Guide : Une fin de siècle à Paris
sur Les Ecuries d’Augias au format (68 Ko)
Le guide de Paris a été réalisé d'une manière originale pour s'écarter des sempiternelles descriptions, fastidieuses à lire. Nous tenterons d'embarquer le lecteur dans l'ambiance du Paris de Crime, de la Belle Epoque, et du cadre littéraire de cette fin de XIXème siècle. Plusieurs itinéraires vous permettent de suivre des protagonistes à travers la ville pour vous immerger dans leur aventure originale Un fil directeur relie toutes ces aventures : vous le trouverez en filigrane dans le récit et ...Contient : homme (29)(...) Une sirène retentit ; Adrianna sentit une odeur douceâtre, écoeurante qui n'était pas celle d'un incendie. Chloé poussa un cri : la poupée de chiffon s'écrasa dans une flaque d'eau opaque. Adrianna vit unhommesortir d'une large demeure dont l'enseigne trahissait la raison d'être : Fantasia , une fumerie d'opium. (...)
V) Un meurtre bien mystérieux Destinataire : le docteur Killian 31 bis, place des Vosges ; Paris Monsieur, Eu égard aux services qu'unhommetel que vous puisse apporter au bénéfice de notre société, et au nom de toutes les fois où vous avez pu veiller à notre santé, la mienne et celle de mes proches, Je vous adresse cette troisième réclamation, rejoint en cela par nombre de vos voisins : pourriez-vous cesser une fois pour toutes vos occupations pratiques pseudo-médicales concernant les cadavres que vous entreposez à votre domicile ? (...)
Derrière la vitre protectrice grimaçait un curieux crâne vaguement humain, patiné par le temps, les orbites profondément enfoncées dans une boîte crânienne trop étroite, la face tombant sur des mâchoires proéminentes démesurées par rapport à l'ensemble. Christian Bertillon passait une agréable soirée. Il n'aurait raté la présentation de l'hommede Piltdown pour rien au monde. Il espérait secrètement qu'il ne fusse pas dérangé en cette soirée, que le crime le laisserait en paix pour qu'il restât en compagnie de ce monument du passé. Il fronça les sourcils derrière ses lorgnons alors qu'il se penchait pour lire l'inscription : -«Hommede Piltdown ou Eoanthropus Dawsoni. Age présumé : 25 millions d'années. Découvert à Piltdown (Angleterre) le 21 novembre 1882 par le notaire Charles Dawson et identifié par le directeur du département de géologie du British Museum, sir Arthur Smith Woodward. » Pour lui qui se passionnait pour les origines de l'hommeet ne jurait que par la théorie de l'évolution de Darwin, c'était une aubaine de contempler la plus étrange trouvaille du siècle. Unhommeparfaitement constitué au niveau cervical, doyen incontesté des Cro Magnon et autres Néanderthaliens. (...)
Il est vrai que laisser cet honneur aux pithécanthropes africains ne pouvait que ternir l'image de la fabuleuse Europe... L'ambiance était propice à la rêverie; l'inspecteur s'amusa d'estimer le potentiel criminel de l'hommede Piltdown en utilisant les brillants travaux d'anthropométrie de son oncle. Une telle mâchoire indiquait un appétit féroce; l'occiput étroit une certaine faiblesse de l'intellect, la face simiesque n'invitait pas à la considérer comme unhommede réflexion. Il aurait voulu voir le reste du corps couturé de cicatrices : l'Eoanthropus Dawsoni ne dut certainement pas être un enfant de coeur ! D'ailleurs, quelle pouvait être la frontière séparant l'hommede l'animal ? Cette relique définit mal cette transition en douceur : un crâne humain et une mandibule animale. Les passions dominant la capacité réflexive ? Une parabole de l'hommemoderne, gentilhomme victorien en façade, monstre de perversion en lui-même. Bertillon décida de poursuivre sa route, longeant les fauves et éléphants empaillés pour échapper à ces idées compliquées qui le renvoyaient immanquablement à son métier. (...)
Edmond Fourastié a rencontré un être monstrueux (inconnu à l'heure où je vous écris ces lignes) qui a fait de lui son Fils Démoniaque, «homme» à tout faire qui lui conféra par la même occasion sa Paranoïa maladive. Il est normal qu'il ait récupéré de cette paternité non naturelle un des pouvoirs de son mentor qui est Bouclier de Chair. (...)
Il obliqua rapidement vers le dôme des Invalides pour se diriger vers son noble but : l'Assemblée Nationale. Devant le café Procopio - rue de l'ancienne comédie - 21H00. C'est unhommeà l'allure dégingandée qui sortit du café El Procopio alors que le soir était déjà avancé. Il titubait quelque peu à la manière d'un acteur du Grand Guignol, redevable en cela à la caresse subtile de la fée verte qui s'insinuait dans ses veines. (...)
