Sarah de Lindt
sur Eric Christ au format (160 Ko)
Contient : père (7)(...) Le 25 décembre 1992, à 23h34, il neigeait quand la limousine noire où était la famille De Lindt dérapa sur la neige du pont et bascula par dessus la rampe de sécurité, plongeant dans l'Hudson. La mère de Sarah mourut sur le coup, ainsi que le chauffeur. Emmenée à l'hôpital avec son grand-père, sonpèreet sa soeur, Sarah était dans le coma durant lequel elle vit sa vie aux côtés de sa soeur, leurs deux vies se confondant et se mélangeant à travers les yeux d'Emma. Sarah la vit grandir et rencontrer ses premiers amours. (...)
Avec elle, Sarah avait perdu tout goût pour la vie. Plus rien n'eut d'importance. Sarah se rebiffa contre sa famille (sonpèresurtout, qui se remaria), contre l'école pour privilégiés qu'elle fréquentait. D'une certaine manière, seul le souvenir de sa soeur comptait encore. (...)
Elle dit: 'Dieu est l'Unique, et il est tellement parfait qu'il n'est semblable à aucune des choses qui sont et à aucune des choses que ne sont pas; tu ne peux pas le décrire en usant de ton intelligence humaine, comme s'il était quelqu'un qui se met en colère si tu es méchant ou qui s'occupe de toi par bonté, quelqu'un qui aurait bouche, oreilles, visage, ailes ou qui serait esprit,pèreou fils, pas même de soi-même. De l'Unique, tu ne peux dire qu'il est ou qu'il n'est pas, il embrasse tout mais il n'est rien; tu peux le nommer simplement à travers la dissemblance, parce qu'il est inutile de l'appeler Bonté, Beauté, Sapience, Amabilité, Puissance, Justice, ce serait la même chose que de le dire Ours, Panthère, Serpent, Dragon ou Griffon car, quoi que tu en dises, cela ne l'exprimera jamais. (...)
Donc, Sarah s'auto-déteste et cela lui donne des pulsions suicidaires, d'autant plus qu'elle imaginait rejoindre ainsi sa soeur et faire chier sonpèreen se tuant. Cependant, depuis qu'elle a appris que sa soeur était vivante et comme elle la ressent en elle par le biais de ce lien très fort, sa vision change. (...)
Elle avait côtoyé la saleté, le vice, la solitude des gens au regard vide et hagard, les corps souillés par milles maladies dont certaines étaient relâchées volontairement par des gens du gouvernement disaient les rumeurs et les fous; les 'scientifiques' étaient accablés de tous les maux et Sarah, qui avait vu l'accouchement d'un enfant difforme dans une ruelle crade, la mère étant une junkie paumée, lepèreétant mort d'une OD, commençait à croire en ces 'fous,' se demandant qui étaient les fous, eux ou les gens 'normaux' qui vivaient dans un aveuglement complet. (...)
Le soir, pour gagner un peu d'argent, elle dansait, nue (elle avait fini par l'accepter, ça rapportait bien plus), pour vivre, elle aussi. Sonpère... s'il la voyait. Il ne la reconnaîtrait plus. D'ailleurs, ne l'avait-il jamais reconnu? Il la cherchait. (...)Héritière de l'empire Lindt & Sprügli, Sarah a grandi dans une ambiance de conformisme rigide. Belle, intelligente, on lui destinait tout - la tête de l'entreprise, les honneurs, l'attention - sauf une chose, l'amour. Sarah reporta tout le sien vers sa petite soeur, Emma, qu'elle adorait et qui lui ressemblait tant. Le 25 décembre 1992, à 23h34, il neigeait quand la limousine noire où était la famille De Lindt dérapa sur la neige du pont et bascula par dessus la rampe de sécurité, plongeant dans ...