Pour chaque serrure il y a un voleur
Contient : clef (20)(...) La qualité de la serrure est donc proportionnelle à la valeur des choses qu'elle protège. Les premières serrures étaient simples : une cheville ferme la serrure, et laclefest un levier qui va pouvoir soulever spécifiquement la cheville. Avec l'amélioration de la technique, le nombre de chevilles a simplement augmenté. (...)
Les voleurs eurent donc la vie facile jusqu'à l'antiquité romaine, où fut inventé la serrure à garnitures. Ben me v'la garni... Une serrure à garnitures est une serrure où lacleffait tourner une crémaillère qui va verrouiller la porte, là où avant c'était un levier pour faire « sauter » les chevilles. (...)
On la dit « à garnitures » car des lamelles métalliques empêchent les clefs qui n'auraient pas la bonne forme d'effectuer le parcours dans la serrure. Ce sont les garnitures. La technique pour ouvrir ce genre de serrures est la re-fabrication de laclef, mais de manière simple. En effet, la plupart des garnitures sont au final décoratives, il suffit juste d'arriver à atteindre le mécanisme et de le faire tourner. (...)
Le voleur va donc faire rentrer un fil de fer un peu rigide tester la position des gorges, sortir son fil de fer, le tordre pour passer les garnitures et recommencer jusqu'à ce que toutes les difficultés aient été aplanies. C'est un peu long, mais ça se fait. L'autre technique, plus longue mais qui fournit uneclefà long terme, est d'avoir uneclef« vierge ». On la rentre, on tourne en forçant un peu, on la sort. Sur le métal sont apparues des encoches indiquant la position des garnitures. Le voleur lime saclefvierge jusqu'à avoir unecleffonctionnelle. C'est long, mais mieux à long terme puisqu'on détient alors une copie de laclef... ... et pris à la gorge ! Ces serrures-là vont représenter le must de la technologie jusqu'au XVIIIe siècle environ. C'est alors qu'on invente la serrure à gorges. Dans la serrure à gorges, laclef, en tournant, déplace de petites plaquettes métalliques comportant une encoche. Sur la barre bloquant la serrure, il y a un plot qui doit, pour que la barre puisse se déplacer, être aligné avec les encoches des petites plaquettes métalliques. (...)
Le voleur commence alors à avoir plus de mal, puisqu'il faut au voleur faire tourner le mécanisme tout en tâtant la position de chaque gorge, une par une jusqu'à les avoir toutes passées. Les possibilités limitées du format de lacleflimitent malheureusement la difficulté à passer le système. Il faudra attendre le XIXè siècle pour augmenter sérieusement les difficultés avec une sorte de piège : si la gorge est poussée trop loin, alors la serrure se bloque en position fermée. (...)
jusqu'à l'invention de versions plus complexes du même système et des serrures électroniques. Bref, c'est la serrure du quidam. Cette serrure comporte une partie mobile cylindrique, que laclefva faire tourner, entraînant par crémaillère la barre qui bloque la porte. Ce qui empêche le cylindre de tourner tel un verrou, c'est une série de petites goupilles métalliques sur ressort qui traversent à la fois le cadre du cylindre et le cylindre. Ces goupilles sont sur ressort afin de les bloquer en position fermée tant que laclefn'est pas présentée. Le rôle de laclef(et la raison de son profil en dents de scie), c'est de soulever chaque goupille à la bonne hauteur. Chaque goupille étant coupée en deux, laclefla soulève à la hauteur suffisante pour que la coupure soit au bord du cylindre. Quand toutes les coupures sont alignées avec ce bord, alors le cylindre peut tourner et ouvrir la porte. (...)
Ceci dit, un crocheteur exercé ne s'y trompe pas et les ouvre aussi vite que les goupilles normales. A noter une variante de serrure à goupille et à gorge, la serrure à paillettes : laclefest introduite dans une série de plaquettes trouées. La forme de lacleffait coulisser ces plaquettes de manières à ce qu'elles ne gènent plus la rotation. Les principes de crochetages sont les mêmes, en plus facile, que les serrures à goupilles. (...)
Il existe des méthodes moins subtiles et assez efficaces sur nombre de serrures : la bumpkey et le pick-gun, qui fonctionnent sur le même principe. Une bumpkey est uneclefstandard dont les encoches auraient toutes été limées à la côte maximum, alors qu'un pick-gun est juste une baguette en métal avec un système permettant de lui donner une impulsion vers le haut. (...)
Le choc est transmis et seule la partie supérieure se soulève, pour toutes les goupilles en même temps, permettant de tourner laclef... Temps pris par l'opération : quelques secondes. Si on revient à l'utilisation en jeu de rôles, on s'aperçoit donc qu'il faut attendre le XVIIIe siècle avant d'avoir une serrure posant une quelconque difficulté à son crocheteur, et encore, pas énormément. (...)
A partir du XIXe siècle, on commence à avoir des serrures sérieuses, mais pour les serrures protégeant tout ce qui n'est pas un coffre fort, c'est la fin du XXe siècle qui amènera des choses qui ne sont pas ouvertes en quelques secondes avec une paire de trombones (l'un pour faire crochet, l'autre pour faire tourner le cylindre). Au-delà du crochetage, un serrurier a la possibilité de refaire laclefavec la même technique que celle décrite pour les serrures garnitures. Il y a aussi le fait de passer outre la serrure. (...)
Le crochetage, c'est le plus souvent dans les films. Plus rapide encore, bien plus efficace et moins risqué : obtenir un double de laclefen jouant des affinités sociales avec le fabriquant de la serrure ou le possesseur des clefs. Dans un jeu de rôles, donc, la compétence crochetage représente surtout la connaissance qu'a le voleur du type de mécanisme auquel il est confronté. (...)« - La porte est fermée. Popol le voleur doit faire son jet de crochetage... - 23, réussi de 5 ! Y'a quoi derrière la porte ? » Aucune aventure, aucun jeu qui n'aie sa compétence « crochetage », quelle que soit la période du jeu. A tel point que c'est une sorte de cliché récurrent de l'enquête dans le jeu de rôles, un facteur de suspense inhérent à la forme. Dans les donjons, le voleur ouvre les portes et protège ses camarades des éventuels pièges. Dans les villes, les détectives (sous licence ...