Constantinople
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Contient : histoire (36)(...) Il y a du vrai dans cette conception: dans l'évolution qui mène à travers quinze siècles du princeps au dernier basileus , on discerne bien des mutations plus ou moins brusques, mais jamais de véritables ruptures. Au XVIIIe siècle, on ne voyait dans l'histoiregrecque du Moyen Age que l'interminable prolongement d'une décadence commencée avec le Bas-Empire. (...)
Cette monarchie orientale et romaine, fortement centralisée, profondément chrétienne, centrée sur le domaine grec, n'apparaît pleinement constituée que sous Héraclius. Mais il est légitime d'en faire remonter l'histoireà l'époque où la séparation définitive des deux parties de l'Empire constantinien, après la mort de Théodose Ier (395), va mettre les souverains de Byzance aux prises avec des problèmes propres à la pars orientalis , problèmes qui les amèneront, comme malgré eux, à transformer l'Etat romain en Etat byzantin. (...)
Appliqué à la littérature, le terme « byzantin » désigne les oeuvres d'expression grecque de l'époque byzantine. Si l'on peut clore l'histoirede cette littérature à la chute de Constantinople, le début en est plus difficile à déterminer. (...)
Mais, d'autre part, par la nécessité d'être comprise de tous, l'Eglise a atténué les effets fâcheux de l'érudition et de la rhétorique sur l'expression littéraire. Si la philosophie est surveillée par l'Eglise, la rhétorique, l'histoire, voire la poésie profane, sont plus ou moins placées sous la coupe du pouvoir civil qui les utilise volontiers pour sa propagande. (...)
C'est pourquoi l'autorité politique de la Cour se double, surtout aux périodes d'expansion, d'une influence littéraire, fort différente d'un pur mécénat; cela se voit à l'importance que prennent à Byzance l'éloquence d'apparat, oraisons funèbres ou éloges impériaux (c'est là une forme du culte impérial), et l'histoire, dont le rôle est de célébrer à la fois des fastes des souverains et la mission civilisatrice de l'Empire chrétien. (...)
La survie de cet Etat à travers une si terrible crise étonnait les philosophes français du XVIIIe siècle, et même un Montesquieu, d'ordinaire plus perspicace et mieux informé, ne voyait dans l'histoirebyzantine qu'« un tissu de révoltes, de séditions et de perfidies ». Elle est due, sans doute, aux forces vitales que l'Empire gardait encore en lui, mais aussi à une double chance. (...)
Le siège, mené à la fois par terre et par mer, dura quatre ans (674-678) et se termina par la défaite complète de l'assaillant, grâce au feu grégeois qui fait ici son apparition dans l'histoire. Cette victoire, comparable à celle de Poitiers, interdit définitivement aux Arabes l'accès de l'Europe par l'Orient; mais elle fut payée d'un affaiblissement du front balkanique, où venait d'apparaître un ennemi bien plus dangereux que les Slaves: le peuple bulgare. (...)
Le successeur d'Alexis, Jean II, est une des plus grandes figures de Byzance, autant par ses qualités d'homme d'Etat que par sa valeur morale, assez rare chez les empereurs grecs. Il rendit la sécurité aux Balkans en écrasant les Petchenègues, qui dès lors disparurent de l'histoire(1122), en imposant sa souveraineté aux Serbes de Rascie et en refoulant les Hongrois. En Orient, ses succès furent plus grands encore: il profita des divisions entre les Etats seldjoukides pour reconquérir toute la côte nord de l'Asie Mineure ainsi que la partie sud-ouest, de Laodicée à Attalia. (...)
Les Paléologues et la chute de Byzance (1261-1453) : En faisant aveugler le petit Jean IV, héritier légitime des Lascaris, Michel VIII installait à Byzance une dynastie qui devait durer jusqu'à la fin de l'Empire. L'histoirede cette dynastie comporte deux parties: les vingt ans de règne de Michel VIII lui-même, qui semblèrent inaugurer une nouvelle période de puissance et de grandeur pour l'Empire, et une décadence de près de deux siècles qui aboutit à sa disparition définitive. (...)
), biographe de saint Sabas et des grands abbés de Terre sainte, qui, par le sérieux de sa documentation, fait figure de véritable historien. L'histoire: L'histoireest en grand honneur dès les premiers siècles de Byzance, où elle se partage en deux genres bien distincts. D'un côté, on a les historiens proprement dits, qui limitent leur sujet à l'époque contemporaine et mettent en oeuvre avec intelligence, sinon toujours avec objectivité, une documentation de première main, dans la grande tradition des historiens classiques, dont le souvenir imprègne jusqu'à leur langue. (...)
D'autre part, les chronographes, plus moralistes qu'historiens, s'adressent à un public populaire qu'ils prétendent édifier en retraçant - sans aucune critique, bien entendu - l'histoirede l'humanité depuis Adam, et en s'attachant surtout aux événements frappants: pestes, éclipses, séismes, naissances de monstres, etc. (...)
