L'angoisse de la feuille blanche
Contient : film (8)(...) Je me souviens avoir un jour entendu Michel Gaudo répondre à un joueur qui lui avait demandé comment écrire un scénario : « d'abord, il faut avoir envie de faire quelque chose, il faut une idée ; ensuite, c'est du travail, du travail et du travail... » Cette réplique n'avait rien de provocatrice ; elle définissait pleinement toute la problématique de l'écriture d'un scénario. Au registre des citations, Gabin disait : « pour faire un bonfilm, il faut une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. » Et une bonne histoire, justement, ça ne s'improvise pas, ça se travaille... Préparez-vous donc à suer sang et eau au cours de ce long et fastidieux exercice. (...)
Mon meilleur MacGuffin (et, par meilleur, je veux dire le plus vide, le plus inexistant, le plus dérisoire) est celui de North by Northwest (NDA : La mort aux trousses). C'est unfilmd'espionnage et la seule question posée par le scénario est : « Que cherchent ces espions ? » Or, au cours de la scène sur le champ d'aviation de Chicago, l'homme de la C. (...)
Hitchcock l'a magistralement utilisé dans Psychose : on croit qu'il s'agit de la banale histoire d'une jeune femme qui se fait la belle avec un magot, mais à partir de la scène de la douche - soit après vingt minutes defilm- on comprend qu'il s'agit de tout autre chose. On trouve le même procédé utilisé de façon encore plus subtile dans Les oiseaux : alors que le sujet dufilm, par le titre même, ne fait aucun doute, Hitchcock nous montre, pendant une bonne vingtaine de minutes, le jeu de séduction auquel se livrent un homme et une femme qu'en apparence tout oppose. Dans Psychose, le chiffon rouge a pour but d'aboutir à un effet de surprise, tandis que dans Les oiseaux, il s'agit de donner une dimension émotionnelle aux personnages - règle que la plupart des scénaristes defilmcatastrophe n'utilise que très maladroitement. Le suspense : Le suspense est un moment d'attente angoissée. (...)
La catharsis : Aristote définissait la catharsis comme l'effet de purgation des passions. Umberto Eco cite une des scènes de catharsis qu'il préfère. Elle est tirée dufilmBlack day at black rock de John Sturges. Dans cefilm, le héros, un noir doux et sympathique au bras gauche paralysé, subit continuellement les pires brimades de personnages haïssables et racistes. Après une heure defilm, notre héros est provoqué par un individu odieux. Contre toute attente, il abandonne pour un instant son calme et sa gentillesse et envoie, de son bras valide, l'odieux personnage valdinguer à l'autre bout du bar où se situe la scène, pour le plus grand soulagement des spectateurs... Pour les psychanalystes, la catharsis est « une réaction de libération ou de liquidation d'affects longtemps refoulés dans le subconscient et responsables d'un traumatisme psychique. (...)Quel meneur de jeu n'a un jour tenté d'écrire ses propres scénarios ? Quel meneur de jeu n'a alors jamais connu une irrépressible angoisse face à la feuille blanche ? Ou pire, quel meneur n'a jamais ressenti, après des jours voire des semaines d'un labeur exténuant, le sentiment que ce qu'il proposait à ses joueurs était loin de tenir la route ? C'est un lieu commun, mais il faut pourtant le répéter : Maléfices est un jeu de rôle qui a ses exigences. Si vous voulez rester fidèle à l'esprit du ...