Le Termite, le Papillon et l'Araignée
sur Errance Eternelle au format (467 Ko)
Contient : prince (17)(...) Entre eux naissaient des alliances et des rivalités, des jalousies et, parfois, des amitiés véritables. Le Chevalier-Termite et lePrinceAraignée vivaient dans un recoin isolé de la Forêt d'Ebène et l'amitié qui les liait était légendaire. (...)
Régulièrement, les motifs changeaient, les teintes s'adaptant aux humeurs de la belle, aux gouts des spectateurs et ã d'autres éléments plus subtils qui faisaient que l'ensemble était parfait en toutes circonstances. La Duchesse-Papillon, au contraire du Chevalier-Termite et duPrince-Araignée, était une personnalité très connue de la cour animale. Nombreux étaient les prétendants qui rêvaient de conquérir le coeur de la belle. (...)
Une rencontre : Et c'est ce qu'elle fit ce jour-lã, sous le regard hébété du Chevalier-Termite et duPrinceAraignée. Ils décidèrent de l'emporter, de ne pas la laisser au milieu des marais, seule et vulnérable. Le Chevalier lui aménagea une alcove confortable dans une racine du Primarbre et lePrincelui tissa un manteau de la plus belle soie, puis ils la laissèrent ã son sommeil, émus de savoir cette demoiselle sous leur toit. (...)
Petit ã petit cependant, elle apprécia leur gentillesse dénuée d'intérêt, leur franche amitié, leur désintérêt des manigances de la cour, leur sincérité. LePrince-Araignée, trop complexé par son physique et trop timide, n'osa pas faire la cour ã la demoiselle. (...)
Les termites se lancèrent dans des constructions de plus en plus aériennes pour glorifier les époux et les papillons qui naquirent ã cette époque furent les plus beaux que l'Harmonde ait connu. LePrince-Araignée, bien que lui aussi secrètement amoureux de la belle, était heureux du bonheur de ses amis. (...)
Il fut très impressionné par le sentiment puissant unissant le ChevalierTermite et la Duchesse-Papillon, bien qu'il n'en comprenait pas la nature. Souvent, quand les mariés recherchaient de l'intimité, il se retrouvait seul avec lePrince-Araignée. Ils discutaient alors longuement de l'amour et le Masque comprit les sentiments que lePrinceéprouvait pour la femme de son ami. Il comprit également qu'il était doué pour révéler les secrets des autres. (...)
et pour cacher les siens. Et le Masque vit la jalousie qui était enfouie au plus profond de l'Ame duPrince. Il se fascina pour cette force secrète, que le Maestre-Animal tenait cachée, il chercha ã la révéler et il constata qu'il était doué pour cela aussi. Petit ã petit, la jalousie, le désir et le ressentiment enflèrent dans le coeur duPrince-Araignée : il ne supportait plus le bonheur du couple et décida que la Duchesse-Papillon devait lui appartenir. Un plan germa bientot dans l'esprit duPrince, un Drame suggéré par le Masque qui découvrit qu'il était décidément doué pour de nombreuses choses. (...)
Régulièrement, la Duchesse-Papillon quittait sa forme de chenille pour reprendre son ancienne apparence et, parée de ses ailes multicolores, aller faire chanter les couleurs de l'Harmonde. On appelait cela la Grande Métamorphose. A chacune de ces Grandes Métamorphoses, lePrince-Araignée l'enveloppait dans un cocon de soie. Ensuite, quand elle perdait ã nouveau ses ailes, créant une multitude de papillons, lePrincel'enveloppait d'un autre cocon, identique ã celui qu'il avait tissé le jour du mariage, pour lui permettre de renaître en chenille et de rejoindre son bien aimé. C'était la Métamorphose de Renaissance. Le plan duPrinceétait d'enlever la Duchesse-Papillon pendant sa Grande Métamorphose, l'emmenant avec lui dans un endroit secret et lui faisant oublier, au fil du temps, ce parvenu de Chevalier, ingrat et indigne d'elle. (...)
Le Masque observait, fasciné, la situation qu'il avait provoquée, réfléchissant au fragile équilibre qui existait avant son arrivée, ã ce qu'il avait fallu pour le briser et ã ce qui pourrait bien en ressortir. Et il comprit qu'il aimait ça. LePrince-Araignée mit son plan ã exécution, le Masque l'aida ã disparaître (découvrant sans surprise qu'il était très doué pour ça aussi) et put profiter du spectacle, se régalant de chaque acte : Le réveil de la Duchesse et sa détresse, la panique duPrincedécouvrant qu'elle lui échapperait, son acte désespéré pour la retenir en l'enfermant ã nouveau dans un cocon de soie et en la suspendant au plafond de son antre, la lente descente vers la folie de cet être qui chérit une chose qu'il ne peut obtenir et qu'il garde prisonnière. Mais aussi la tristesse sans nom du Chevalier-Termite devant la disparition de son aimée, son refus de reconnaître la culpabilité de son ami, ses recherches vaines puis sa résignation, son isolement volontaire loin de tout, son chagrin éternel, les termitières géantes de la Forêt d'Ebène abandonnées. (...)
Il est également des rumeurs plus inquiétantes. L'une d'elle dit que les araignées sont toujours sous les ordres duPrince-Araignée. Celui-ci, complètement asservi par le Masque, chercherait un moyen de conquérir la Duchesse, toujours prisonnière, en capturant tous ses enfants. (...)Il était une fois... L'Harmonde était jeune. Aucun homme n'avait encore contemplé ses merveilles, les Dames ne s'étaient pas encore éveillées, seules les Muses et leurs escortes foulaient cette terre en devenir. Parmi la foule des Merveilles et des Excellences, les Animaux-Maestres régnaient sur leurs cours. Entre eux naissaient des alliances et des rivalités, des jalousies et, parfois, des amitiés véritables. Le Chevalier-Termite et le Prince Araignée vivaient dans un recoin isolé de la Forêt ...