Le journal de Tristan : Prime enfance
Lycia trouva l'Ombre appropriée à la vie dont elle rêvait tant, pour elle et sa future famille. Quand à Ambre il s'écoulerait une heure, là il s'écoulerait quinze ans. L'enfance de Tristan et Levon se passa au milieu de collines entrecoupées de plaines verdoyantes, près d'un vaste lac et d'une forêt touffue, sans âme qui vive aux alentours. Ixaani construisit lui-même pierre par pierre la bâtisse qui leur servirait de demeure jusqu'à ce que leurs enfants soient suffisamment grands. Dix années entières ...Contient : voix (7)(...) Je ne saurais pas le dire... Maman veillait toujours sur nous avec une tendre vigilance. C'est elle qui nous lisait les histoires que recelaient les livres à la maison, sa doucevoixnous accompagnant aux portes du sommeil. C'est elle aussi qui nous apprit à lire comme nous avions à peine cinq ans, un soir que j'avais absolument voulu comprendre et lire les lettres calligraphiées sur le papier. (...)
C'est une de mes lectures qui fut à l'origine de mon premier cauchemar dont je me souviens parfaitement : j'étais prisonnier dans un endroit sombre au milieu d'une forêt oppressante. Bien que je ne le voulais pas et que je détestais cette situation, je criai d'unevoixabsurde que je voulais rester prisonnier ici. L'angoisse, que me procura ce paradoxe dont j'étais prisonnier, mit beaucoup de temps à disparaître. (...)
C'est lorsque nous touchâmes la couronne que je ressentis comme un contact d'Atout. Curieux de connaître l'origine de ce contact, j'avais accepté. Unevoixcaverneuse me murmura alors ces mots inquiétant : ' Fils d'Ambre, si tu veux survivre, tu devras te débarrasser de ton ombre.' Choqué, je sommai la personne de s'identifier et c'est alors que lavoixme rétorqua : ' Je suis devant toi et nous serons peut-être un jour amenés à être réunis. Mais ton ombre sera ton obstacle. (...)
Le contact se rompit brutalement et Levon s'enfuit précipitamment. Papa courut le rejoindre pendant que je restai seul, hébété avec maman. Je lui révélai qu'unevoixm'avait parlé et m'avait fait peur. Elle me confia que c'était la couronne qui m'avait parlé et que peu de personnes étaient au courant de ce pouvoir. (...)
C'était la première fois qu'un animal nous parlait. Il y avait beaucoup de force et d'autorité dans savoix. Il nous reprocha de nous être baigné alors que nous n'avions pas l'autorisation de tous les habitants de ce lieu. (...)
Ce n'est que plus tard que j'appris son nom, Dworkin, un des ancêtres de la famille. D'une seule phrase prononcée volontairement à hautevoix, il avait fait peser une atmosphère d'inquiétude sur toute la famille royale d'Ambre. J'avais moi aussi et plus particulièrement de par mon sang été imprégné par sa sourde menace. (...)