La Fae et le Rat
sur Vox Ludi au format (25.7 Mo)
Contient : nain (15)(...) Il ne s'estimait pas malchanceux pourtant, car la petite affaire qu'il avait montée avec son collègue Rogur lui permettait d'assouvir sa soif de voyage tout en leur payant de quoi manger. En s'y prenant bien, et en évitant de se laisser entraîner dans les bouges infâmes que lenainfréquentait, il parviendrait peutêtre même à mettre un peu de côté pour aider Natacha lors de sa prochaine visite. (...)
Pourtant les montagnes étaient encore loin, et la campagne du Wissenland se faisait de plus en plus sauvage à mesure qu'ils s'enfonçaient dans l'automne. « Eh l'humain ! T'as vu ? » La voix dunainle tira de sa rêverie. La route défilait toujours sous les roues du carrosse et les bois alentours étaient désormais trop sombres pour qu'il y voie quoi que ce soit. (...)
Il manquerait plus qu'il se mette à brailler, on voit que tu n'as jamais eu d'enfant. - J'en ai jamais abandonné non plus, répliqua lenain, sur la défensive. Anton haussa les épaules. Facile de critiquer sans savoir ce que Natacha lui avait fait endurer à l'époque. (...)
Elle veut pas que sa famille apprenne qu'elle a été engrossée, alors elle cache son identité et sa jolie frimousse parce qu'elle sait que les nains sont des bavards comme c'est pas permis. Lenainsoupira de dépit et ne prononça plus un mot jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent pour la nuit. Le camp fut monté dans le silence également. (...)
- Mets un peu de vin à chauffer, je reviens, dit-il, laissant Anton finir seul le sachet de fruits secs. Lenains'enfonça dans l'obscurité sans la moindre hésitation. Quelques minutes plus tard, Anton saupoudrait le vin brûlant d'une poignée d'épices prélevée dans une pochette de son sac. (...)
« Trop gros pour être normal, l'humain, je te l'avais bien dit qu'elle nous cachait quelque chose. - Tu penses que c'était un éclaireur ou une bête isolée ? Lenainne répondit pas, mais se tournant vers le carrosse, il hurla « Vous êtes une elfe, c'est ça ? ». (...)
Seuls des pleurs étouffés lui répondirent dans un premier temps, puis Anton entendit distinctement la réponse de l'étrange dame. «... pas une elfe. Non, pas une elfe. Une fée ». **** Anton n'en avait rien dit à Rogur. Lenainserait encore plus inquiet de savoir que leur employeuse était vraiment dérangée. Mieux valait le laisser penser que c'était juste une elfe. (...)
Repoussant une mèche ruisselante de ses yeux, Anton lut sur les panneaux des noms de villages qui ne lui disaient rien. Lenainémit un grognement et regardant par-dessus l'épaule d'Anton. Un gros chêne était l'hôte d'une demi-douzaine de pendus qui ruisselaient en finissant de pourrir. (...)
Il faudra vous contenter de l'abri près de la grange, je veux personne à l'intérieur. Anton se retourna pour voir ce que Rogur en pensait. Lenainhaussa les épaules, le regard sombre sous son capuchon trempé. - Mieux que rien, grogna-t-il. Le temps qu'ils fassent du feu et installent le camp, la vieille femme était de retour avec une marmite de soupe fumante et quelques quignons de pain. (...)
gronda Rogur, ils vont voir de quelle couleur est ma hache. On parlera plus tard madame, et vous aurez des choses à expliquer. Lenaincourut vers la ferme et ouvrit la porte d'un coup de pied. Il s'élança à l'intérieur alors qu'Anton parvenait seulement à se lever pour le suivre. (...)
Près de l'âtre qu'ils avaient vu fumer, Rogur examinait une silhouette décharnée sur le sol de terre battue. - Le propriétaire sans doute, fit lenain. Il est mort depuis un bout de temps. Il y a aussi des corps dans les autres pièces, toute la maisonnée massacrée. (...)
« Elle est plutôt jolie dans le genre demoiselle en détresse dérangée » n'était décidément pas un argument recevable auprès de son collèguenain. - Tu vas quand même m'aider à retrouver son gosse ? Lenaincracha en détournant la tête. Il sortit de la ferme et marcha d'un pas vif vers le campement. - Retrouve leurs traces, l'humain, la vieille n'était pas seule, mais elle doit pas se déplacer bien vite à son âge. (...)
L'un d'eux psalmodiait d'une voix gutturale et un autre se penchait sur l'autel de fortune, au-dessus d'un paquet qui devait être l'enfant de Myrhafae. Rogur n'était pas en vue. Anton ne pouvait pas attendre que lenainsorte de sa cachette. Deux contre sept, c'était du suicide, mais il fallait agir avant qu'ils tuent le petit. (...)
Le plus rapide fut fauché comme blé mûr par la hache de Rogur. Les deux suivants joignirent leurs efforts contre lenainenragé et un autre s'avança vers Anton, marteau en main, suivi de près par la vieille qui leur avait servi la soupe. (...)La forêt étalait ses nuances automnales à perte de vue, et le déclin du soleil faisait miroiter les feuilles mortes comme autant de joyaux. Anton Maren oubliait de temps à autre que cette féérie chatoyante renfermait tant de dangers. Il s'abîmait alors dans des rêveries que peu d'hommes d'armes impériaux auraient comprises. Tant de teintes et ce parfum entêtant d'humus accentué par la bruine du soir faisaient de l'automne sa saison favorite. C'était en automne que les meilleures choses ...