De la monnaie et du numéraire
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Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : prix (10)(...) Ce sont tous ces services, employés et détruits, toutes ces avances qu'il a fallu faire, qui constituent leprixdes métaux précieux, soumis, au reste, comme toutes les autres marchandises aux fluctuations qui résultent de l'abondance ou de la rareté. (...)
Partant de cette idée fausse, on défendit longtemps l'exportation de l'or et de l'argent hors de l'Empire de Kargarl, sous des peines d'une sévérité draconienne, celle de la mort entre autre ; et on ne vit pas qu'en leur qualité de marchandise, qualité qu'on leur déniait à la vérité, ils pouvaient être expédiés hors du royaume, en paiement d'achats faits à l'étranger, avec plus d'avantage pour l'exporteur comme pour le destinataire, que tout autre marchandise : cas qui se présenta toutes les fois que le change fut avantageux, ou que les produits du pays qui exportait son or, étaient inférieurs, soit par la qualité, soit par leprix, à ceux du pays dans lequel on l'envoyait. L'utilité réelle des métaux précieux consiste, ainsi que je l'ai démontré plus haut, à servir et à faciliter les échanges du commerce auxquels ils sont presqu'aussi nécessaires que les routes, et c'est même chose remarquable que d'observer comme ces grands agents du négoces se sont, à toutes les époques, perfectionnés simultanément. (...)
Réellement quarante-cinq fois plus abondant que l'or, l'argent a néanmoins une valeur triple de celle que ce rapport semble lui assigner, parce que son utilité industrielle, beaucoup plus grande que celle de l'or, le fait rechercher pour une foule d'emploi ; or la demande est, vous le savez, l'un des éléments qui concourent à former leprixet à assigner une valeur aux choses. Par ailleurs, le sélénium, seulement deux fois plus rare que l'or dans la nature, a la particularité de ne se trouver que sur notre lune et d'être d'une préciosité élevée hors d'Exil ; les maisons de change et la caisse des dépôts d'Administration veillant jalousement à n'en point laisser de trop grandes quantité en circulation, préférant s'appuyer sur l'or de Forge pour commercer. (...)
Rendus presque toujours pour venir au secours des finances obérées, les édits de falsification allaient directement contre le but que leurs auteurs s'étaient proposé ; les monnaies réduites étaient bientôt dépréciées, et leprixdes choses que le gouvernement avait besoin d'acheter pour l'entretien des troupes augmentait, ainsi que toutes les dépenses dont il était chargé, en proportion des altérations commises. (...)
Dans l'état actuel, l'or en lingot valant 3,485 thalers et 72 cents le kilogramme, et le kilogramme d'or monnayé étant mis dans la circulation dans l'Empire auprixinférieur de 3,444 thalers et 44 cents, il en résulte une perte de 41 thalers et 28 cents par kilogramme d'or. (...)
[...] Je ne peux que déplorer l'erreur du gouvernement impérial qui va, par son projet, mettre des entraves aux relations commerciales de ce pays avec tous les autres peuples. Qu'un négociant impérial vienne en Talbes pour négocier une partie de vins, et après leprixconvenu, le propriétaire talbéen stipulera une augmentation de 13 pour cent en cas de paiement en or affaibli ; il en sera de même partout ailleurs ; la défiance, l'incertitude du mode de paiement rendront les transactions plus difficiles et feront élever lesprix. De toute les manières, ce projet est mauvais, il nuit au commerce et ne peut, malgré ses auteurs, empêcher l'or d'être recherché avec une faveur, c'est-à-dire un agio variable, suivant certaines circonstances. (...)
Aussi, remarque-t-on que dans tous les pays qui ont multiplié leurs capitaux par le crédit et les banques, leprixdes choses a haussé, c'est-à-dire qu'il a fallu une plus grande quantité de numéraire que par le passé, pour obtenir les mêmes denrées, les mêmes marchandises ; il en est résulté que ceux, par exemple, qui étaient à leur aise, il y a trente ans, le sont moins aujourd'hui. (...)
[...] Je bornerai là les considérations sommaires que je voulais vous soumettre sur les effets que les crédits et les banques ont eus sur notre société moderne ; elles suffiront pour vous expliquer certains phénomènes dont vous ne vous étiez peut-être pas rendu un compte exact. Vous avez vu en effet, qu'en multipliant les capitaux, le crédit avait fait augmenter leprixdes choses et diminué les revenus, ainsi que l'intérêt de l'argent, et vous avez pu comprendre comment certaines fonctions autrefois recherchées étaient devenues une charge plutôt qu'un avantage, ce qui avait rejeté un plus grand nombre de bras dans le travail. (...)
Ces valeurs circulent quelques temps et servent d'ordinaire à des fripons pour tromper d'honnêtes négociants, qui les reçoivent en paiement de marchandises très réelles, vendues ensuite à vilprixpar les escrocs qui se les sont procurées de cette manière, et qui se gardent bien d'acquitter leurs engagements à échéance. (...)