Maraudeur n°3 : Le dernier verre
sur Studio09 au format (55.3 Mo)
Contient : bar (7)(...) Ici à Bluff, Utah, leur statut de jeune blanc équivalait à une carte « Vous êtes libérés de prison » alors que quelques miles plus au sud, il y avait la police tribale qui se serait donnée bien du plaisir à apprendre le respect des aînés à ces gamins. Les trois jeunes rejoignirent les tables de billard au fond dubar, hilares, tout en singeant ce qu'ils croyaient être des pas de danse traditionnelle indienne. Susie en avait vu défiler des petits cons en vingt années passées dans sonbar. Généralement, ils débarquaient le samedi soir, le jour où ils étaient à peu près certains de ne pas rencontrer de Navajo venu prendre un verre après une journée de boulot hors de la réserve. (...)
Tant qu'il ne faisait pas d'histoire, Susie n'avait pas de raison de l'ennuyer et puis, tout dollar était bon à prendre, comme le lui avait appris son mari pendant ses quinze années de gestion dubar. Avant qu'il n'ait eu l'idée saugrenue de passer sous les roues d'un camion, un soir de virée... Pendant que Susie vaquait à son service et ses pensées, le vieil Indien, de son vrai nom Gini Whitefangs, se mordait les lèvres jusqu'au sang. (...)
Une fois libéré, Gini avait trouvé le réconfort dans l'alcool et la déchéance, ne vivant plus que pour se rappeler sa gloire d'antan. Il ne lui restait plus qu'à venir se saouler dans cebardès que sa pension de misère était payée et, pour finir le mois, à acheter le mauvais alcool du magasin d'en face quand il n'avait même plus d'autre choix que le plus mauvais des poisons. (...)
Là, on était en début de mois et il avait encore les moyens d'acheter du bourbon - le moins cher dubaret qu'il devait faire durer, en plus. Pourtant, Gini souffrait bien plus de la déchéance de sa nation que celle de sa personne. (...)
Peu avant la fermeture, Susie raccompagna les derniers clients vers la porte et vint prévenir Gini qu'il était temps de rentrer. Elle était en train de lui signifier son congé quand un homme entra dans lebar, chaudement enfoncé dans une redingote sombre. S'approchant de Susie et Gini, il les menaça d'un gros automatique. (...)
Bientôt, la Mesa serait à nouveau parcourue par les troupeaux de bétail de ses frères Navajos et l'homme blanc ne serait plus qu'un souvenir qui s'efface comme les traces dans le sable sont effacées par le vent. Aussi simplement.... Gini quitta lebar, laissant la porte grande ouverte derrière lui, ne craignant plus rien ni personne. Il était parti depuis moins d'une minute que de nouveaux coups de feux retentissaient dans le magasin d'alcool d'en face ... Par Romuald « Radek» Finet. (...)« Salut Cochise ! » Le vieil indien ne releva même pas la tête devant cette plaisanterie qui semblait bien faire rire son initiateur ainsi que ses deux amis. Susie Sue les observa depuis son comptoir et ne put réprimer un soupir. Elle les connaissait bien ces petits blancs-becs qui venaient s'encanailler le samedi soir à la limite de la nation Navajo. Ici à Bluff, Utah, leur statut de jeune blanc équivalait à une carte « Vous êtes libérés de prison » alors que quelques miles plus au ...