L'araignée de glace
sur Asmodée au format (159 Ko)
Medico, 1666. La tisseuse à la fourrure de velours bleu nuit avait élu domicile près de la grande fenêtre de la chambre. Immobile au milieu d'un piège semblable à un flocon de neige, elle guettait, patiente, les proies imprudentes qui finiraient immanquablement par se prendre dans ses rets. Le reflet d'un rayon de soleil joua quelques instants sur le pelage de la créature, la parant de l'éclat d'un saphir. Un papillon aux ailes multicolores se posa délicatement sur la toile, tenta de repartir ...Contient : voile (5)(...) Elle tourna résolument le dos à ce spectacle de cruauté nue, s'installa délicatement face à sa coiffeuse, puis ôta lentement le longvoilede dentelle noire qui recouvrait son visage, libéra ses lourdes boucles couleur de miel et plongea ses yeux mordorés dans ceux de son reflet. (...)
Difficile de confier ses chagrins et ses doutes à quiconque lorsque l'on est traitée en esclave par sa propre mère - ou que l'on apprend à se méfier de son ombre dans une pension qui a tout d'une prison ? Ah... je vois que vous en avez terminé. » Sandra posa sonvoilesur son crâne. Il descendait jusqu'au bas de sa poitrine et ne laissait deviner que l'éclat de ses yeux et le carmin de ses lèvres. (...)
Tentant de dissimuler son trouble, elle chercha son nécessaire de couture et surprit le regard de sa mère. Un regard qu'elle devinait, derrière levoile, froid, calculateur et satisfait. Un regard qui signifiait : « Vous m'avez dépassée en sorcellerie, mais jamais ne le pourrez en puissance politique. (...)
Pas la moindre trace de magie en elle, une joie naïve, pleine d'espérance. La mâchoire crispée de rage, la Clotho rejoignit l'adolescente d'un pas décidé et lui arracha sonvoile. « Vous ! Espèce de petite garce usurpatrice ! Que signifie cette mascarade ? » La jeune senzavista porta les mains à son visage et recula, effrayée. (...)
- La destinée, Léa. » répondit la jeune femme d'un ton las. « Reprenez-vous, à présent. Et rajustez votrevoile. Je remplacerai la comtessa durant la cérémonie et dans les quelques jours qui suivront. Après, je disparaîtrai de votre existence... Ce sera, disons, mon cadeau de mariage. (...)