Celui-ci avait défendu bec et ongles son projet de citoyenneté à la française : il voulait tout bonnement dissoudre les droits des étrangers sur le sol national et instaurer un civisme à deux vitesses, pour défendre le bien de ses compatriotes. Ce petithommeveule cachait la formidable énergie d'un orateur qui aurait rêvé de se mesurer au grand Cicéron lui-même. (...)
Ses adversaires ne redoutaient pas sa lame- sa constitution frêle lui en interdisait l'exercice- mais bien sa langue et sa plume. Plus d'une carrière avait été interrompu à la suite d'une remarque cinglante du petithommed'Etat. Bien entendu, il n'était pas dupe de ses propos. La seule personne qu'il ne pouvait convaincre pleinement était bien lui-même. (...)
L'ordonnancement méticuleux des os ressemblent à une parade militaire plus qu'à un hommage posthume à ces glorieux anonymes. VII) Le troquet des anarchs L'hommen'exploite plus l'homme, mais l'hommeassocié à l'hommeexploite le monde livré à sa puissance. Saint-Simon (1760-1825), Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin. Proudhon et la propriété Proudhon (1809-1865). fils de tonnelier, écrit en 1848 ce pamphlet qui éclate comme un scandale. (...)
Et que d'un seul mot je répondisse : C'est l'assassinat, ma pensée serait d'abord comprise. Je n'aurais pas besoin d'un long discours pour montrer que le pouvoir d'ôter à l'hommela pensée, la volonté, la personnalité, est un pouvoir de vie et de mort, et que faire unhommeesclave, c'est l'assassiner. Pourquoi donc à cette autre demande : Qu'est-ce que la propriété ? (...)
L'association libre, la liberté, qui se borne à maintenir l'égalité dans les moyens de production, et l'équivalence dans les échanges, est la seule forme de société possible, la seule juste, la seule vraie. X. La politique est la science de la liberté; le gouvernement de l'hommepar l'homme, sous quelque nom qu'il se déguise, est oppression; la plus haute perfection de la société se trouve dans l'union de l'ordre et de l'anarchie. La fin de l'antique civilisation est Venue; sous un nouveau soleil, la face de la terre va se renouveler. (...)
-« Ce que Michel veut dire, c'est qu'il me semblerait correct de votre part de nous faire profiter de votre bras long pour nous faire entrer dans l'Assemblée » tempéra un jeunehommedistingué, quoique moins fringuant que le bourgeois auquel il s'adressait, mais bien plus que son compagnon plus âgé qui profilait le parfait ouvrier aviné parigot, du genre de ceux qui abondaient dans ce quartier prolétaire. (...)
Ces paroles égayèrent le partisan royaliste qui sortit la tête de son journal : -«Regardez l'Aurore. Clemenceau y déclare que le président Félix Faure vient de mourir, et que cela ne fait pas unhommede moins en France ! Quel salaud ! Ce bon Félix n'était qu'un falot, mais quand même ! » -« N'empêche que le nouveau, Carnot, n'est pas de la même trempe. (...)
La foule attendait l'aube naissante dans un silence glacé. On patientait pendant des heures. Soudain, la porte s'ouvrait. L'homme, les pieds entravés, bousculé, ahuri, était traîné jusqu'à la guillotine, poussé sur la bascule. (...)
Ils étaient comme seuls au monde. Rothman s'inquiétait de cette perspective. La discussion autour de la mortalité de l'hommeet de ses civilisations attisa néanmoins sa curiosité. Que pourraient bien révéler les âmes de ces infortunés, si jamais elles apparaissaient ? (...)
» Rothman reconnut l'accent haché du hongrois qui déclamait son invitation les bras ouverts, laissant apparaître une chemise à collerette d'un blanc immaculé. Comme s'il s'agissait d'un seulhomme, les six hommes tournèrent les talons et avancèrent furtivement dans les allées du cimetière. Il arrivèrent en vue du cimetière juif. (...)
Le motif de cet acte désespéré est imprécis, quelques témoins l'auraient vu sortir précipitamment d'un troquet de la rive gauche, comme s'il eut été poursuivi par une cohorte de démons des enfers. Un illustrehommede science s'en est allé, de même qu'un promoteur de l'amitié franco-anglaise. Une brigade de Scotland Yard devrait arriver sur les lieux pour enquêter. (...)
Ce genre d'accoutrement était la cible de quolibet sous la Révolution: le col de chemise semblait guider, par son ouverture, le trajet de la guillotine devant décolleter l'hommecondamné. Comme si la suprême majesté commandait de s'habiller avec élégance et praticité jusqu'à la dernière heure! (...)