La littérature de ce temps, essentiellement religieuse et surtout monastique, intéresse donc plutôt l'histoirede l'Eglise byzantine. L'orthodoxie est défendue contre le monothélisme par Sophronios de Jérusalem (mort en 638) et Maxime le Confesseur (582 env. (...)
Ce qui nous en reste, notamment le traité De l'administration de l'Empire , le traité Des thèmes , surtout le Livre des cérémonies , est très précieux pour l'histoiredes institutions et de la société byzantines. C'est certainement à l'impulsion donnée par Contantin VII à la compilation érudite que l'on doit des ouvrages comme le Lexique de Suidas (ou la Souda) , la nouvelle Anthologie , réunie vers 900 par le poète Constantin Képhalas et dont une seconde édition sera l'Anthologie palatine , ou le vaste recueil hagiographique de Syméon Métaphraste (Xe-XIe s.), qui rhabille de rhétorique moralisante les anciennes vies de saints. L'histoireaussi subit l'influence de Constantin VII; mais c'est parce que celui-ci met les historiens au service de la propagande impériale: c'est le cas des « continuateurs de Théophane », parmi lesquels Constantin VII lui-même, auteur d'une Vie de Basile Ier , et de Joseph Génésios, qui écrit quatre Livres des Rois (de Léon V à Basile Ier); leur objectivité est évidemment sujette à caution. (...)
Sous le règne de Michel III, on trouve encore une chronique très représentative du genre, celle de Georges Hamartôlos ou Georges le Moine. Mais, après lui, la chronographie tend à se rapprocher de l'histoireparce qu'elle cesse d'être un genre monastique. L'Eglise des IXe-Xe siècles, après la victoire des moines orthodoxes sur le haut clergé iconoclaste, tend, en effet, à se replier intellectuellement sur elle-même. (...)
De grands historiens : Le genre historique n'a jamais eu plus d'éclat que sous les derniers Macédoniens et les Comnènes; il est presque toujous cultivé par de hauts personnages ou des gens qui ont vu de très près les événements tel Michel Attaliate, qui écrit l'Histoiredes années 1034-1079 dans un style fleuri et pompeux qui sent encore le siècle de Constantin VII. (...)
Avant lui, Michel Psellos avait écrit vers 1060 une Chronographie d'une grande valeur littéraire, remarquable par le choix qu'il a su faire des événements essentiels, la pénétration psychologique et l'art des portraits. Nicéphore Bryennios (1062 env.-1138), gendre d'Alexis Ier, a laissé uneHistoireinachevée des années 1070-1074, très bien informée, dans un style sec consciemment imité de Xénophon. (...)
-après 1183) dont l'Epitomê du règne de Manuel Ier s'intéresse un peu trop exclusivement aux événements militaires, et Nicétas Choniatès (mort en 1210), historien profond, objectif, capable de grandes vues d'ensemble et assez porté au style oratoire. La chronographie, en tant que genre distinct de l'histoire, ne dépasse pas le siècle des Comnènes. Elle n'est d'ailleurs plus le monopole des moines: Jean Skylitzès (mort à la fin du XIe s. (...)
On essaie aussi de varier le genre avant de l'abandonner définitivement. Jean Zonaras (mort en 1050) donne à son Epitomê l'ampleur d'unehistoireuniverselle. Michel Glykas (XIIe s.) truffe sa Chronographie de digressions sur la théologie ou l'histoirenaturelle. Constantin Manassès (première moitié du XIIe s.) rédige la sienne en vers politiques (vers de quinze syllabes), ce qui lui assure d'emblée un grand succès populaire; il a même été traduit en slave. (...)
En ce siècle de transition, les lettrés réfugiés à Nicée y apportent le goût néo-attique des Comnènes, leur passion de rhétorique, leur conception très évoluée de l'histoire; chez les moines, l'évolution de la mystique vers l'hésychasme s'accentue. Mais on voit aussi paraître des éléments nouveaux qui annoncent l'âge des Paléologues et notamment un renouveau d'intérêt pour les sciences exactes et les sciences de la nature. (...)
Son disciple Nicéphore Grégoras (1295-1360), adversaire malheureux de l'hésychasme, fut aussi un homme de grand savoir et un astronome, qui préconisa avec deux siècles d'avance la réforme du calendrier (De la date de Pâques ); Grégoras, en plus, est historien. SonHistoireromaine en trente-sept livres, désordonnée mais de vaste conception, est importante pour l'histoirede l'hésychasme. Toute cette école est divisée par une querelle de rhéteurs - c'est l'époque où la rhétorique envahit tout - entre les tenants de l'atticisme (ou de ce qu'on prend alors pour l'atticisme) et de l'imitation des Anciens, tels que Choumnos, et les « Modernes » comme Métochite, dont la manière, semble-t-il, était plus exubérante et passionnée. (...)
