmes immobiles, clignant desyeuxet les protégeant des réflexions lumineuses, jusqu'à ce que, lentement, nous découvrions que ces étendues polaires n'étaient pas uniquement constituées de neige aveuglante. Au fur et à mesure que nosyeuxs'habituaient à la luminosité, nous commençâmes à discerner les contours de formations rocheuses sombres et massives, contrastant de façon saisissante avec la blancheur immuable du lieu, et contre lesquelles la neige s'était amassée. Plus nous les observions, plus nous nous rendions compte que leurs formes étaient trop géométriques pour être l'oeuvre de la nature. (...)
Le froid qui régnait était si engourdissant pour le corps et l'esprit que nous n'étions pas même en mesure de lever lesyeuxpour évaluer la distance nous séparant de la Tour. La neige partiellement fondue nous fouettait de toute part, et tout ce dont nous étions capables était de contempler poser nos pieds couverts de glace se poser l'un devant l'autre le long de cette piste à demienfouie dans la neige. (...)
Alors que le liquide vorace avait pris possession de la majeure partie de la plateforme, une des Choses tenta de sauter dans le vide malgré la vitesse vertigineuse à laquelle le véhicule se déplaçait. Mais, devant nosyeuxébahis, la substance sanguinaire, ayant maintenant l'apparence des flammes d'un violent incendie, projeta un tentacule rougeâtre qui s'empara de la créature et la ramena sur la plateforme, avant de la dévorer. (...)
Alors que nous nous imaginions déjà purement et simplement pulvérisés, la masse incandescente ralentit soudainement, s'arrêtant à quelques mètres de nous. Si proche, son éclat nous brûlait sauvagement lesyeux, nous contraignant à détourner le regard et fermer les paupières. La lumière continuait à mordre cruellement nos rétines, tandis que nous nous rassemblions à tâtons, collectant les quelques pièces d'équipement que nous fûmes capables de retrouver. (...)Voici les 14 pages des chapitres manquants des aventures de Gordon Pym : 22 mars - Les ténèbres s'étaient sensiblement épaissies et n'étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d'oiseaux gigantesques, d'un blanc livide, s'envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekelili ! qu'ils poussaient en s'enfuyant devant nous. Sur ces entrefaites, NuNu remua un peu dans le fond du bateau ...