L'araignée de glace
sur Asmodée au format (159 Ko)
Medico, 1666. La tisseuse à la fourrure de velours bleu nuit avait élu domicile près de la grande fenêtre de la chambre. Immobile au milieu d'un piège semblable à un flocon de neige, elle guettait, patiente, les proies imprudentes qui finiraient immanquablement par se prendre dans ses rets. Le reflet d'un rayon de soleil joua quelques instants sur le pelage de la créature, la parant de l'éclat d'un saphir. Un papillon aux ailes multicolores se posa délicatement sur la toile, tenta de repartir ...Contient : femmes (5)(...) Elle tourna résolument le dos à ce spectacle de cruauté nue, s'installa délicatement face à sa coiffeuse, puis ôta lentement le long voile de dentelle noire qui recouvrait son visage, libéra ses lourdes boucles couleur de miel et plongea ses yeux mordorés dans ceux de son reflet. Les paroles sèches de sa mère lui revinrent en mémoire. « Certainesfemmesont reçu l'amour en partage, mon enfant, mais nous, nous avons le pouvoir. L'amour dure le temps d'une rose éphémère et s'envole avec le rayonnement de la jeunesse. (...)
Elles roulèrent à nouveau l'une sur l'autre, la jeune Lachesis parant comme elle pouvait les assauts de la Strega, puis, soudain, la lame de la dague déchira le linge brodé. Le temps s'arrêta autour des deuxfemmes, la comtessa regardant avec horreur ce qu'elle venait de faire, puis elle commença à suffoquer. (...)
Elle était tombée très vite enceinte et il s'était éloigné d'elle ; elle lui parlait des menus événements de ses journées, desfemmesqu'elle avaient rencontrées - épouses discrètes d'autres gentilshommes ou jeune filles fraîchement sorties de l'école - il écoutait distraitement, lui demandait quelques nouvelles de sa santé, l'embrassait en pensant à autre chose et sortait. (...)
« Ou bien, peut-être me suis-je mal exprimé. Je vous parle de l'opinion de l'Eglise vodacci vis-à-vis des Streghe. - La condition desfemmesest très différente, ici. Mais il est vrai que la sorcellerie y est une hérésie. » Il plissa les yeux quelques instants. (...)
Car c'était bien de cela, il en était certain, qu'il s'agissait. « Je suis à la recherche de l'une de cesfemmes. Avant de quitter Medico, elle s'appelait Sandra de Brunelli. Mais je ne sais quel nom elle a pris, depuis son départ. (...)