Les ouvrages qui ont le plus d'intérêt à ce dernier point de vue sont, en poésie, les Hymnes à la Mère de Dieu , de Nicéphore Callistos Xanthopoulos (mort vers 1350), connu aussi comme historien ecclésiastique; en prose, l'Histoirede l'ex-empereur Jean VI Cantacuzène (1292 env.-1383 env.), dont la relative simplicité de style est rare pour l'époque. (...)
Le mouvement scientifique est représenté par des philologues comme Thomas Magister, des astronomes comme Théodore Méliténiote, des médecins: au XIIIe siècle Nicolas le Myrepse, dont le traité Des médicaments servit de codex à Paris jusqu'au XVIIIe siècle; au XIVe, Jean l'Actuaire, précurseur de la psychiatrie (Sur les effets normaux de l'esprit animal et sur son comportement ). Un dernier éclat : L'histoirereligieuse du XIVe siècle est, comme on le sait, dominée par le mouvement hésychaste, qui appartient à l'histoireecclésiastique plutôt qu'à l'histoirelittéraire. On notera cependant que la querelle soulevée par cette doctrine, purement mystique et monastique à l'origine, eut de profonds échos dans le monde intellectuel comme dans le monde politique: au grand théologien de l'hésychasme, Grégoire Palamas (1296 env.-1360 env. (...)
Deux d'entre eux l'ont racontée en patriotes: ce sont Doukas (Chronique des années 1341-1462) et Georges Phrantzès (1401-1478), ancien secrétaire de Manuel II (Chronique des années 1413-1477); tous deux, surtout le premier, écrivent dans une langue proche de la langue parlée. Laonicos Chalcocondyle, au contraire, prend pour centre de sonHistoiredes années 1298-1463 le peuple turc, et Critoboulos d'Imbros, en sonHistoirede Mahomet II , se fait l'historiographe du vainqueur; tous deux - chose sans doute significative - écrivent dans une langue archaïsante. La littérature romanesque en langue vulgaire semble - pour autant du moins qu'on en puisse dater les productions - abondante au XIVe et au XVe siècle. (...)
Même le thème du Roman de Bélisaire est venu d'Occident. Il faut enfin signaler, à mi-chemin entre l'histoireet la chanson de geste, une chronique en vers politiques, sans valeur littéraire du reste, la Chronique de Morée , récit de la conquête franque du Péloponnèse et de la vie de la principauté jusqu'en 1292; elle a été rédigée par un « gasmoul », demi-franc et demi-grec. (...)
C'est au IVe siècle, avec la Paix de l'Eglise et le transfert de la capitale de l'Empire romain sur les rives du Bosphore, que commence l'histoirede l'art byzantin, art qui doit certaines de ses caractéristiques les plus essentielles aux structures politiques et religieuses de cet empire autocratique et chrétien. Tout au long de l'histoirede Byzance, art impérial et art religieux resteront étroitement liés, conséquence de la conception théologique du pouvoir: l'empereur tient son autorité de Dieu, qu'il représente sur terre, et la majesté terrestre n'est que le reflet de la majesté céleste. (...)
), on ne possède qu'un très petit nombre d'ouvrages littéraires (L'Iliade , Le Roman d'Alexandre de Pseudo-Callisthène) et de chroniques historiques (le Skylitzès de Madrid, daté aujourd'hui du XIIe siècle, la Chronique de Constantin Manassès, dans sa traduction bulgare, au Vatican, vers 1345) qui soient illustrés de miniatures. Il n'est guère possible de retracer l'histoirede l'enluminure à l'époque paléochrétienne: les manuscrits parvenus jusqu'à nous sont trop peu nombreux et de styles trop hétérogènes (cf. (...)
Ils furent, en effet, utilisés avec prédilection pour les objets de parure (bracelets, boucles d'oreilles, insignes du pouvoir), les objets de culte (icônes, croix, reliquaires, reliures, sertissures de calices ou de patènes, ornements des vêtements liturgiques), le mobilier d'église (autels, iconostases) et le décor des palais. Ils constituaient aussi des présents particulièrement appréciés des princes barbares. L'histoirede l'émaillerie protobyzantine reste mal connue, car les pièces conservées sont peu nombreuses (portrait en médaillon de l'impératrice Eudocie au cabinet des Médailles à Paris, Ve s. (...)
L'essor de la broderie religieuse se poursuivra à l'époque postbyzantine, en Grèce, en Roumanie et dans les pays slaves. Perspectives nouvelles de la recherche en archéologie et enhistoirede l'art L'incessant apport de l'archéologie et des monographies relatives à des monuments, des sites ou des régions de l'empire byzantin a rendu souvent caducs les schémas et les classifications hérités des premiers historiens de l'art byzantin. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...